vendredi 15 janvier 2016

Notes sur Par-dessus bord 1 ( à suivre)

Pour vous aider à comprendre et travailler la pièce, je vous propose un feuilleton des notes de mon cours établies à partir de l'ouvrageThéâtre aujourd'hui numéro 8 Michel Vinaver.



Notes sur Par-dessus bord :
Ecrite après un long retrait de l’écriture en 1967, deux ans pour en venir à bout. Dimension gigantesque, plus de 50 personnages, 7h en version intégrale.
//Shakespeare en ce qu’elle met en scène les grands bouleversements du jour et inclut des personnages issus de tous les milieux sociaux.

Épanouissement de sa conception du théâtre développée depuis les années 50 : toutes les techniques y sont : exploitation d’événements quotidiens et contemporains, discontinuités, entrelacs d’éléments disparates, intervention de passages où tous les personnages parlent en chœur, décentrement de la narration.

Mais façon originale de résoudre la dualité omniprésente, conflit permanent entre deux postulations :« cheminement double », chemins qui semblaient s’être écartés. Pbl du temps dont il dispose en tant que PGD de Gilette qui écrase Vinaver écrivain. Pbl de la tendresse et engagement de l’écrivain envers les hommes qui  se heurtent aux nécessités du commerce : caractère impitoyable des marchés, lois de la concurrence qui broient les humains et ne tient pas compte de leurs relations.

Une œuvre autoréflexive : refuser la séparation identitaire entre le PDG et l’écrivain : inscrire l’auteur dans sa propre création cf succès des nouveaux romans, autofictions. Naissance de Passemar : cadre et auteur dramatique : doutes, illusions, hésitations= Vinaver,  s’adresse directement au public ( seul aparté dans tout le théâtre de Vinaver) pour témoigner de son angoisse et de la difficulté à écrire sur l’entreprise. La situation de l’écrivain  complète celle du cadre et vice versa. Tous les deux doivent faire comme s’ils maitrisaient la situation alors que ni l’un ni l’autre n’a prise sur les événements. Donc entremêlée réflexion sur les pbl littéraires de création et la quasi impossibilité de mettre en scène la vie d’une multinationale.

Problématique de l’identité. Tentative de raconter le monde moderne et de situer l’individu par rapport au pouvoir des grandes entreprises.

Thème majeur de son oeuvre à partir de 1967 : dynamique de l’adhésion et du rejet, du dedans et du dehors développée à partir de l’exploration du rapport de l’individu et de l’économique. 

« Dans la 2nde moitié du XXème siècle, c’est de plus en plus par l’économique- et non plus, comme autrefois par le divin, ou même par le social qui continue à se désagréger- que les gens tissent leur lien au monde. » Ecrits sur le théâtre Vinaver

 Montre comment le besoin d’adhérer à un groupe passe par les relations de l’employé à l’entreprise. Ironie de ces pièces car l’entreprise elle est prête à sacrifier sans pitié si la loi et le profit l’exigent, les personnages agissent comme si leur entreprise répondait à leurs besoins profonds tandis qu’il n’en est rien. D’autant plus grotesque qu’il s’agit d’une entreprise de PQ dont on attend le salut. Connotations à la fois dérisoires et rabelaisienne (faire lire le passage du Torche cul de Rabelais in Gargantua chapitre 13 en français moderne ici) + pour les L ou les curieux, l'analyse de ce chapitre par Bakhtine ici)

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Dossier de la mise en scène par Roger Planchon au théâtre de Villeurbanne:http://www.tnp-villeurbanne.com/cms/wp-content/uploads/2011/10/cahier_pdb.pdf