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6 h 30. «Le Réveil». Une femme se lève.En retard. Le bébé à changer, à laver, talquer, porter à la crèche avant d'aller à l'usine. Au galop. Au moment de sortir, plus de clef. Enfermée. Et la voilà lancée
dans une escalade à rebours, acrobatique,de la mémoire, pour retrouver où est passée cette clef.
Elle refait tout le parcours quotidien de gestes et objets de la veille. Une jonglerie où les objets ne tombent plus à leur place, où le rituel se détraque — le fromage râpé à la place du talc, le sucre dans le bocal de bicarbonate et vice-versa,lle lait dans la machine à laver, le bébé dans l'armoire... Monologue pour conjurer, réparer, remettre en place,faire durer la mécanique, et où apparaît
en même temps le jeu grinçant de la fatigue, de l'enfermement, de la difficulté d'échange entre l'homme et la femme, des domaines réservés à l'homme (la politique)... et à la femme, de l'amour comme point de fuite. Détournement de révolte par la tendresse.
Moment clownesque: aurait-elle avalé la clef? Déplacement des jours aussi:quand elle a reconstitué le puzzle de la veille et retrouvé la clef, c'est pour s'apercevoir, au bout de ce parcours de funambule somnambule, que c'est dimanche. Elle se recouche en rêvant au dimanche éternel."
https://www.erudit.org/culture/jeu1060667/jeu1064471/28856ac.pdf