Pour mieux
observer et analyser un spectacle
Conditions du spectacle
Soyez attentif au lieu de représentation et au public.
Le théâtre
On ne monte pas les mêmes spectacles, on ne « lit » pas
les pièces de la même façon dans le quartier du Palais-Royal (où se trouve la
Comédie Française), au Théâtre de Gennevilliers (situé au-dessus du marché), à
la Cartoucherie de Vincennes, aux Bouffes du Nord, sur les Boulevards, dans la
Cour des Papes à Avignon, ou au théâtre de la Huchette au milieu des
restaurants grecs, etc.
La
pièce se jouant à deux équipes, le « terrain » des spectateurs est aussi à
considérer : salle à l’italienne, théâtre en rond, fixe, mobile ; fauteuils de
velours ou banquettes de bois, etc.
Le public
La composition sociale du public peut avoir son
importance : âge, vêtements... et ses réactions : rires, silences,
applaudissements, bruits, retards, départs anticipés, rappels...
Notion
de parti-pris du metteur en scène
Généralement,
le metteur en scène choisit de monter la pièce, et choisit les acteurs.
Bien
souvent, il fait un travail de dramaturge : il fait une lecture
personnelle de la pièce, conduit des recherches historiques, lit beaucoup...
Il
dirige le travail de préparation du spectacle (lecture à la table, choix des
décors, costumes, lumières, musiques, bruitages, direction des acteurs...).
Parfois,
il prend certaines libertés avec le texte : il traite les didascalies à sa
manière, emplit quelques « trous » du texte, ajoute ou supprime quelques
figurants...
Vous
percevez qu’il a un rôle primordial dans la création. Aussi, on vous demande de
centrer votre travail sur ce qu’on appelle le(s) parti(s)-pris
du metteur en scène. C’est-à-dire le sens qu’il veut donner à la pièce telle
qu’il la présente.
Par
exemple, on a pu voir des mises en scène du Tartuffe de Molière, très
différentes en fonction des partis-pris choisis. Ariane Mnouchkine, au Théâtre
du Soleil, avait un parti-pris politique : critique des intégrismes actuels.
Jean-Pierre Vincent, au théâtre des Amandiers de Nanterre, a tiré la mise en
scène vers la farce pour mieux mettre en évidence la folie d’Orgon, et le
danger que sa crédulité fait courir à sa famille.
- Identifiez
le(s) parti(s)-pris : le spectacle est-il réaliste ? onirique ? violent ?
poétique ? actuel ? burlesque ? anachronique ? féerique ? froid ? comique ?
convivial ? etc.
- Justifiez
le(s) parti(s)-pris :
Pourquoi
(à votre avis) le metteur en scène a-t-il pris ce(s) parti(s) ?
Qu’est-ce
que le metteur en scène a voulu dire, en montant la pièce de cette manière ?
En
quoi cela est-il intéressant aujourd’hui ?
Y
a-t-il un engagement politique, artistique ?
Etc.
Il est
intéressant que vous donniez aussi votre avis personnel, que vous indiquiez si
vous êtes en accord ou en désaccord avec le metteur en scène, et pourquoi.
L’étude des partis-pris doit guider l’ensemble de votre
réflexion.
Points d’appui de votre analyse
Pour vous aider à structurer votre travail d’analyse,
nous vous proposons quelques éléments de mise en scène que vous pouvez étudier.
Il
n’est pas nécessaire de « passer en revue » tous ces points. L’ordre proposé
n’a rien d’obligatoire non plus : à vous d’organiser votre écrit comme vous
l’entendez.
Décors et scénographie
On étudiera les « décors » par eux-mêmes (le mot seul
connote une esthétique) : matériaux, couleurs, éléments de situation
historique... Tout cela peut évoluer, raconter quelque chose au long du
spectacle.
Et on
s’intéressera au rapport entre l’espace du public et celui du jeu, au rapport
entre ce qui se passe sur scène et ce qui se passe en coulisses et dans la
salle, aux parcours obligés qu’impose aux acteurs le dispositif scénique (monter/descendre,
entrer/sortir, etc.).
Costumes
Les costumes peuvent être une manière de dater la
fiction, l’histoire représentée, mais ils sont rarement « réalistes ». On peut
souvent relever des anachronismes volontaires. Et les costumes ont la plupart
du temps une valeur symbolique (couleurs, forme, richesse du tissu...).
Objets
Certains objets sont indiqués dans le texte et semblent
indispensables ; d’autres sont ajoutés par le metteur en scène : parmi eux, il
en est qui font sens et d’autres qui sont redondants ou purement ornementaux.
Dans la mise en scène de La Leçon de Ionesco par Marcel Cuvelier, on ne
voit pas le couteau qui tue l’élève mais on voit son petit cartable (qui n’est
pas indiqué dans le texte) ainsi que celui de la précédente victime.
Lumières
On pourra étudier l’importance quantitative des
lumières, les couleurs utilisées, les effets, l’ambiance et le rythme donné à
l’ensemble du spectacle...
Matière sonore
On distinguera la musique proprement dite
(enregistrée ou jouée en direct ; dont l’exécution est visible ou en « off » ;
reprise de morceaux connus ou de composition originale), des bruitages
(imitation de bruits : galop de cheval, cris de mouettes, etc.) et des sons
(tirés le plus souvent aujourd’hui de synthétiseurs qui peuvent souligner
certains passages comme le fait parfois la musique de film, ou imiter des
bruitages de façon volontairement ambiguë).
La performance des acteurs
C’est ce qui est le plus largement retenu aujourd’hui
dans un spectacle. Certains acteurs dans certains spectacles de théâtre sont
même applaudis à leur entrée en scène... L’influence du cinéma et du « showbiz
» y est certainement pour quelque chose, mais au siècle dernier déjà des valets
de pied annonçaient l’entrée en scène de Sarah Bernhardt. Il n’est pas facile
de reconnaître ce qui revient à l’acteur et ce qui revient au metteur en scène.
On distinguera le jeu individualisé du jeu d’équipe (voir les matchs de foot),
le physique des acteurs, leur maquillage (voici un autre « auteur » : celui des
maquillages et des éventuelles perruques), leur voix (sa force, son timbre,
l’articulation...), leur gestuelle... Pour ce qui est de la distribution des
rôles (rapport des acteurs entre eux : physique, taille, âge, etc.), il faut renvoyer
au metteur en scène.
En
tout cas, il ne s’agit pas ici de distribuer des bons ou mauvais points aux
acteurs, mais d’essayer de voir quel « type de jeu » ils pratiquent, et comment
ce type de jeu s’inscrit dans la mise en scène d’ensemble.
Encore quelques conseils...
Votre écrit passera forcément par une description
de certains éléments de mise en scène, et pourra éventuellement résumer
l’histoire (ce qu’on appelle la fable).
Mais
ce travail descriptif n’est pas suffisant, puisqu’on vous demande une analyse
du spectacle. A vous d’expliquer en quoi les éléments que vous avez décrits
permettent de comprendre ce que le metteur en scène a derrière la tête.
De
même, se contenter d’écrire « J’ai aimé » ou « Je n’ai pas aimé » n’est pas
intéressant. Expliquez pourquoi vous avez aimé ou détesté ce spectacle.
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