L'acteur flottant, invisible, rusé:
L’acteur flottant est un concept crée par Yoshi Oida, qui se considère lui-même comme un acteur flottant, tout d’abord c’est un homme qui a beaucoup voyagé, il est allé en Europe, Afrique, Proche-Orient, et leurs cultures,ont transformé la vision très orientale de Yoshi Oida.
Donc le principe de l’acteur flottant est le fait de mixer ses différentes cultures, expériences et vécus, qui font de nous la personne que nous sommes, afin de jouer et de s’adapter aux différents jeux. Donc à force d’avoir voyagé, il a acquis beaucoup de savoirs et cela a perfectionné son jeu d’acteur.
On dit : « Yoshi est un voyageur de l’espace et du temps, Il relie le passé à l'avenir, l'Est à l'Ouest. Son esprit flotte librement, mais en tant qu'artiste, il est ici et maintenant. » Yoshi a joué uniquement à l’extérieur de son pays natal. Il mélange donc sa culture avec les autres pour jouer.
Selon lui, un acteur flottant doit pouvoir jouer d'un point de vue qui lui est extérieur; il doit apprendre à voir et à consolider son interprétation à partir du point de vue du public et de la perception qui lui est propre. D’où pour lui l’importance d’observer les différents types de personne et leur culture. Selon lui, la concentration de l'acteur est aussi une question primordiale, puisqu'elle se pose dès le début de la formation de tout acteur. La concentration exige un entraînement comme le corps mais une fois parfaitement maîtrisée, on doit apprendre à relâcher sa concentration pour la libérer, car si on se concentre trop, on perd en naturel et en liberté. Et également on doit lire un texte sans avoir aucune idée préconçue. Il n'est pas suffisant, bien entendu, de dire les mots à haute voix. Il faut se faire réceptifs aux sensations que ces mots évoquent à l'intérieur de soi, savoir les écouter et les reconnaître. Il faut donc que les mots nous inspirent quelque chose et ressentir les mots à partir de notre vécu et nos propres aventures.
Buttard Ondine
L’acteur pneumatique : Novarina.
Flavie
Cette notion est décrite dans la « lettre aux acteurs » de Valère Novarina en 1974 pendant les répétitions de « l’atelier volant ». Il l’écrit lorsque sa première pièce va être mis en scène.
L’acteur pneumatique : aller au bout du souffle lorsqu’on dit la finale : qu’on ait plus d’air lorsqu’on arrive au point de la phrase. Il ne faut pas découper ses phrases en soulignant les mots importants, mais se lancer dans cette expiration comme si on tombait en chute libre. Pour « souligner » les mots importants il faut que ça parte du ventre pour accentuer ce mot, comme si on crachait notre texte, qu’on le vomissait.
Lorsqu’on joue il faut que tout notre corps soit impliqué : le jeu est fatiguant, tout est sollicité, ce n’est pas une balade de santé. La parole active le corps, il réagit à ce qui est dit, mais ce n’est pas un travail intelligent.
Il faut trouver la rythmique, les mouvements du texte, en mettant du corps dans le travail
Extrait de Lettre aux acteurs
J’écris par les oreilles. Pour les acteurs pneumatiques.
Les points, dans les vieux manuscrits arabes, sont marqués par des soleils respiratoires… Respirez, poumonez ! Poumoner, ça veut pas dire déplacer de l’air, gueuler, se gonfler, mais au contraire avoir une véritable économie respiratoire, user tout l’air qu’on prend, tout l’dépenser avant d’en r’prendre, aller au bout du souffle, jusqu’à la constriction de l’asphyxie finale du point, du point de la phrase, du poing qu’on a au côté après la course.
Bouche, anus. Sphincter. Muscles ronds fermant not’ tube. L’ouverture et la fermeture de la parole.
