Figaro le roturier-le self made man
« enfant trouvé » ( Horvath acte I tableau 3 »,
croit être de naissance noble chez Beaumarchais et cherche « ses nobles
parents » depuis 15 ans avant de se découvrir fils illégitime de Bartholo
et Marceline ( acte II scène XVI du Mariage) : sorte de frustration de n’être
pas né aristocrate, c’est-à dire dans la société du 18ème un homme
que sa naissance prédispose à une réussite sociale qui lui est due.
Mais chez Horvath : Valet de chambre de son excellence le Comte Almaviva pour toujours
Mais chez Horvath : Valet de chambre de son excellence le Comte Almaviva pour toujours
Domestique roturier insatisfait de sa condition. Le fait que
le Mariage ait été créé à la veille de la révolution de 1789 a incité à y voir une part critique,
plus contesté aujourd’hui
mais clair que destin de Figaro a à voir avec l’Histoire.
mais clair que destin de Figaro a à voir avec l’Histoire.
Le couple maître/valet
Issu de la comédie traditionnelle ( voir article "valet de
comédie") au service des amours de son maître sans témoigner des difficultés de
sa condition. Cf Sganarelle se plaint de servir « un grand seigneur
méchant homme » mais pas un aristocrate en soi.
Déjà chez Mozart contemporain de Beaumarchais même s'il est au service des amours de son
maitre, Leporello chante : « nuit et jour se fatiguer/ pour qui n’en sait aucun
gré : supporter pluie et vent, manger mal et mal dormir/ je veux faire le
gentilhomme/ et je ne veux plus servir.
Barbier : « Un grand nous fait assez de bien
quand il ne nous fait pas de mal » ( Acte I sc.2)
« Aux vertus qu’on exige d’un domestique, Votre
excellence, connaît-elle beaucoup de maitres qui fussent dignes d’être valets ? »
sorties du contexte éminemment contestataires, critiquent le pouvoir et la
morale des grands, mais aussi bons mots brillants aux structures binaires
équilibrées. Le Comte répond « pas mal » à la saillie sensible à l’esprit
de son valet. Figaro = bouffon, mot qu’emploiera l’Officier chez Horvath »
un véritable bouffon », porte une
parole de vérité et jouit de l’impunité que lui vaut son statut à condition que
son impertinence amuse le Roi dans le Barbier Figaro amuse le Comte. Figaro pas
agressif : cf réplique un peu plus tard : « Vous me voyez enfin
établi à Séville, et prêt à servir de nouveau Votre excellence en tout ce qui
lui plaira de m’ordonner », une seule scène, contestation qui ne réapparait
plus après.
Mariage : dès la première
scène, sujétion de Figaro mais surtout de Suzanne mise en avant : chambre attribuée, mais
Figaro la voit comme un confort pour répondre aux demandes des maîtres, ne voit
pas le symbole de sa servitude. C’est la jalousie amoureuse qui le fera réagir.
Scène de l’acte III pendant de celle du Barbier
» C’est qu’ils n’ont point de valets pour les y aider » «
Tenez Monsieur n’humilions pas l’homme qui nous sert bien, craint d’en faire un
mauvais valet », pertinence, dignité humaine du valet, là pas d’amusement,
le comte en aparté : « le maraud m’embarrassait ! en disputant,
il prend son avantage. » sc 8 supériorité rhétorique du valet ;
affrontement idéologique mais aussi méta-théâtralité, ouverture pour des mises
en scènes différentes : rivaux pour séduire Suzanne surtout d’où des
échanges plus durs ; premier monologue « il y a de l’abus » «
cf préface « critique d’une foule d’abus qui désolent la société ; »
critique que tout homme du tiers état et pas seulement un valet pourrait
formuler.
Figaro l’homme de la révolution ?
