L’essentiel du conte : le
désir de vivre, pièce sur la mort et sur le tps
Casser le conte et le
reconstruire en récupérant les morceaux, le situer dans le monde contemporain,
se le réapproprier : motifs que l’on trouve dans le reste de l’œuvre de
Pommerat : « réel » et imaginaire, histoires que l’on se
raconte, sentiment d’exister, pb d’images de soi.
Concrétisation et
reviviscence : redonner de l’étrangeté à l’histoire et la rapprocher du
spectateur. :g ommage des clichés édifiants : bonté, réussite
sociale, attente du prince charmant..
Figures du conte= véritables
personnages, situations scéniques concrètes, quiproquo
Réécriture : dble
principe : 1 prendre au pied de la lettre des éléments tenus pour secondaires ex mort de la mère,
deuil qui ouvre le conte, jeunesse de l’héroïne, passage entre enfance et
adolescence (différente de la neutralité bonne et soumise de la Cendrillon
d’origine)
Décalages et déplacements de
motifs : prince lui aussi ramené à la jeunesse, densification des figures
archétypales : cf image de soi et désirs de la marâtre, rivalité des sœurs
transférées à la belle mère, père qui a un véritable parcours, fée à l’opposé
du cliché.
Pas la quête amoureuse pour
Cendrillon, pas la question du temps limité autorisé avec heure fatidique du
bal mais questionnement sur la maîtrise du temps et son acceptation.
1.
Un
enfant face à la mort
Question du
deuil : « pas seulement une histoire d’ascension sociale
conditionnée par une bonne moralité qui fait triompher de toutes les épreuves
ou une histoire d’amour idéalisée » désir de vie confronté à son absence.
Intro de la
narratrice puis dble scène autour de la mère mourante : trauma initial,
malentendu ( sur le s paroles inaudibles
de la mère mal interprétées par la fille)qui lui est lié, qui va conditionner
le comportement de Sandra. Première leçon formulée par la narratrice : Les
mots sont très utiles mais ils peuvent aussi être dangereux. Surtout si on les
comprend de travers (…) C’est pas si simple de parler pas si simple
d’écouter. », malentendu pas fruit du hasard malheureux : déni, très
jeune fille qui « a beaucoup d’imagination », mort de la mère
inconcevable pour elle enfant, pas à la manière d’un adulte. Perte suivi d’un
surinvestissement par l’imaginaire + culpabilité de n’avoir pas pris la mesure
du drame entrain de se jouer. Processus qu’il faudra dénouer après tout un tps
de blocage , résilience : » ta mère est morte et c’est comme
ça ». début : insouciance de l’enfance, impatience, protection devant
la difficulté de la situation, mais solennité du dernier entretien, père qui
vient la chercher, sorte d’arrachement : surgissant de l’ombre, geste
perçu dans la représentation comme une violence alors qu’il n’ya aucune
brutalité. Panique d’autant plus forte que la très jeune fille avait réussi à
maintenir la mort à distance : méconnue, refoulée. Déni de la mort réelle
au profit d’une disparition incomplète : mission : préserver
l’existence de la mère en y pensant sans arrêt, renversement des rôles
mère/enfant, gardienne de sa mère : fiction qui comble l’espace de la
disparition définitive. Responsabilité de vie ou de mort. Devient brutalement
selon elle une adulte par cet enjeu : première « histoire »
qu’elle se raconte ; au-dela de la mort habité par des oiseaux cf oiseaux
protecteurs de la tombe chez Grimm
Caractère spectral
de cette scène originelle : mère blanche, draps blancs : video que le
spectateur ne distingue pas forcément comme telle, à côté très jeune fille en
robe blanche aussi, se détachent toutes deux sur un fond uniformément
noir : scène fantôme par laquelle il faudra repasser en fin de pièce magie
de la fée : entendre les véritables paroles, dénouer le malentendu :
poursuivre la vie.
1. Deuil et mélancolie.
Travail de deuil qui a été
longtemps empêché par le malentendu et ses conséquences.
Culpabilité liée à des oublis,
souffrance quand la robe de la mère lui est enlevée : se créer des
histoires qu’elle projette sur le mur, à nouveau oubli, imagination qui
l’emporte, colère contre elle-même, punition : obsession du souvenir,
angoisse, culpabilité, désir de punition, auto dépréciation et auto
avilissement : « deuil pathologique » Freud cf Deuil et
mélancolie 1915 : « humeur douloureuse, désintérêt pour le monde
extérieur- quand il n’évoque pas le défunt-, perte de la faculté de choisir un
nouvel objet d’amour, abandon de toute activité qui ne soit pas en rapport avec
l ’absent » : cf montre, album photo, objet fétiche qu’est la robe.
« autodépréciation qui
s’exprime par des reproches et des injures envers soi même, attente délirante
du châtiment » formidable appauvrissement du moi.
Scènes de la répartition des
tâches ménagères : image de plus en plus négative cf je ne suis pas du
tout gentille, c’est moche ça me correspond, si ça se trouve je suis une vraie
salope : acceptation des tâches les plus dégradantes. Cf Freud : Dans
le deuil, le monde est devenu pauvre et vide, dans la mélancolie, c’est le moi
lui-même, défaite dela pulsion qui porte chaque être à s’accrocher à la
vie »., dégradation du sentiment d’exister, ou du désir d’être. refus de
toute relation intersubjective. Comme si sa mère vivant en elle.
+ adolescence : insolence,
virulence de rébellion, radicalité, potentiellement irritante, culpabilisante à
l’égard du père et de son remariage prévu.
Dble registre de la violence et
du comique quand en butte à l’hostilité de la belle-mère, enfermement tragique
ponctué par les sonneries d’à vous dirai-je maman : gags relançant
l’irritation de la belle mère ;: jeu avec les registres et contrastes,
ambivalence active : touchante et irritante, énervante ! Actrice
Deborah Rouach très bien. : spontanéité de la jeunesse et pétrification
mélancolique, enfermement de plus en plus grand et résurgences de vivacité. + singularité
de la voix : « timbre qui va très bien avec la vitesse de l’enfance,
de son urgence » :langue orale ( élisions, expressions) que les
micros HF saisissent dans une intimité permettant émotion, dynamisme et
retenue. Capable aussi de retrait, présence silencieuse et jeu de regards.