Attaquer net (des dents, des lèvres, de la bouche musclée) et finir net (air coupé). Arrêter net. Mâcher et manger le texte. Le spectateur aveugle doit entendre croquer et déglutir, se demander ce que ça mange, là-bas, sur ce plateau. Qu’est-ce qu’ils mangent ? Ils se mangent ? Mâcher ou avaler. Mastication, succion, déglutition. Des bouts de texte doivent être mordus, attaqués méchamment par les mangeuses (lèvres, dents) ; d’autres morceaux doivent être vite gobés, déglutis, engloutis, aspirés, avalés. Mange, gobe, mange, mâche, poumone sec, mâche, mastique, cannibale ! Aie, aie !… Beaucoup du texte doit être lancé d’un souffle, sans reprendre son souffle, en l’usant tout. Tout dépenser. Pas garder ces p’tites réserves, pas avoir peur de s’essouffler. Semble que c’est comme ça qu’on trouve le rythme, les différentes respirations, en se lançant en chute libre. Pas tout couper, tout découper en tranches intelligentes, en tranches intelligibles – comme le veut la diction habituelle française d’aujourd’hui où le travail de l’acteur consiste à découper son texte en salami, à souligner certains mots, les charger d’intentions, à refaire en somme l’exercice de segmentation de la parole qu’on apprend à l’école : phrase découpée en sujet-verbe-complément d’objet, le jeu consistant à chercher le mot important, à souligner un membre de phrase, pour bien montrer qu’on est un bon élève intelligent – alors que, alors que, alors que, la parole forme plutôt quelque chose comme un tube d’air, une colonne à échappée irrégulière, à spasmes, à vanne, à flots coupés, à fuite, à pression.
Le comédien désincarné de Louis Jouvet ( Fiorelle)
Le Comédien désincarné est un recueil de textes de Louis Jouvet écrits entre 1939 et 19501 sur l'art du comédien et publié à titre posthume en 2009.
Louis Jouvet : Immense acteur des années 1950, professeur au conservatoir.e
Le recueil se divise en 6 chapitres :
Vocation
Comportement de l'Acteur
Divagations du comédien ; Le personnage de théâtre
Texte et jeu
Intuition
Les actes du théâtre
Souligner le paradoxe de la formule et la distinction acteur/comédien
Intro :
- Le théâtre est fait pour apprendre aux gens qu’il y a autre chose que ce qui se passe autour d’eux, que ce qu’ils croient voir ou entendre, qu’il y a un envers à ce qu’ils croient l’endroit des choses et des êtres, pour les révéler à eux-mêmes, pour leur faire deviner qu’ils ont un esprit et une âme immortels.
- Être en disponibilité pour la poésie, l’esprit, , la métaphysique.
Vocation :
- Se dramatiser soi-même et ce qui nous entoure : comprendre pourquoi on aime, pourquoi on souffre… remonter aux causes
- Sortir de soi-même, se distancer de sa personne> Diderot : Le paradoxe du comédien (ex ne pas faire comme Dominique Blanc dans Phèdre)
Comportement de l’acteur :
- Nécessité d’être dans le paraitre
- Souci de l’attitude et de l’impression d’autrui par rapport à notre jeu
- Fuite constante : on se réfugie dans n’importe qui d’autre que soi (devenir cabotin : vouloir se mettre en valeur lui-même)
Toujours changer, toujours être obligé par une nouvelle opération, désintégration ou amplification de soi, dépossession, repossession
Mise à l’épreuve du comédien: accepter les doutes, les ratages, les remarques...
Le théâtre est l’imitation d’un geste divin
Le rôle doit servir à se désincarner de soi-même. Ce n’est que dans cet état qu’on atteint au personnage. Le comédien ( théâtre) atteint au personnage par un effort de sensibilité et de spiritualité// l’acteur (cinéma), lui, ne se désincarne jamais.
Se sentir le personnage pour l’acteur est exceptionnel et grave de conséquences
Désincarnation : Sans chair
Comédien désincarné : Le comédien n’est pas le personnage, il ne faut pas s’identifier à lui.
Monsieur Jouvet émission de radio