Olivier Py s’apparente
à un homme orchestre : comédien, auteur, metteur en scène de théâtre et d'opéra
et ici auteur/adaptateur
et metteur en scène de spectacles pour le jeune public.
Montrer que
le metteur en scène ne cherche pas à accentuer le côté irréel, imaginaire, mais
plutôt à faire comprendre au public qu'on est bien au théâtre et que tout se
joue sur une scène.
Le décor
Un rideau
lumineux : des ampoules électrique allumées sur des châssis, c'est très
brillant, très beau. Autour, le noir.
Quand le
spectacle commence arrivent sur le plateau les acteurs et un technicien qui
déplacent à a vue des spectateurs les châssis montés sur roulettes, dégageant une
estrade sur laquelle et autour de laquelle vont jouer les comédiens.
Tout au long
des deux spectacles, les changements de décors se feront ainsi à vue et le décor
sera modifié par le jeu du déplacement de ces éléments :
- Maison
noire pour la cabane du pauvre avec les ailes de moulin ;
- Maison
rouge pour le château ;
- Paravents
dorés pour les appartements du roi
Un fin film
transparent bleu (gélatine bleue) descend des cintres sur la largeur du plateau
derrière la jeune fille pour symboliser la rivière qu'elle essaie de traverser,
dans La Jeune
Fille,le Diable et le moulin , puis dans L'Eau de la vie, quand les frères
traversent la mer.
Un fin film
transparent rouge (gélatine rouge) descend des cintres sur la largeur du
plateau derrière le diable quand il décide d'intervertir les messages dans La
Jeune Fille, le Diable et le moulin;
- De tous
petits morceaux de papiers tombent en confettis
des cintres pour figurer la neige ;
- Pas de
forêt, pas d'arbre, pas de verger. Aucun des éléments
de magie mentionnés dans les contes n'apparaît décor est mis en valeur par les
lumières puisqu'elles en sont partie intégrante
Dans La
Jeune Fille, le Diable et le moulin, quand le père est
dans la forêt, les ampoules baissentde niveau, il fait beaucoup plus sombre sur
le plateau. De la même manière, la cabane du pauvre homme est noire et sombre.
Le moulin est figuré par une croix
lumineuse qui tourne sur cette cabane
noire. Quand la jeune femme fuit dans la forêt, elle se réfugie dans la cabane noire,
la lumière baisse sur le plateau.
Parallèlement,
quand le père est riche, il y a beaucoup de lumière. L'ange est surmonté d'une étoile
lumineuse. Chez le roi enfin, les paravents dorés brillent de mille feux.
importance
du son dans les deux spectacles:
Dans La
Jeune fille, le Diable et le moulin, les intermèdes musicaux sont joués en
direct sur scène pendant les changements de décor à vue. Sont présents des
instruments à vent et des percussions.
l'Ange joue de l'accordéon
On entend
des chants d'oiseaux, du vent, du tonnerre. On entend l'enfant pleurer dans la
cabane.
Une musique
militaire retentit quand le prince doit partir à la guerre, etc. La musique est
très présente. Prendre conscience de la distance que le metteur en scène a mise entre les spectateurs et ces
personnages.
Ils sont
joués par les mêmes comédiens : Céline Chéenne, Samuel Churin, Sylvie Magand,Thomas
Matalou, Benjamin Ritter et Thibaut Fack (régisseur-plateau eau).
Ils
interprètent plusieurs
rôles dans les deux spectacles. On reconnaît qu'ils
jouent plusieurs rôles. Ils se transforment de façon que le public s'en rende compte
; à aucun moment on ne peut prendre l'histoire qu'on voit pour véridique.
La fanfare :
les acteurs sont aussi les musiciens. Chamarrés de rouge, on peut penser à une
parade de cirque ou à une fête foraine. La fanfare est présente dans les deux
spectacles, moins dans L'Eau de la vie.
- La
comédienne qui joue de l'accordéon dans les deux spectacles interprète aussi
l'Ange. On lui met ses ailes sur le dos à vue.
- Les deux
frères méchants se transforment en chien et en cochon : ils mettent un masque
et une queue dans L'Eau de la vie, c'est ce jeu de masque qui renforce l'effet
comique.
- La
princesse porte la même robe et la même couronne dans les deux spectacles.
Elle joue
également le vieux roi malade dans L'Eau de la vie, on reconnaît très bien sa
voix,même si elle est grimée en vieillard.
