vendredi 10 juin 2016

descriptif pour l'examen: Projet Figaro

Troisième et dernière partie du programme : Figaro : un personnage en verve et en musique
Le dernier projet a été mis en scène par Chiara Villa avec laquelle les élèves avaient déjà travaillé l'année précédente sur la pièce Lampedusa Beach de Lina Prosa.
De manière générale, le travail de Chiara Villa est profondément engagé et s'intéresse à l'actualité, il permet d'une manière ou d'une autre de montrer les travers de notre société et cherche à faire naître une réflexion de la part du spectateur mais également chez nos acteurs en devenir.
Il apparaît d'ailleurs que le projet que nous avons nommé « Figaro, le barbier » insiste également, par l'intermédiaire de l'itinéraire de ce personnage désormais quasi mythique, sur le rapport entre l'individu et la société : la recherche de sa place au sein d'une collectivité est un des questionnements principal du Figaro d'Horvath, cet être en quête de lui-même alors qu'immigré. Ainsi, Chiara Villa a choisi de mettre en valeur la pièce Figaro Divorce d'Horvath dans la mesure où elle permet de voir ce qu'est devenu Figaro : un bourgeois hypocrite soumis à l'argent qui a peu à peu oublié ses idéaux. La résonance avec la société actuelle nous a paru particulièrement probante. La perte de valeur dans le monde contemporain a donc été soulignée en partant du personnage tel qu'il est aujourd'hui, c'est-à-dire en lien avec la question de l'agent, la complexité de la filiation ou encore le problème de la xénophobie.
Toutefois, le choix a été fait de clore la pièce sur une note plus optimiste puisque la pièce s'achève sur deux caractéristiques propres aux pièces de Beaumarchais : à savoir le comique et la dynamique des personnages qui transparaissent nettement au début du Mariage de Figaro. Le fait de clore cette aventure scénique sur le Mariage de Figaro (avec la scène du fauteuil) et donc sur une note un peu plus légère (bien que l'on sente à la fin de la pièce de Beaumarchais un pessimisme croître) a permis de justifier un refus du pessimisme total mais aussi une certaine nostalgie venue d'un temps révolu.
Malgré tout, les passages retenus révèlent le caractère intemporel de ces pièces parce que les questions qu'elles posent mériteront toujours d'être posées. D'ailleurs, la révolution en toile de fond des deux pièces est finalement une révolution parmi d'autres, Horvath met en valeur le caractère cyclique de celle-ci et exprime son éternel retour du fait de la médiocrité de l'Homme.
De plus, les opéras de Rossini et de Mozart ont été utilisés pour marquer les transitions entre les scènes. Les airs choisis reflètent à chaque fois l'état d'esprit d'un ou de plusieurs personnages. Cela permet aussi de dynamiser la pièce, à la manière de la « folle journée ».
Au niveau scénique, la première scène est jouée au milieu de la scène puis les scènes qui montrent les personnages tels qu'ils sont aujourd'hui sont jouées à cour et celles qui ont trait à leur passé sont jouées côté jardin. Le parti pris oscille dont entre ruptures et continuité avec l'univers de Beaumarchais.
Un grand travail d'autonomisation des élèves et de compréhension des textes ont été effectués. Dès la première séance au plateau, Chiara a insisté sur les accessoires, les éléments de décors et les éléments de costumes dont devait s'occuper chaque élève. Chacun a d'ailleurs dû trouver un élément de costume qui lui semblait propre à son personnage. Les élèves ont donc été mis face à leurs responsabilités et cela leur a permis de mieux comprendre les différentes facettes du travail de l'acteur : ce travail qui ne s'effectue pas uniquement au plateau mais qui est également important en coulisses et demande à a fois concentration et rapidité. Un réel travail de mise en scène a été privilégié sur ce projet et chaque déplacement ou geste a été expliqué à l'élève pour qu'il comprenne bien que tout fait sens au théâtre. Pour la compréhension du texte, Chiara Villa et le professeur ont beaucoup travaillé sur les intentions des personnages, ces personnages qui sont de véritables figures de proue du théâtre français. Les deux couples Figaro/Suzanne et le Comte/la Comtesse sont des figures éminemment connues et représentent deux visions différentes du couple chez Beaumarchais. Chez Horvath, ce sont les vestiges de ces couples emblématiques qui apparaissent. Il fallait donc que les élèves aient bien conscience de ce changement des personnages mais également de tout le poids d'un passé flamboyant qui était le leur : pour comprendre le délitement de l'amour, il fallait comprendre ce qu'il avait été autrefois.
La question du couple a donc été très largement développée dans ce travail puisque les deux couples sont très souvent mis en regard et leurs problèmes traduisent ceux propres à deux âges différents du couple tout en soulignant la difficulté atemporelle de la relation amoureuse avec l'autre.
Au départ, chaque élève devait interpréter Figaro mais le parti pris a finalement été d'attribuer un rôle à chaque élève voire plusieurs rôles pour les élèves qui avaient des rôles d'ampleur moindre. Chiara a fait ce choix d'après ses connaissances sur les élèves : les rôles principaux pour les élèves qui apprennent vite leurs textes et la prise en charge de plusieurs seconds rôles pour les élèves qui s'adaptent facilement aux contraintes que demande le changement de personnage.