Interview de l'écrivain sur arte: Edgar Hilsenrath
Au commencement, il y a un « putain de
livre », un roman explosif, un ovni littéraire. Une langue qui claque.
Une verve féroce, décomplexée, iconoclaste, drôle et bouleversante, qui
percute. Jakob Bronsky, tout juste rescapé de la Shoah, hante une
Amérique des laissés-pour-compte et des minables bien loin du rêve de
terre promise. Écrivain la nuit, crève-la-faim le jour, Jakob Bronsky
trimballe, de petits boulots en rencontres loufoques, son appétit de
vivre, les affres de la création et des fantasmes torrides. Situations
incongrues, dialogues déjantés et acides cultivant jusqu’au bout la
consternation désopilante… Le comédien Haïm Menahem et le saxophoniste
David Rueff se mettent au service d’une langue virtuose dans un
spectacle décoiffant et jubilatoire. On se prend à penser tour à tour à
John Fante, Samuel Beckett, Charles Bukowski, Sholem Aleikhem ou Woody
Allen...
Edgar
Hilsenrath parle de la Shoah avec une grande singularité en utilisant
une écriture burlesque, folle, excitée et jouissive avec des bouffées de
dérision et des moments hallucinatoires qui rendent le héros du livre,
Jakob Bronsky, à la fois drôle, absurde, émouvant et vivant. Rendre
compte, sur scène, de l'ironie féroce de l'auteur en faisant confiance à
son écriture lorsqu'il dépeint Jakob Bronsky avec ses pensées, ses
obsessions, ses fantasmes sexuels, sa vie d'exilé dans cette terre
promise américaine... Une narration vivante à l'image de la parole
d'Edgar Hilsenrath. Haïm Menahem