samedi 11 octobre 2014

Les costumes dans Cendrillon





Isabelle Deffin, costumière de la compagnie :
Ma conception du costume est «fondée en priorité dans une relation avec le corps du comédien en contribuant à sa visibilité plutôt qu’à celle du costume, la perception identitaire du personnage coule alors de source. Il ne s’agit pas de souligner, mais de révéler.
A partir de recherches, je m’efforce de trouver dans l’épure une ligne qui renvoie au personnage et libère l’imaginaire. Les matières sont choisies en fonction de leur apport tactile
à même d’offrir des sensations au comédien pour construire son personnage en évitant des ornementations et des traitements qui éloignent du réel. Il s’agit de transposer la réalité pour obtenir la réalité».

Isabelle  Deffin, « isabelle deffin, le costume de fil en aiguille », par Jean Chollet, in Actualité de la
Scénographie, n°176.

Pour Caroline Donnelly, la comédienne qui interprète une sœur et le prince :
«La sensation du costume est très importante. Si je n’ai pas cette perruque-là, ça ne va pas marcher. Si je n’ai pas cette veste-là... le poids de la veste, le poids des chaussures importent – d’ailleurs, je les ai faites changer. J’ai un bandeau qui m’aplatit la poitrine, qui m’aide pour jouer le prince, il me fait suffoquer». 
 Caroline donnelly, in Cendrillon, Éclats d’un conte, documentaire réalisé par Jérémie Cuvillier, autour du spectacle de J. Pommerat, Arte France/Axe Sud, 2012.

Pour Joël Pommerat :
«Je pense que c’est [les costumes] le point de repère, sachant qu’autour tout est vide, tout est à inventer, à construire par l’imaginaire. L’élément du costume, c’est la peau sociale du personnage. C’est son identification, c’est l’impression concrète que le spectateur va avoir du personnage. Il faut qu’elle soit très précise. Il me semble, dans cette démarche, que pour pouvoir ouvrir vers des espaces à remplir par le spectateur, il faut lui donner un point d’accroche, un point de départ. [...] Il y a très peu d’accessoires dans mes spectacles. Il y a très peu d’objets. Je parlerais d’ailleurs plus de vêtement que de costume. Le costume est plus du côté de l’artificiel, alors que moi je pense vêtement. J’essaie que le vêtement raconte
quelque chose de la personne sans justement avoir besoin de le dire avec des mots. Ces signes-là sont très importants et précis pour moi».
Joël Pommerat (Propos recueillis par Rafaëlle Jolivet Pignon, in Théâtre Aujourd’huin°1)