Troisième
et dernière partie du programme : Figaro : un personnage
en verve et en musique
Le
dernier projet a été mis en scène par Chiara Villa avec laquelle
les élèves avaient déjà travaillé l'année précédente sur la
pièce Lampedusa Beach de
Lina Prosa.
De
manière générale, le travail de Chiara Villa est profondément
engagé et s'intéresse à l'actualité, il permet d'une manière ou
d'une autre de montrer les travers de notre société et cherche à
faire naître une réflexion de la part du spectateur mais également
chez nos acteurs en devenir.
Il
apparaît d'ailleurs que le projet que nous avons nommé « Figaro,
le barbier » insiste également, par l'intermédiaire de
l'itinéraire de ce personnage désormais quasi mythique, sur le
rapport entre l'individu et la société : la recherche de sa
place au sein d'une collectivité est un des questionnements
principal du Figaro d'Horvath, cet être en quête de lui-même alors
qu'immigré. Ainsi, Chiara Villa a choisi de mettre en valeur la
pièce Figaro Divorce
d'Horvath dans la mesure où
elle permet de voir ce qu'est devenu Figaro : un bourgeois
hypocrite soumis à l'argent qui a peu à peu oublié ses idéaux. La
résonance avec la société actuelle nous a paru particulièrement
probante. La perte de valeur dans le monde contemporain a donc été
soulignée en partant du personnage tel qu'il est aujourd'hui,
c'est-à-dire en lien avec la question de l'agent, la complexité de
la filiation ou encore le problème de la xénophobie.
Toutefois,
le choix a été fait de clore la pièce sur une note plus optimiste
puisque la pièce s'achève sur deux caractéristiques propres aux
pièces de Beaumarchais : à savoir le comique et la dynamique
des personnages qui transparaissent nettement au début du
Mariage de Figaro. Le fait
de clore cette aventure scénique sur le Mariage
de Figaro (avec la scène
du fauteuil) et donc sur une note un peu plus légère (bien que l'on
sente à la fin de la pièce de Beaumarchais un pessimisme croître)
a permis de justifier un refus du pessimisme total mais aussi une
certaine nostalgie venue d'un temps révolu.
Malgré
tout, les passages retenus révèlent le caractère intemporel de ces
pièces parce que les questions qu'elles posent mériteront toujours
d'être posées. D'ailleurs, la révolution en toile de fond des deux
pièces est finalement une révolution parmi d'autres, Horvath met en
valeur le caractère cyclique de celle-ci et exprime son éternel
retour du fait de la médiocrité de l'Homme.
De
plus, les opéras de Rossini et de Mozart ont été utilisés pour
marquer les transitions entre les scènes. Les airs choisis reflètent
à chaque fois l'état d'esprit d'un ou de plusieurs personnages.
Cela permet aussi de dynamiser la pièce, à la manière de la
« folle journée ».
Au
niveau scénique, la première scène est jouée au milieu de la
scène puis les scènes qui montrent les personnages tels qu'ils sont
aujourd'hui sont jouées à cour et celles qui ont trait à leur
passé sont jouées côté jardin. Le parti pris oscille dont entre
ruptures et continuité avec l'univers de Beaumarchais.
Un
grand travail d'autonomisation des élèves et de compréhension des
textes ont été effectués. Dès la première séance au plateau,
Chiara a insisté sur les accessoires, les éléments de décors et
les éléments de costumes dont devait s'occuper chaque élève.
Chacun a d'ailleurs dû trouver un élément de costume qui lui
semblait propre à son personnage. Les élèves ont donc été mis
face à leurs responsabilités et cela leur a permis de mieux
comprendre les différentes facettes du travail de l'acteur : ce
travail qui ne s'effectue pas uniquement au plateau mais qui est
également important en coulisses et demande à a fois concentration
et rapidité. Un réel travail de mise en scène a été privilégié
sur ce projet et chaque déplacement ou geste a été expliqué à
l'élève pour qu'il comprenne bien que tout fait sens au théâtre.
Pour la compréhension du texte, Chiara Villa et le professeur ont
beaucoup travaillé sur les intentions des personnages, ces
personnages qui sont de véritables figures de proue du théâtre
français. Les deux couples Figaro/Suzanne et le Comte/la Comtesse
sont des figures éminemment connues et représentent deux visions
différentes du couple chez Beaumarchais. Chez Horvath, ce sont les
vestiges de ces couples emblématiques qui apparaissent. Il fallait
donc que les élèves aient bien conscience de ce changement des
personnages mais également de tout le poids d'un passé flamboyant
qui était le leur : pour comprendre le délitement de l'amour,
il fallait comprendre ce qu'il avait été autrefois.
La
question du couple a donc été très largement développée dans ce
travail puisque les deux couples sont très souvent mis en regard et
leurs problèmes traduisent ceux propres à deux âges différents du
couple tout en soulignant la difficulté atemporelle de la relation
amoureuse avec l'autre.
Au
départ, chaque élève devait interpréter Figaro mais le parti pris
a finalement été d'attribuer un rôle à chaque élève voire
plusieurs rôles pour les élèves qui avaient des rôles d'ampleur
moindre. Chiara a fait ce choix d'après ses connaissances sur les
élèves : les rôles principaux pour les élèves qui
apprennent vite leurs textes et la prise en charge de plusieurs
seconds rôles pour les élèves qui s'adaptent facilement aux
contraintes que demande le changement de personnage.