Voici une version pour la radio dirigée par Daniel Mesguich qui a monté Hamlet à peu près tous les 10 ans.
http://fictions.franceculture.fr/emission-fictions-theatre-et-cie-hamlet-2012-10-14
En 1977, répondant à l’invitation de Georges Lavaudant et Gabriel
Monnet, alors codirecteurs du Centre dramatique national des Alpes,
Daniel Mesguich mettait en scène à Grenoble l’oeuvre la plus célèbre et
la plus travaillée du répertoire théâtral occidental. A bien des égards,
ce devait être là un évènement fondateur de son parcours.
Pour
la première fois, Daniel Mesguich jouissait d’une véritable production
pour mettre en scène un grand spectacle où tous les postes étaient tenus
par des professionnels. Pour la première fois apparaissait dans le
décor un théâtre dur sur le plateau, une scène sur
une scène.
Outre
qu’il fut autant admiré que décrié, le spectacle, qui fut ensuite
repris à Nanterre dans le cadre du Festival d’Automne, affermissait les
premières armes forgées par les spectacles précédents, et en affûtait de
nouvelles, jaillies du fonds inépuisable de l’ « écriture- Shakespeare
», tant et si bien qu’on peut presque l’identifier avec toute l’aventure
du Théâtre de Miroir et Métaphore.
Daniel Mesguich a souvent dit
qu’Hamlet avait mis en scène la plupart de ses spectacles. Du reste,
Shakespeare ne l’a plus quitté depuis, et, en 1986, au Théâtre Gérard-
Philippe de Saint-Denis, il a présenté une deuxième version d’Hamlet.
En 1996, une troisième version de Hamlet voit le jour à La Métaphore de Lille.
Aujourd’hui,
je remonte Hamlet. « …C’était une très excellente pièce, aux scènes
bien équilibrées, fortes, simples autant que fort ouvragées. Je me
souviens avoir entendu dire que chacune de ses lignes était savamment
préparée… »
C’est Hamlet qui dit cela aux comédiens de la cité à
propos d’une pièce jouée jadis. Cela pourrait être dit d’Hamlet. Que
chacune de ses lignes soit savamment préparée, de cela on peut être
certain, et chaque nouvelle lecture les fait plus savantes encore. On
n’en a jamais fini avec Hamlet, c’est comme un fleuve gros de l’infinité
des sens, et aujourd’hui je le remonte.
Depuis que je l’ai mis
en scène la première fois, Hamlet, spectre de toutes les pièces du
monde, n’a cessé de hanter tous mes travaux. Il y a plus de quarante
ans, je disais : « Ce qu’il faudrait, ce serait remonter Hamlet tous les
dix ans. » Non pas dans le vain espoir d’en finir un jour, mais pour se
mesurer. Non à lui, mais à nous-mêmes. Un duel encore, mais celui-ci
n’est pas meurtrier. C’est d’amour dont il s’agit. Oui. Je remonte
Hamlet.
Daniel Mesguich