jeudi 23 janvier 2014

Feydeau par lui-même



FEYDEAU PAR LUI-MÊME
«Je remarquai que les vaudevilles étaient invariablement brodés sur des trames désuètes avec des personnages conventionnels, ridicules et faux, des fantoches. Or je pensais que chacun de nous dans la vie passe par des situations vaudevillesques, sans toutefois qu’à ces jeux nous perdions notre personnalité intéressante. En fallait-il davantage ? Je me mis aussitôt à chercher mes personnages dans la réalité, bien vivants, et leur conservant leur caractère propre, je m’efforçai, après une exposition de comédie, de les jeter dans des situations burlesques.»
Georges Feydeau «Comment Feydeau devint vaudevilliste», Le Matin, 15mars 1908.

«Quand je fais une pièce, je cherche parmi mes personnages quels sont ceux qui ne doivent pas se rencontrer. Et ce sont ceux-là que je mets aussitôt que possible en présence...»
Propos de Feydeau recueillis par Leon Treich, «Le 10° anniversaire de la mort de Feydeau» dans Les Nouvelles Littéraires, 30 mai 1931.

«Si tu veux faire rire, m’expliqua-t-il un jour, prends des personnages quelconques. Place-les dans une situation dramatique, et tâche de les observer sous l’angle du comique. Mais surtout, ne les laisse rien dire, ne les laisse rien faire qui ne soit strictement commandé par leur caractère, d’abord, et par l’action ensuite.
Le comique, c’est la réfraction naturelle d’un drame.»
Propos de Feydeau «Mon père, auteur gai», dans L’Intransigeant, 3 décembre 1937. 

«Je possède une pièce, comme un joueur d’échecs son damier, j’ai présentes à l’esprit les positions successives que les pions (ce sont mes personnages) y ont occupées. En d’autres termes, je me rends compte de leurs évolutions simultanées et successives. Elles se ramènent à un certain nombre de mouvements. Et vous n’ignorez pas que le mouvement est la condition essentielle du théâtre et par suite [...] le principal don du dramaturge.»
«Une leçon de vaudeville», dans Portraits intimes, V, Paris, Collin, 1901
 
«La littérature étant l’antithèse du théâtre, le théâtre, c’est l’image de la vie et dans la vie on ne parle pas comme en littérature; donc le seul fait de faire parler ses personnages littérairement suffit à les figer et à les rendre inexistants...Le théâtre, avant tout, c’est le développement d’une action, et l’action c’est la base même du vaudeville et
du mélodrame. Je sais bien qu’aujourd’hui la tendance serait de faire du théâtre une chaire; mais du moment qu’il devient une chaire, c’est le théâtre alors qui n’est plus du théâtre.»
Feydeau, Lettre à Basset, «
Le vaudeville et le mélodrame sont-ils morts?»