dimanche 29 novembre 2015

La campagne de Martin Crimp

Afficher l'image d'origineExtrait du dossier de la pièce:


Dans La Campagne, le langage est le lieu où les personnages se disent, se répètent, cherchent à exister et à se rendre réels, dans une atmosphère à la fois menaçante et ludique.

Martin Crimp est né en 1956 à Dartfort dans le Kent. Après des études à l’université de Cambridge, il commence une carrière dedramaturge à l’Orange Tree Theatre de Richmond et écrit pour la radio. Après avoir obtenu le John
Whiting Award for Drama en 1993, ainsi que plusieurs bourses d’écriture, il fait une résidence d’auteur à New York, puis devient, en 1997,auteur associé au Royal Court Theatre de Londres. Ses pièces, reconnues au-delà des
frontières britanniques au cours des années 1990, dissèquent notre époque contemporaine avec humour et cruauté. Martin Crimp a déjà traduit et adapté en anglais bon nombre d’auteurs français parmi lesquels Molière, Marivaux, Genet, Ionesco ou encore Koltès.
Dans une écriture cisaillée, il délaisse les conventions de la narration, rompt avec les catégories théâtrales et se place ainsi comme un auteur post-dramatique. C’est en ces termes qu’il qualifie le métier d’écrivain : on écrit parce qu’on aime ça ou parce qu’on a la nécessité de le faire ; les jours sans, aussi, vous font comprendre que vous êtes écrivain.
En 2002, il est joué au Théâtre National de Chaillot (Le Traitement, mis en scène par Nathalie Richard), en 2006, il est à l’honneur lors du festival d’Automne à Paris. L’univers de M. Crimp est ancré dans le concret du réel et en même temps, toujours sur le fil, pourtant il est toujours prêt à dérailler et à s’abîmer dans l’absurde. Devenu un auteur majeur, ses pièces sont traduites et jouées dans de nombreux pays d’Europe, notamment
en France, en Suisse et en Allemagne, parmi elles :
Probablement les Bahamas (1987), Pièce avec répétitions (1989), Personne ne
voit la vidéo (1990), Getting Attention (1991), Le Traitement (1993), Atteintes à
sa vie (1997), Claire en affaires (1998), La Campagne (2000), Face au mur (2002),
La Ville (2007), Play House, Tendre et cruel (2004), Vaclav et Amélia, La Pièce et
autres morceaux, Written on Skin (livret d’opéra de George Benjamin) (2012), Dans la République du bonheur (2013)…

Crimp et les auteurs britanniques : contexte

En Grande-Bretagne, à la fin des années cinquante, La paix du dimanche (1956) de John Osborne est prise comme emblème par les «jeunes gens en colère» , les «angry young men». Les auteurs de cette époque–là utilisent le cynisme comme arme littéraire pour critiquer la société anglaise.
Dans les années soixante, les dramaturges de l’absurde voient, selon d’Eugène Ionesco, «l’homme comme perdu dans le monde, toutes ses actions devenant insensées, absurdes, inutiles ». Beckett devient un des chefs de file de ce théâtre où des dialogues décousus et sans suite n’ont d’autre effet que de confirmer la fatalité qui domine les êtres et qui les fige dans une permanence définitive, sans passé et sans avenir.
Les années 70-80, donnent naissance à une génération d'écrivains dont les pièces sont fondées sur le miroitement d'une vérité insaisissable. Harold Pinter écrit des pièces sur des relations inexpliquées, avec un humour inquiétant, et le polémique Edward Bond dénonce de façon implacable la violence du monde moderne. À leur suite, Sarah Kane témoigne dans ses pièces de son mal de vivre et de ce même monde violent. Elle s’inscrit dans le mouvement «In yer face theatre», le théâtre coup de poing, ou théâtre de la provocation.

Dans les années 90, le théâtre de Martin Crimp aplanit les excès, mais ses comédies de l’absurde, limpides et complexes laissent entrevoir la folie des personnages. Ils sont sans cesse occupés par la pensée et l’effort de rechercher le mot juste.. Ses pièces sont des partitions musicales. A travers les mots et une écriture fragmentaire, Martin Crimp fait planer le deuil et l’absence sur un plateau ouvert à l’au-delà.