mercredi 15 janvier 2014

Hamlet de Vitez (1983)

En 1983, le metteur en scène Antoine Vitez met en scène Hamlet (traduction de Raymond Lepoutre) dans une version avec coupes en semaine. Samedi et dimanche, la pièce est jouée dans son intégralité !). Antoine Vitez (1930-1990) marque profondément la vie théâtrale française de la seconde moitié du XXe siècle. Il se réclame du « Théâtre d'art » : une recherche, une éthique, une volonté d'aller plus loin dans la pratique théâtrale. Tout au long de ce siècle, le besoin de se réclamer du théâtre d'art est venu d'un profond désir de réforme de la pratique : la remise en question ne visait pas l'essence même du théâtre mais sa réalité scénique. Des artistes ont recherché le changement de l'intérieur par l'exploration la plus profonde des moyens qu'offre le théâtre. Des désirs fondamentaux lient ces praticiens : une troupe, un lieu, un répertoire, une école, beaucoup de temps pour les répétitions, un dialogue suivi et intense avec le public (avec notamment une revue). Avec la volonté de faire un « théâtre élitaire pour tous », Antoine Vitez tente de concilier la lisibilité et la plus haute exigence esthétique et intellectuelle.
Le reportage nous montre Richard Fontana disant les premiers mots du célèbre monologue d'Hamlet : « Être ou ne pas être, c'est la question... ». C'est un Hamlet absorbé, grave mais que l'on sent plein d'énergie qui adresse – originalité de la mise en scène d'Antoine Vitez – son discours à Ophélie. Le soliloque habituel (Hamlet, seul en scène, qui se parle à lui-même) est transformé ici en monologue (seul Hamlet parle, mais il s'adresse à une tierce personne).
Antoine Vitez prend le parti d'un Hamlet jeune et vigoureux, loin d'une image plus courante d'un Hamlet accablé, presque sans vie.
Le scénographe Yannis Kokkos explique : « J'ai cherché à faire un espace qui raconte tout ce qui peut être possible à l'intérieur, et que les acteurs, la manière dont ils se déplacent, deviennent les dessins vivants d'un univers clair, que puisse se dessiner un espace ouvert mais qui en même temps imprime une image très forte. » Il a voulu ainsi « donner la primauté au mouvement de l'acteur » [2] qui se détache sur cette perspective blanche, immaculée, épurée.

http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00493/hamlet-mis-en-scene-par-antoine-vitez-a-chaillot.html