La période
productive de RACINE coïncide avec une partie du règne
de Louis
XIV. Elle
appartient à un mouvement des idées et du goût désigné sous le terme de Classicisme.
• Fin XVI :
la tragédie humaniste connaît une crise qui
finit par provoquer sa disparition (concurrences de la tragi-comédie et de la pastorale (pièce qui met
en scène dans un décor champêtre d’émouvantes histoires d’amour) + excès :
l’accumulation de crimes et d’horreurs finit par lasser le public) => Deb.
XVII : la tragédie est à repenser et à reconstruire.
• Trois phénomènes expliquent le renouveau de la tragédie :
- de meilleures conditions matérielles (nouvelle salle de théâtre (Théâtre du Marais), alors que jusqu’en 1630, Paris n’en avait qu’une seule + installation d’une troupe professionnelle (les « Comédiens du Roi ») + théâtre devient un loisir à la mode).
- De nouveaux dramaturges de talent : SCUDÉRY 1601 - 1667) ; ROTROU (1609 - 1699) , CORNEILLE (1606 - 1684) ; RACINE (1639 - 1699).
- La redécouverte de la Poétique d’ARISTOTE : les théoriciens méditent les préceptes de cette oeuvre et élaborent progressivement une tragédie régulière, c’est-à-dire qui obéit à des règles précises => naissance de la tragédie classique.
• Trois phénomènes expliquent le renouveau de la tragédie :
- de meilleures conditions matérielles (nouvelle salle de théâtre (Théâtre du Marais), alors que jusqu’en 1630, Paris n’en avait qu’une seule + installation d’une troupe professionnelle (les « Comédiens du Roi ») + théâtre devient un loisir à la mode).
- De nouveaux dramaturges de talent : SCUDÉRY 1601 - 1667) ; ROTROU (1609 - 1699) , CORNEILLE (1606 - 1684) ; RACINE (1639 - 1699).
- La redécouverte de la Poétique d’ARISTOTE : les théoriciens méditent les préceptes de cette oeuvre et élaborent progressivement une tragédie régulière, c’est-à-dire qui obéit à des règles précises => naissance de la tragédie classique.
La tragédie classique s’inscrit dans son époque (même si
elle reste étrangère à l’actualité) à travers l’adhésion à l’absolutisme et aux thèses largement acceptées
d’une conception pessimiste de la condition humaine.
• Le poids de l’absolutisme : Louis XIV impose l’idée de la domination d’un seul (prestige du monarque, centralisation des talents, des charges et donc des richesses, à la cour de Versailles). La seule gloire dispensée est celle du monarque. Ainsi, les personnages de RACINE ne sont plus de vaillants héros recherchant l’exploit chevaleresque qui fondera leur gloire et assurera leur conquête amoureuse (comme chez CORNEILLE par exemple)
• Le refus des faits d’actualité : aucun des événements importants de l’époque (Guerre de Hollande, révocation de l’Édit de Nantes...) ne sert de base à la tragédie classique. Il y a une volontaire indifférente à l’actualité : la tragédie classique est avant tout préoccupée des aspects permanents de l’être humain (ses mœurs et ses sentiments). Les thèmes seront choisis dans ce qui appartient au général (l’Antiquité par exemple).
• Le pessimisme : l’idéal humain a donc perdu son aspect héroïque mais il est encore rabaissé par la rigueur de la théologie qui s’inspire de Saint Augustin (évêque du Vème prônant la sévérité). Celui-ci enseigne que l’homme, privé des lumières et des secours de Dieu, est livré à lui-même. Il est incapable de trouver la vérité et de juger (esprit), et il est la victime de ses passions qui l’entraînent (cœur).
C’est cette vision pessimiste que l’on retrouve dans Phèdre (elle sera soumise aux pulsions de l’instinct).
• Le poids de l’absolutisme : Louis XIV impose l’idée de la domination d’un seul (prestige du monarque, centralisation des talents, des charges et donc des richesses, à la cour de Versailles). La seule gloire dispensée est celle du monarque. Ainsi, les personnages de RACINE ne sont plus de vaillants héros recherchant l’exploit chevaleresque qui fondera leur gloire et assurera leur conquête amoureuse (comme chez CORNEILLE par exemple)
• Le refus des faits d’actualité : aucun des événements importants de l’époque (Guerre de Hollande, révocation de l’Édit de Nantes...) ne sert de base à la tragédie classique. Il y a une volontaire indifférente à l’actualité : la tragédie classique est avant tout préoccupée des aspects permanents de l’être humain (ses mœurs et ses sentiments). Les thèmes seront choisis dans ce qui appartient au général (l’Antiquité par exemple).
• Le pessimisme : l’idéal humain a donc perdu son aspect héroïque mais il est encore rabaissé par la rigueur de la théologie qui s’inspire de Saint Augustin (évêque du Vème prônant la sévérité). Celui-ci enseigne que l’homme, privé des lumières et des secours de Dieu, est livré à lui-même. Il est incapable de trouver la vérité et de juger (esprit), et il est la victime de ses passions qui l’entraînent (cœur).
C’est cette vision pessimiste que l’on retrouve dans Phèdre (elle sera soumise aux pulsions de l’instinct).
a. Le
respect des genres anciens
• L’ambition
de la conformité : L’auteur classique ne cherche pas à surprendre par
l’invention de genres nouveaux (comme ce sera le cas au XIXème avec le drame romantique). Il reprend donc les genres définis depuis
l’Antiquité : la tragédie, la fable, la comédie.
