II Quand arrive les choix musicaux en répétition, après le
travail d’improvisation et de mise en scène ?
Joel écrit avec le sonore intérieurement pour faire
comprendre ce qui n’est pas dit dans le texte( sons=partie de l’écriture au plateau
qui constitue sa pratique, sa marque de fabrique).
Pour la création de Cendrillon, temps très court : 2
sessions de trois semaines donc très organisé. Dès que c’est possible sons et
musiques sont intégrés aux répétitions ( Ce que Carolina a fait avec le projet
Cendrillon à la CDE)
Rôle de réactivité de François Leymarie alors qu’Antonin
Leymarie, compositeur des musiques originales dialogue avec Pommerat et Soyer
en amont depuis longtemps, surtout pour le choix des instruments et de leur
couleur .
Pour Cendrillon instrumentarium très spécifique :
couleurs à partir de notions données par Pommerat : verre cf la chaussure
de vair (fourrure) devenue la chaussure de verre dans les versions du conte
plus moderne), fée- mère défunte, justice, destin, punition, pardon, légende,
conte, fable.
Bien en amont des répétitions : idées du bal,
indépendance de Cendrillon, fragilité du verre= couleur sonore: brillant,
lumineux, scintillant, merveilleux : famille musicale cohérente et puis
les couleurs opposées plus sombres : laideur, pauvreté, saleté, poussière,
solitude, ainsi que celles de tyrannie et de mensonge.
Verre : orgue de cristal, cristal Baschet : piano
avec des touches de verre, sont allés voir un virtuose de ces instruments :
Thomas Bloch
Harmonium, piano électrique Wurlizer, piano Bacshet pour le
mystère :sons entre le métal et le verre.
Ondes Martenot, glass harmonica, scie musicale, célesta :
cf récit de la narratrice.
Cf aussi les titres des compositions originales à étudier :
« Transparence rêverie cristal », « accordéon-piano, théâtre de
verre », « Célesta séductrice »
Musique de la danse finale : avec guitare, batterie,
basse et voix différente des autres musiques : inventée pour un autre
spectacle Cercles/Fictions. Mais reprend quelque chose tout en libérant un
autre mode d’émotion. Pas intentionnel mais choix cohérent.
Trouver la musique et le son pour chaque scène mais dans un
parcours global : plusieurs personnes sur le coup Joël, François, Antonin
etc mais c’est Pommerat qui décide. Progressivité gérée par Pommerat :
construction du texte avec le sonore. Beaucoup d’écoute. Ne pas laisser un son
mal choisi ( voir extrait du docu vu en classe)
Musiques précises dans la tête de Pommerat qui en connaît
beaucoup : Phil Glass, David Darley etc, souvent aussi trouvailles en
répét, essai immédiat avec les comédiens, musiques trouvées sur internet. Mais surtout
travail en amont. Matériaux préalables, pour les musiques originales, nécessité
de les écouter en salle.
Parallèle du travail sur le son et de celui de l’écriture :
échanges, mais remise en chantier possible à tout moment de la répét.
5 thèmes musicaux composés par Antonin Leymarie plus
variations. Mais multiples essais, idem pour les sons additionnels :
essais avec des instruments par ex Ariel : instrument à cordes manipulé
avec des micros, mélangé au son d’un tic tac. + électronique : pâtes
sonores en couches successives. Cf baguette chinoise. Agencer des sources pour
créer des tensions. Pas nouveau au théâtre mais le numérique permet la
sophistication et de tout caler sur une même seconde.
Dans Cendrillon : beaucoup de sons d’impact :
scène de magie, claquements de portes, sonorisation de la collision entre le
prince et la belle-mère, puis avec Sandra.( idée trouvée en répét) effet
burlesque, côté film muet : raconte un moment sans paroles, donne à cette
collision plus d’importance qu’elle n’en a. cf thème d’Antonin Leymarie : « cabaret
burlesque »
Effets de contrepoint : cf scène dans la maison de
verre par rapport à la violence de ce qui arrive à Sandra, belle –mère dimension
comique qui fait qu’on est moins focalisé sur la victime.
Volonté d’utiliser la musique pour dédramatiser ? oui,
quitte à ce que l’émotion s’établisse plus souterrainement et puisse resurgir
sans qu’on s’en rende compte. Pas souligner l’image- pas être redondant- plutôt
recherche d’opposition : éviter la lourdeur , ne pas plomber le truc.
Mais tout peut être remis en question en répétition donc
réactivité nécessaire des collaborateurs de Pommerat.
Sons d’impact des oiseaux qui se cognent sur le s murs de
verre : beaucoup de recherche pour obtenir l’effet voulu : pièce de
monnaie qu’on tape sur une vitre + bruissement d’ailes, oiseaux de poids
différents. Résultat réaliste qui ne fait pas exagérément peur.
Son du cauchemar de Sandra : orage + cris d’adultes,
arbres qui se déchirent, grognements d’ours+ Musique d’Albert Ayler. Nveau
sonore effrayant. Effet exagéré par le noir qui modifie la perception.
Souvent Son qui
prolonge et porte dans les noirs qui la suivent l’imaginaire de la scène qui
vient de s’achever= autre marque de fabrique de Pommerat. Son très présent :
gommer le visuel et ce qui vient de se passer pour passer à autre chose ou
anticipation avec tuilage de thèmes musicaux.
Comment gérer le passage d’une musique à l’autre + le s moments
de silence ? : exemple scène XII 2ème partie :
déclaration d’amour de la belle-mère : 2 musiques différentes + du
silence, longuement mûri. CF aussi « Cendrillon triste au piano avec
incursion du silence quand le prince et la très jeune fille s’embrassent puis
reprise du piano.
Le travail du son est au service de la dramaturgie et au
final sous contrôle de Pommerat mais avec une réactivité très grande de ses
collaborateurs, travaillent ensemble depuis longtemps, quasi réflexes.
Un petit mot également sur l'importance des play backs très nombreux dans le théâtre de Pommerat: moments souvent chargés d'émotion qui provoquent un trouble de la perception, un décalage.
"Dans Je tremble vous utilisez, comme souvent, le play-back. Pourquoi ?
L’art est l’endroit du jeu, le play-back est un jeu parmi d’autres. J’aime le “dé-réalisme” de ces situations. Je reconstitue le réel. Je prends un vrai corps, je prends une vraie voix mais les deux ne vont pas ensemble. Je retouche la réalité, je recrée l’illusion de la réalité. Pour arriver au vrai, je passe par l’illusion…"
Un petit mot également sur l'importance des play backs très nombreux dans le théâtre de Pommerat: moments souvent chargés d'émotion qui provoquent un trouble de la perception, un décalage.
"Dans Je tremble vous utilisez, comme souvent, le play-back. Pourquoi ?
L’art est l’endroit du jeu, le play-back est un jeu parmi d’autres. J’aime le “dé-réalisme” de ces situations. Je reconstitue le réel. Je prends un vrai corps, je prends une vraie voix mais les deux ne vont pas ensemble. Je retouche la réalité, je recrée l’illusion de la réalité. Pour arriver au vrai, je passe par l’illusion…"