« un raisonneur
révolutionnaire » Francisque Sarcey, en effet monologue de l’acte IV le
laisserait penser : longueur, pause dans l’action comme si Beaumarchais
donnait à son héros l’occasion d’exprimer une pensée qui dépasse le stricte
cadre de l’intrigue. Plongée autobiographique , analyse des structures sociales
très différent du premier monologue.
Adresse au public, posture d’orateur :
cf « que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si
légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil !
Je lui dirais… que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on
en gêne le cours ; que sans la
liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur, et qu’il n’y a que les
petits hommes qui redoutent les petits écrits. » : effets de cadence
oratoires, recherche de clausule majeure, procédés que l’on retrouve dans les
discours de Saint Just + didascalies : il se lève et il se rassied .
Bcq de mise en scène modernes cependant
ne tiennent pas compte de cette posture d’orateur .
Sc2 : action du 5ème acte avant le
monologue : réunion organisée par figaro : « une troupe de
valets et de travailleurs » hétérogène sur le plan de l’action mais pas au
plan politique : représentant du tiers état : projet « prendre
au piège « le loyal seigneur » qui cherche à user du droit de
cuissage, ce « droit fâcheux » privilège qui symbolise à lui seul l’arbitraire
scandaleux d’une classe sur une autre ; dans les scènes finale tout le monde
revient pour confondre le comte totalement isolé qui capitule.
Emblème de la victoire du Tiers
Etat sur la noblesse, sorte de nuit du 4 aout traitée sur le ton de la comédie ;
Mais beaucoup de metteurs en scène
se détournent de cette voie interprétative. Vincent, Rauck cf l’universitaire
Jacques Scherer déjà : « Beaumarchais n’a ni voulu ni cru être un
précurseur de la révolution. »
Mère coupable : « la
scène est à Paris…et se passe à la fin 1790 », texte écrit en 1792 volonté d' inclure
la révolution dans l’horizon historique de la pièce. Dialogue qui fait allusion
aux nouvelles mœurs « le divorce s’est établi » acte I sc.4 mais l’intrigue
ne fait pas de place aux événements historiques.
Léon jeune homme vertueux
éduqué par les généreuses idées révolutionnaires, Bégears profiteur malsain de
tout régime qui cherche à modifier les structures sociales. Figaro lui n’assume
jamais les prédispositions révolutionnaires pressenties dans le Mariage cf réplique
à la fin : » Ma récompense est de mourir chez vous. Jeune, si j’ai
failli souvent, que ce jour acquitte ma vie ! » désaveu de ce qui a
été la conduite de Figaro dans le Mariage .
Figaro Divorce : thématique
révolutionnaire constante, personnages qui « fuient la révolution ", dernières
répliques du Comte : « C’en est fini de la révolution ? »
Interrogation sur les rapports entre Figaro et la révolution : Relayé par
Suzanne , il se vante de tout prévoir. Le Comte lui demande : Même la
Révolution ? » -Figaro : cela n’aurait pas été sorcier de la
prédire. -Le Comte le fixant : Pas sorcier -Figaro esquivant :
Nous étions tous sourds. ou aveugles.
Donc Figaro comme les autres hommes ne l’avait
pas prévue, en conséquence il ne pouvait en être le porte-parole cf
douanier : « Et pourtant ce brave homme- désignant Figaro, grand
dieu, ne saurait être soupçonné d’être un messager de la révolution. »
Révolution plus seulement celle de
1789 mais montée du nazisme cf le metteur en scène J. Lassalle : Horvath
célèbre une dernière fois ici le siècle des lumières, avant qu’à la manière
nazie il ne soit gazé ou liquidé d’une balle dans la nuque. »
Figaro : Tu ne lis donc pas
les journaux ? Tous les deux jours un nouveau gaz de combat, des lance-
flammes, des rayons mortels. » Armes de guerre, pas contexte de la
révolution
Cf Fin de la mise en scène de Lassalle :
sur un plateau tournant qui évoque le manège pour enfant, les comédiens
statufiés défilent chacun mis en joue par un homme armé d’un fusil au centre du
dispositif.