Il existe des propositions musicales pour le conte de
Cendrillon soit sous forme d’opéra- la Cenerentola de Rossini, Cendrillon de
Massenet- soit de musique de ballet comme celle de Prokofiev, sans parler de la
musique du fil de Disney.. ( Voir documents mis en
ligne) mais Joel Pommerat n'utilise pas ces pistes, il travaille la bande son de ses spectacles avec
beaucoup de minutie en amont des répétitions et encore pendant avec ses
associés, comme vous allez le voir.
Le Sonore dans Cendrillon
d’après une interview de François Leymarie, créateur sonore de Joel Pommerat
Le document ( distribué en cours) sur l’implantation des enceintes dans une salle
dans laquelle se joue Cendrillon est parlant en lui-même. Il montre la
complexité des systèmes de diffusion du son, de la musique et des voix ( voir répartition des hauts parleurs dans la
salle). Le centre du plateau est spécialisé pour la voix, toujours très
audible. Enceintes au lointain : notion d’espaces sonores pas visibles sur
scène, ex extérieur par rapport à ce que l’on voit sur le plateau, sorte de off
Enceintes un peu partout autour du public pour l’envelopper,
soutenir des événements plus irréalistes, rendre plus proches de l’oreille du
spectateur.
Exemple : son de
l’orage dans la scène du cauchemar de Sandra lors de la première nuit dans
sa chambre : dose d’effroi : enceinte proche du spectateur, impression
quasi physique, surgissement de chose qui n’est pas prévu., séquence où al fée
fait la démonstration de ses pouvoirs magiques.
Exemple du prince qui
chante en public pour son anniversaire : différence des applaudissements :
extérieur du lieu ( 2ème partie sc. VI) hors scène, salle de bal
invisible derrière le mur à jardin, puis intérieur salle où le prince chante (
diffusion en coulisse au centre côté jardin) puis devant nous à la face, puis
se répartit dans la salle, puis dans les enceintes sur scène : fiction
réaliste qui fait que le public constitue l’assistance de la fête du Prince.
Exemples de mouvement sonores qui suivent le mouvt visuel :
scène V 2ème partie : famille arrive au bal costume louis XIV,
musique baroque très majestueuse, englobante :
arrive à la face, allées et venues pour voir ce qui se passe dans la salle de
bal : musique disparaît tandis que la famille se rend compte que le bal ne
correspond pas à ce qu’elle imaginait.
Cluster = ensemble d’enceintes en hauteur ( milieu plateau)
relaie le son des micro HF ( Haute définition) des comédiens :
intelligibilité des paroles, relation au plateau frontal et visuel centré sur
les comédiens : voix qui parviennent pas loin de leur source géographique
et de leur axe= effet diffus, très naturel, le spectateur ne le remarque pas,
pas de profération théâtrale en projection, mais parfois éclats tout de même.
Coïncidence entre le visuel et ce que l’oreille peut
percevoir, quelle que soit la distance du spectateur à la scène ( au premier
rang parfois perception du son direct : voix naturelle et voix diffusée)
mais tout le travail consiste à rendre naturel le procédé de sonorisation des
voix.
Voix trafiquée ? Retravaillées, transformées. Parfois effet
de trouble : plus grave ou plus aigu, mais peu dans Cendrillon : formules magiques de la fée, paroles prononcées
par Sandra et la fée dans « la boite magique » : son un peu
robotique, machine humaine, tortionnaire qui crée la magie mais aussi des
problèmes : danger. Voix envoyée dans les tuyaux pour créer une tension.
Parfois aussi pour manifester des espaces résonnants ou
confinés comme la cave qui sert de chambre à Sandra : on enlève les résonances
et on rend le timbre plus mat .
Jeu sur le timbre de
voix des acteurs :
Deborah Rouach Cendrillon/ Catherine Mestoussis, belle-mère
Cendrillon : Vitesse
de l’enfance, adolescence, urgence : période très complexe de survie,
urgence et retenue : imaginer son monde intérieur, à la fois ingénue et
libertatire, indépendance perçue dans la voix : brillance, présence. Parle
avec beaucoup de virtuosité et de détails mais très bas, précision et finesse,
pianissimo et espèces de cris parfois.
Belle-mère : voix dynamique, réglages pour que ce ne
soit pas trop fort, trop agressif. Conserver les contrastes liés au jeu.
Acteurs qui jouent deux personnages différents : seul
le jeu réalise un changement ou l’espace : ex maison de verre : résonance un peu plus grande, ambiance un peu réverbérée différente de la
chambre cave.
Volumétrie du décor, quantité d’air autour du comédien à
prendre en compte : problème sonore à résoudre pour chaque scène en
collaboration avec le scénographe Eric Soyer. Son lié au plateau : espace
fictionnel et réel : espace qui donne la couleur à la voix.
Système HF : compromis incessant à trouver entre le son
de la salle et l’effet voulu : travail à refaire à chaque changement de
salle en tournée.
Voix intimiste : rapprocher la voix du spectateur :
jeu naturel, quotidien sans projection traditionnelle de la voix.
Conflit entre parole théâtrale et les autres sons ?
Problème de créer une perception dans laquelle la voix soit bien placée :
musique et autres sons se calent sur la voix. Parfois musique par-dessus :
étouffer la voix, effet particulier mais toujours retour rapide à l’intelligibilité
de la voix.
Voix de la narratrice :
voix off actrice avec accent étranger, très utilisée par Pommerat dans les
contes, rîole de contrepoint : Marcella Carrara, étudiante italienne en
théâtre. aspect un peu mystérieux de cette prononciation : idée d’ailleurs,
de lointain : qui est elle ? Cendrillon est un conte connu partout,
nombreuses versions de par le monde : couleur de voix à laquelle on s’habitue
progressivement : mélancolie, concrète/ elle ne nous « raconte »
pas mais parle de qchose qui se passe concrètement, bcq de temps pour trouver
le son adéquat avec Antoine Bourgain , le régisseur son.