FEYDEAU PAR
LUI-MÊME
«Je
remarquai que les vaudevilles étaient invariablement brodés sur des trames désuètes
avec des personnages conventionnels, ridicules et faux, des fantoches. Or je pensais
que chacun de nous dans la vie passe par des situations vaudevillesques, sans toutefois
qu’à ces jeux nous perdions notre personnalité intéressante. En fallait-il davantage ?
Je me mis aussitôt à chercher mes personnages dans la réalité, bien vivants, et
leur conservant leur caractère propre, je m’efforçai, après une exposition de
comédie, de les jeter dans des situations burlesques.»
Georges
Feydeau «Comment Feydeau devint vaudevilliste», Le Matin, 15mars 1908.
«Quand je
fais une pièce, je cherche parmi mes personnages quels sont ceux qui ne doivent
pas se rencontrer. Et ce sont ceux-là que je
mets aussitôt que possible en présence...»
Propos de
Feydeau recueillis par Leon Treich, «Le 10° anniversaire de la mort de Feydeau»
dans Les Nouvelles Littéraires, 30 mai 1931.
«Si tu veux
faire rire, m’expliqua-t-il un jour, prends des personnages quelconques. Place-les
dans une situation dramatique, et tâche de les observer sous l’angle du comique.
Mais surtout, ne les laisse rien dire, ne les laisse rien faire qui ne soit strictement
commandé par leur caractère, d’abord, et par l’action ensuite.
Le comique, c’est
la réfraction naturelle d’un drame.»
Propos de
Feydeau «Mon père, auteur gai», dans L’Intransigeant, 3 décembre 1937.
«Je possède
une pièce, comme un joueur d’échecs son damier, j’ai présentes à l’esprit les
positions successives que les pions (ce sont mes personnages) y ont occupées.
En d’autres termes, je me rends compte de leurs évolutions simultanées et
successives. Elles se ramènent
à un certain nombre de mouvements. Et vous n’ignorez pas que le mouvement est
la condition essentielle du théâtre et par suite [...] le principal don du dramaturge.»
«Une leçon
de vaudeville», dans Portraits
intimes, V, Paris, Collin, 1901
«La littérature
étant l’antithèse du théâtre, le théâtre, c’est l’image de la vie et dans la vie
on ne parle pas comme en littérature; donc le seul fait de faire parler ses personnages
littérairement suffit à les figer et à les rendre inexistants...Le théâtre, avant
tout, c’est le développement d’une action, et l’action c’est la base même du
vaudeville et
du
mélodrame. Je sais bien qu’aujourd’hui la tendance serait de faire du théâtre
une chaire; mais du moment qu’il devient une chaire, c’est le théâtre alors qui
n’est plus du théâtre.»
Feydeau,
Lettre à Basset, «
Le
vaudeville et le mélodrame sont-ils morts?»