En 1983, le metteur en scène Antoine Vitez met en scène Hamlet
(traduction de Raymond Lepoutre) dans une version avec coupes en
semaine. Samedi et dimanche, la pièce est jouée dans son intégralité !).
Antoine Vitez (1930-1990) marque profondément la vie théâtrale
française de la seconde moitié du XXe siècle. Il se réclame du « Théâtre
d'art » : une recherche, une éthique, une volonté d'aller plus loin
dans la pratique théâtrale. Tout au long de ce siècle, le besoin de se
réclamer du théâtre d'art est venu d'un profond désir de réforme de la
pratique : la remise en question ne visait pas l'essence même du théâtre
mais sa réalité scénique. Des artistes ont recherché le changement de
l'intérieur par l'exploration la plus profonde des moyens qu'offre le
théâtre. Des désirs fondamentaux lient ces praticiens : une troupe, un
lieu, un répertoire, une école, beaucoup de temps pour les répétitions,
un dialogue suivi et intense avec le public (avec notamment une revue).
Avec la volonté de faire un « théâtre élitaire pour tous », Antoine
Vitez tente de concilier la lisibilité et la plus haute exigence
esthétique et intellectuelle.
Le reportage nous montre Richard
Fontana disant les premiers mots du célèbre monologue d'Hamlet : « Être
ou ne pas être, c'est la question... ». C'est un Hamlet absorbé, grave
mais que l'on sent plein d'énergie qui adresse – originalité de la mise
en scène d'Antoine Vitez – son discours à Ophélie. Le soliloque habituel
(Hamlet, seul en scène, qui se parle à lui-même) est transformé ici en
monologue (seul Hamlet parle, mais il s'adresse à une tierce personne).
Antoine
Vitez prend le parti d'un Hamlet jeune et vigoureux, loin d'une image
plus courante d'un Hamlet accablé, presque sans vie.
Le
scénographe Yannis Kokkos explique : « J'ai cherché à faire un espace
qui raconte tout ce qui peut être possible à l'intérieur, et que les
acteurs, la manière dont ils se déplacent, deviennent les dessins
vivants d'un univers clair, que puisse se dessiner un espace ouvert mais
qui en même temps imprime une image très forte. » Il a voulu ainsi «
donner la primauté au mouvement de l'acteur » [2] qui se détache sur
cette perspective blanche, immaculée, épurée.
http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00493/hamlet-mis-en-scene-par-antoine-vitez-a-chaillot.html