L’histoire en a fait les Roméo et Juliette de Sarajevo. Admira était bosniaque, Bosko était serbe ils avaient 25 ans et s’aimaient. Le 18 mai 1993, des tirs les fauchent sur le pont de Vrbanja séparant les forces ennemies. Ils meurent enlacés pour l’éternité. Ce film raconte leur tragédie, comme une parabole de l’amour, plus fort que les haines ethniques.
« Toute mère trouve son enfant beau, mais je peux dire qu’Admira l’était vraiment. Elle était sportive, elle avait les yeux verts, des cheveux magnifiques et elle était grande. Elle était ouverte sur le monde et très déterminée. » Nera et Zio Ismic sont bosniaques. A cette époque, ils vivaient dans la maison attenante au garage automobile où travaillait Zio : « Nous étions yougoslaves et ne faisions aucune différence de couleur, de religion et d’ethnie. J’étais heureux de vivre dans la Yougoslavie de Tito. » Leur fille a connu Bosko, qui est serbe, au lycée, où ils deviennent rapidement inséparables. Le couple a l’aura de ceux qui sont beaux et qui s’aiment. Ils ont échangé leur premier baiser durant l’hiver 1984, tandis que la ville célèbre les Jeux olympiques d’hiver. Les habitants de Sarajevo n’ont alors jamais été aussi confiants dans l’avenir de leur pays. Admira et Bosko font des projets d’avenir.
Mais, depuis la mort de Tito, en 1980, les tensions ethniques s’accroissent. En 1991, la Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance. Le 5 avril 1992, la Bosnie-Herzégovine proclame la sienne. Les Serbes, qui ne l’acceptent pas, ne vont pas tarder à mener une véritable croisade contre le vieux démon : « l’envahisseur musulman ». « La guerre a commencé de façon très soudaine, se souvient Zio. Je n’y croyais pas… Aucun homme raisonnable, aucune personne sensée ne pouvait penser un seul instant qu’elle serait aussi longue et sanglante. » Rapidement, les Serbes fuient Sarajevo.
« Toute mère trouve son enfant beau, mais je peux dire qu’Admira l’était vraiment. Elle était sportive, elle avait les yeux verts, des cheveux magnifiques et elle était grande. Elle était ouverte sur le monde et très déterminée. » Nera et Zio Ismic sont bosniaques. A cette époque, ils vivaient dans la maison attenante au garage automobile où travaillait Zio : « Nous étions yougoslaves et ne faisions aucune différence de couleur, de religion et d’ethnie. J’étais heureux de vivre dans la Yougoslavie de Tito. » Leur fille a connu Bosko, qui est serbe, au lycée, où ils deviennent rapidement inséparables. Le couple a l’aura de ceux qui sont beaux et qui s’aiment. Ils ont échangé leur premier baiser durant l’hiver 1984, tandis que la ville célèbre les Jeux olympiques d’hiver. Les habitants de Sarajevo n’ont alors jamais été aussi confiants dans l’avenir de leur pays. Admira et Bosko font des projets d’avenir.
Mais, depuis la mort de Tito, en 1980, les tensions ethniques s’accroissent. En 1991, la Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance. Le 5 avril 1992, la Bosnie-Herzégovine proclame la sienne. Les Serbes, qui ne l’acceptent pas, ne vont pas tarder à mener une véritable croisade contre le vieux démon : « l’envahisseur musulman ». « La guerre a commencé de façon très soudaine, se souvient Zio. Je n’y croyais pas… Aucun homme raisonnable, aucune personne sensée ne pouvait penser un seul instant qu’elle serait aussi longue et sanglante. » Rapidement, les Serbes fuient Sarajevo.
Etre serbe à Sarajevo
Admira a rejoint Bosko chez sa mère, qui a choisi de rester. Dans la ville pilonnée et encerclée par les rebelles serbes, la vie s’organise tant bien que mal : chaque jour, les habitants doivent partir à la recherche de nourriture, qui se fait rare, et tenter d’échapper aux snipers sans pitié installés sur les hauteurs. Lorsqu’un tir d’obus détruit l’appartement de Bosko, le couple se réfugie chez la grand-mère d’Admira. « La guerre n’a rien changé à leur amour, et n’a rien changé pour nous non plus… Bien sûr, ça n’était pas évident pour lui d’être serbe à Sarajevo pendant la guerre. » Radhila, la mère de Bosko, quitte finalement la ville à la faveur d’un échange de prisonniers organisé par Celo, un ami de la famille, devenu chef de la police militaire bosniaque. « Même si j’avais insisté, mon fils ne serait jamais venu avec moi. Il n’aurait jamais abandonné Admira. » Bosko vend du pétrole de la Forpronu au marché noir avec son meilleur ami, commandant d’une station de police militaire. Jusqu’au jour où ce dernier trahit son camp en passant côté serbe et en emportant armes, radio et codes secrets de communication des forces bosniaques. « A partir de ce moment-là, la situation pour Bosko et Admira est devenue affreuse. »
Les amants du pont Vrbanja
Le 18 mai 1993, Admira et Bosko avaient décidé de fuir Sarajevo encerclé…
Agressé par les Bosniaques, Bosko doit se résoudre à fuir. Naturellement, Admira décide de le suivre. Celo organise leur passage grâce à l’aide d’anciens compagnons serbes qui leur sont restés fidèles. L’ordre est donné de ne pas tirer. « Des amis devaient attendre Bosko de l’autre côté du pont, explique l’un d’entre eux. Tout devait se passer sans problème. » Le 18 mai 1993, Admira et Bosko s’avancent sur le pont Vrbanja, au-dessus de la rivière Miljacka, no man’s land marquant la frontière entre les camps ennemis. Ils ont une heure de retard et sont effrayés. « Deux tirs brefs ont retenti, raconte un combattant serbe. Ils ont stoppé leur marche. S’ils avaient couru, je suis certain qu’ils seraient toujours en vie. Dix secondes après, deux rafales courtes les ont touchés. » Leurs cadavres demeureront sur le pont pendant neuf jours, personne ne se risquant à les récupérer. Le 23 mai, la dépêche d’un journaliste américain, Kurt Schork, fait le tour du monde : « Deux amants retrouvés morts sur les bords de la rivière Miljacka à Sarajevo, enlacés dans une ultime étreinte… Elle a rampé pour le serrer dans ses bras, et ils sont morts comme ça, dans les bras l’un de l’autre. » Ainsi est née la légende. Un jour, Admira avait dit à Radhila : « Nous nous aimons tellement que seule une balle pourra nous séparer. »
Anne-Laure Fournie