- Le
jardinier dans La Jeune Fille... joue également la
mère. C'est un travestissement. Il est habillé de la même façon dans les deux contes.
Il
s'apparente à la figure du clown ou du bouffon. Le Diable est
habillé tout en rouge. Dans La Jeune Fille, le
Diable et le moulin, quand il rencontre le père, il
porte un chapeau haut de forme pour cacher ses cornes, mais le spectateur le
reconnaît facilement. Seul le père ne semble pas voir que c'est le diable. Cet
effet guignolesque provoque l'effet comique.
On attend
généralement des costumes d'un conte qu'ils
soient ceux des rois, des princesses, des princes, et
des pauvres paysans, qu'ils correspondent à l'image traditionnelle de la
royauté et de la misère,
comme dans un royaume imaginaire.
Ici, seuls
quelques éléments des costumes rappellent symboliquement la royauté : les
couronnes, le manteau du roi, la robe blanche de la princesse.
À contrario
dansL'Eau de la
vie les frères sont en costume contemporain.
Olivier Py a
sans doute voulu souligner l'intemporalité des contes : cela peut se passer à
n'importe quelle période puisque il ne s'agit pas de quelque chose de réel. Ce
qui importe n'est pas le temps dans lequel se déroule l'action, mais les
symboles
Le combat du bien et du mal
Par la
symbolique des couleurs:
- Le blanc
autour de la jeune fille, la princesse, l'ange, la colombe évoque la pureté ;
- Le rouge
par le sang, la feutrine, le film de gélatine, la maison, la perruque de la
mère évoque le diable et le mal ;
- Le noir
par la nuit, le sombre de la forêt, le manteau de la Princesse quand elle doit
fuir, la figure de la mort.
Par la
violence esthétisée:
Dans La Jeune Fille, le Diable et le moulin , le
père coupe les mains de la jeune fille : on ne le voit pas, cela se fait dans
la cabane, des morceaux de feutrine rouge figurent le sang qui coule. L'effet de
violence est ainsi désamorcé, la violence n'est ici que symbolique.
La mort est
représentée concrètement dans L'Eau de
la vie
par un
personnage à tête de mort
les
dénouements joyeux où tout rentre dans l'ordre.
Le bien
triomphe toujours, le diable est toujours vaincu, même quand tout paraît perdu.
Dans La Jeune Fille, le Diable et le moulin, les mains de la Princesse ont
repoussé, le mal fait par le père est effacé, le Prince retrouve la Princesse
et son fils qui ont été protégés.
Dans L'Eau de la vie , ceux qui font le mal sont
punis (les méchants frères) et ceux qui font le bien (le gentil fils et la
Princesse) sont récompensés, la vérité vaut mieux que le mensonge, la pureté que
l'impureté.
Les questions de l'art et de la mort
Dans La
Jeune fille, le Diable et le moulin , les acteurs viennent essayer de divertir
la princesse avec des masques de mort :
«Qu'est-ce
que l'art? leur demande-t-elle
- Dire d'un
mot la mort avec la joie » lui répondent-ils.
Difficile
d'interpréter cette réponse:
Quelle définition
de l'art peut-on donner ?
Dans L'Eau de la vie , la question de la mort est au
centre de la pièce:
« Que
dirais-tu, toi, à un enfant qui te demande-
rait ce
qu'est la mort ? » demande le benjamin,
- Moi je ne
sais pas» répond le puîné.
La forêt
Profonde,
froide, sombre, c'est là que le père est tenté par le Diable. Quand la jeune fille a les mains coupées,
c'est là
qu'elle se
réfugie ; la forêt et la cabane de bûcheron sont également les derniers refuges
pour la femme et l'enfant afin d'échapper à la mort.
Le temps
Trois années
passent entre le pacte et la réalisation du pacte ; trois mois d'absence du Prince
après leur mariage puis encore neuf mois(le temps de la gestation). Le prince
revient de guerre après plus de 7 ans. Les textes sont donc en partie
elliptiques, ces laps de temps divers ne sont pas traités par l'intrigue des
contes. Le temps passe uniquement par le texte.
La magie
Le diable
fait devenir riche le pauvre homme et sa famille ; la jeune fille trace un
cercle de craie pour empêcher le diable de l'emmener, puis mouille ses mains et
pleure, afin d'éviter d'être emportée par lui. Les lettres déchirées deviennent des
confettis (effet de magie théâtrale).
Les mains de
la Princesse repoussent.