Didier-Georges Gabily naît à Saumur le 26 août 1955. Enfance et
adolescence à Tours. Abandonne ses études secondaires en 1971. Divers
métiers, diverses expériences et dérives.
S'intéresse par hasard au théâtre. 1974 : Tours.
Rencontre André Cellier, directeur du centre dramatique, qui lui confie
une partie du travail avec les acteurs.
1978 : Paris. Il aime faire travailler les
acteurs et met en scène Tambours dans la nuit de Brecht, au Dix-Huit Théâtre. Il sort très endetté d'un travail qu'il
a, dit-il, peu aimé… Par ailleurs, ses pièces commencent à intéresser Théâtre Ouvert. L'une d'elles, L'emploi du temps,
est mise en scène par le Théâtre de l'Est
Lyonnais. Ce qu'il voit de la mise en scène (il
sort au bout de dix minutes) est pour lui une véritable déception : il
ne reconnaît pas le texte qu'il a écrit. Première
grande coupure, motrice, fondamentale. Années
d'errance. 1982 : Le Mans. Rencontre le Théâtre du Radeau et François
Tanguy. Cellier, nommé au Centre Dramatique du Maine,
lui propose de s'y intégrer. Il acceptera ses
commandes d'écriture (Scarron, 1983, Le Jeu de la commune,
1986), et exprimera le souhait de travailler
essentiellement sur un atelier. Il repartira
quelques mois plus tard, en désaccord artistique et ne trouvant pas sa
place dans ce type d'institution. Les années qui suivent,
il organise régulièrement des rencontres avec
des acteurs sur des périodes de quatre ou cinq mois. Le Groupe T'chan'G!
naîtra de ces rencontres régulières. 1986 : monte
L'Echange (seconde version) dans le
garage souterrain du Centre dramatique du Maine prêté par Cellier. Le
public est composé d'un cercle restreint d'amis (dont
Bernard Dort, qui avait très tôt reconnu en lui
"un des artisans les plus aigus et les plus exigeants de notre temps").
C'est le premier travail, dit-il, dont il est fier,
avec des acteurs qu'il aime. Si ce n'est par
l'intermédiaire des acteurs de L'Echange, qui, entrés dans les
écoles du TNS et de Chaillot, continueront à fréquenter
l'atelier qu'il dirige, il n'entretient presque
plus aucun contact avec le théâtre. 1988 : publie son premier roman, Physiologie d'un accouplement. Entre pièces
de commande (Evénements, 1988),
scénarios et petits métiers, il continue l'écriture de romans et la
formation d'acteurs. Il organise régulièrement des stages tous les
étés. Le groupe d'acteurs s'étoffe de gens qui
lui sont présentés par les acteurs de L'Echange. Ceux-ci lui proposent de monter Scarron.
Il refuse, tout en
leur promettant d'écrire un texte pour eux, un
texte "qui soit à leur bouche et qui, en même temps, pose des questions
dramaturgiques fortes." Dans ce but, il leur demande de
travailler avec lui encore deux ans sans
organiser de représentation publique. 1989 : le Groupe T'chan'G! est
créé. Gabily dirige l'atelier de formation pendant que le
premier groupe d'acteurs s'engage avec lui dans
des travaux au long cours, traversant les mythes (Travaux Orestiens, 1989 ; "Phèdre(s) et Hippolyte(s)",
1990-1991). Dans le même temps il termine l'écriture d' Ossia, variations à la mémoire d'Ossip et Nadejda Mandelstam,
commande d'André Cellier et Hélène Roussel,
qu'il mettra en scène en 1990 au Théâtre de
Poche Montparnasse et l'année suivante au Théâtre National de
Strasbourg. 1990 : parution de Couvre-feux, récit.
1991 : termine l'écriture de Violences pour les acteurs du groupe. La pièce est créée au Théâtre de la Cité Internationale en septembre. 1992 : écrit pour
Anne Torrès une pièce sur le mythe de Dom Juan : Chimère et autres bestioles. Son deuxième roman, L'Au-delà,
est édité. 1992-1993 : le Groupe
T'chan'G! dans son entier (une trentaine
d'acteurs) est accueilli au Théâtre de la Bastille et au Festival
d'Avignon pour deux créations : Des Cercueils de zinc,
d'après le recueil de témoignages sur la guerre d'Afghanistan de Svetlana Alexievitch, et Enfonçures,
oratorio-matériau sur la guerre du Golfe. 1993 (puis
1995) : le Théâtre National de Bretagne lui
propose de faire travailler les élèves de l'école. L'occasion pour lui
de poursuivre l'atelier : "Qu'est-ce qu'une
écriture? Comment se fabrique un texte?
Qu'est-ce que la poétique?" sont pour lui des questions essentielles. Il
s'agit de "tenter de faire accéder les acteurs à la poétique
du texte avant même de les faire accéder au
sens". Ils travaillent sur l'alexandrin, la langue de Garnier, de
Müller, d'Eschyle… Ce travail sur Les Juifves de Robert
Garnier sera présenté à La Passerelle, Scène Nationale de Saint-Brieuc. 1994 : écrit TDM3 (commande de Christian Colin). 1994-1995 : n'ayant pas les moyens
de monter les cinq Phèdre(s) et Hippolyte(s)
(Euripide, Sénèque, Garnier, Racine, Ritsos), il se trouve contraint
d'écrire, pendant la période de création, ce qu'il
appellera "Gibiers du Temps" : "un texte
générique sur ce que nous sommes, comment nous sommes dans le monde, à
travers le mythe de Phèdre". 1995 : écrit
"Contention, un baisser de rideau", commande de
Dominique Pitoiset. 1996 : les répétitions du diptyque "Dom Juan /
Chimère" sont interrompues par sa mort le 20 août.
http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Didier-Georges-Gabily/presentation/