Il ne vise pas non plus à réformer les idées (à la différence des auteurs du Siècle des Lumières qui suit), ni à bousculer ou libérer les mœurs. On comprend dès lors que les dramaturges reprennent des tragédies antiques comme RACINE le fait en s’inspirant d’EURIPIDE et de SÉNÈQUE.
• Une application des théories d’ARISTOTE : La tragédie classique ne met en scène que de très hauts personnages (rois, reines...). Ceux-ci appartiennent à l’Histoire (Néron par exemple dans Britannicus) ou aux mythes de l’Antiquité comme pour Phèdre.
Il ne vise pas non plus à réformer les idées (à la différence des auteurs du Siècle des Lumières qui suit), ni à bousculer ou libérer les mœurs. On comprend dès lors que les dramaturges reprennent des tragédies antiques comme RACINE le fait en s’inspirant d’EURIPIDE et de SÉNÈQUE.
• Une application des théories d’ARISTOTE : La tragédie classique ne met en scène que de très hauts personnages (rois, reines...). Ceux-ci appartiennent à l’Histoire (Néron par exemple dans Britannicus) ou aux mythes de l’Antiquité comme pour Phèdre.
b. La vraisemblance
La tragédie racinienne se veut imitation de la
nature dans ses aspects universels. Les faits doivent donc paraître
vraisemblables aux spectateurs (il faut qu’il ait l’illusion qu’il assiste au
déroulement d’une histoire réelle).
c. La règle
de bienséance
Le souci de plaire est au cœur de l’esthétique classique : l’auteur se veut donc en harmonie
avec la morale et les goûts de son public de manière à rencontrer son adhésion.
La personne royale est, bien entendu, l’arbitre suprême du bon goût. S’instaure
dès lors une règle tacite : celle des bienséances (= conduites en accord avec
les usages). Il en existe de deux sortes.
• La bienséance dite « interne » : elle prescrit que le comportement des personnages doit être conforme à leur âge, à leur condition sociale, aux mœurs et aux coutumes de leur pays. C’est à la fois une question de logique et de vraisemblance. C’est sans doute dans cet esprit que RACINE choisit de ne pas « salir » Phèdre en la rendant directement responsable de la calomnie d’Hippolyte : c’est Oenone qui en est coupable.
• La bienséance dite « externe » : elle vise à ne pas choquer la sensibilité ni les principes moraux du spectateur. Elle interdisait donc la représentation sur scène d’actes trop violents (meurtres, suicides...) et des allusions trop marquées à la sexualité, à la nourriture, à la vie du corps en général. Ainsi, les scènes trop violentes font l’objet d’un récit : dans Phèdre, la mort d’Hippolyte sera racontée.
• La bienséance dite « interne » : elle prescrit que le comportement des personnages doit être conforme à leur âge, à leur condition sociale, aux mœurs et aux coutumes de leur pays. C’est à la fois une question de logique et de vraisemblance. C’est sans doute dans cet esprit que RACINE choisit de ne pas « salir » Phèdre en la rendant directement responsable de la calomnie d’Hippolyte : c’est Oenone qui en est coupable.
• La bienséance dite « externe » : elle vise à ne pas choquer la sensibilité ni les principes moraux du spectateur. Elle interdisait donc la représentation sur scène d’actes trop violents (meurtres, suicides...) et des allusions trop marquées à la sexualité, à la nourriture, à la vie du corps en général. Ainsi, les scènes trop violentes font l’objet d’un récit : dans Phèdre, la mort d’Hippolyte sera racontée.
d. La règle des trois unités
• L’unité
de temps : la durée de l’histoire ne doit pas dépasser 24 heures. L’idéal
est que la durée de l’histoire coïncide avec la durée du spectacle (3 heures
environ) mais comme c’était rarement réalisable, on admettait qu’elle s’étende
sur une journée. Au-delà, le décalage était trop grand et devenait
préjudiciable à la vraisemblance.
• L’unité de lieu : le lieu devait être un lieu unique durant toute la pièce (pas de changements de lieu, donc pas d changements de décors). Les auteurs tragiques situent donc leur histoire dans un lieu qui peut être traversé par n’importe qui (le Roi mais aussi les valets, les confidents...) : il s’agit souvent de manière générale, du palais ou de l’antichambre.
• L’unité d’action : elle n’est pas synonyme d’action simple mais implique que tous les fils de l’intrigue soient fortement tissés et que toute action (ou parole) d’un personnage ait une conséquence sur les autres. C’est donc un principe de cohérence : rien n’est gratuit, rien n’est superflu.
• L’unité de lieu : le lieu devait être un lieu unique durant toute la pièce (pas de changements de lieu, donc pas d changements de décors). Les auteurs tragiques situent donc leur histoire dans un lieu qui peut être traversé par n’importe qui (le Roi mais aussi les valets, les confidents...) : il s’agit souvent de manière générale, du palais ou de l’antichambre.
• L’unité d’action : elle n’est pas synonyme d’action simple mais implique que tous les fils de l’intrigue soient fortement tissés et que toute action (ou parole) d’un personnage ait une conséquence sur les autres. C’est donc un principe de cohérence : rien n’est gratuit, rien n’est superflu.
La tragédie classique prétend remplir une fonction
morale, conforme ainsi au principe d’ARISTOTE appelé la catharsis. En montrant
les conséquences ultimes et catastrophiques des passions, la tragédie purge l’âme du spectateur de ces
mêmes passions et l’incite à ne pas imiter les héros tragiques. Le théâtre rendrait
ainsi les hommes meilleurs...