vendredi 10 juin 2016

Descriptif pour l'examen: projet Cendrillon

Deuxième partie du programme : Cendrillon de Joel Pommerat

Comme cette pièce avait déjà été montrée par les élèves de terminales des deux précédentes années lors de la traditionnelle présentation de travaux, il a été décidé en accord avec le partenaire artistique, le comédien Patrice Verdeil, que la promotion 2016 travaillerait uniquement les scènes qu'ils voudraient présenter au baccalauréat. Toutefois, les scènes choisies par le groupe ont révélé une cohérence entre elles dans la mesure où elles éclairaient le processus de deuil chez Cendrillon en insistant sur le contexte familial dans lequel elle évoluait. Le choix retenu a été de développer les rapports entretenus par Sandra avec les autres et de montrer comment ils éclairent le rapport complexe de la jeune fille à la mort de sa mère mais également au refus d'être elle-même. Une seule scène ne met la très jeune fille en scène et montre la relation dominant/dominé qui est celle que le père et la belle-mère développent. Le travail opéré a donc cherché à montrer comment peu à peu Sandra reconquérait son identité, comment les autres personnages l'ont aidée ou au contraire ont tenté de l'en dissuader en la salissant verbalement et en la moquant.

Mais cette évolution du personnage dans ce processus d'accouchement de soi devait s'appuyer sur un jeu sincère et minimaliste, à l'image du parti pris de Pommerat. Patrice Verdeil a demandé à ce que les élèves jouent au plus « juste » en développant l'émotion dans certaines scènes ou alors en soulignant les traits des sœurs ou de la belle-mère pour en faire des « opposants » traditionnel du conte dont toute la mesquinerie ressortirait, mais toujours dans l'idée de ne pas en faire trop, le texte suffisant à exprimer les petits bonheurs et les points de rupture des personnages. Jouer « juste » sous-entendait dès lors, jouer au plus près de la signification du texte. Un grand travail de compréhension de l’œuvre a été fait en amont et a permis d'éclairer le sens de certaines scènes. Par exemple, il y a eu débat autour de la question de l'amour possible entre Sandra et le Prince mais finalement, seule l'idée d'un « sauvetage mutuel » des personnages a été retenue, le groupe trouvant que la dimension amoureuse n'était pas un enjeu primordial dans ce texte.

A la première lecture, les élèves ont d'emblée souligné la dimension comique du texte, il a donc été décidé que lorsque cela s'y prêterait, cette dimension serait rendue apparente et même soulignée. Ainsi, dans la scène de la buanderie, les deux sœurs sont jouées par deux garçons qui mettent en avant le fait qu'ils « jouent des filles », c'est-à-dire que cette scène marque un décalage et montre les deux sœurs telles deux idiotes égocentriques mais également sadiques. Il fallait montrer le véritable visage de ces filles mais aussi montrer leur violence.

Un réel travail dramaturgique a donc été opéré sur la recherche d'un jeu traduisant une vérité chez les comédiens, comme le préconise d'ailleurs Joël Pommerat. Il a fallu aux élèves qui incarnaient Sandra désapprendre à « jouer » pour ne laisser place qu'à la sincérité touchante de cette jeune fille. Le travail a donc mis en exergue la recherche de naturel à l'image de Sandra, de la Fée ou encore du Prince. Le partenaire artistique, Patrice Verdeil, voulait que le texte soit pris tel quel, que les élèves expriment la simplicité de l'écriture de Pommerat mais aussi que la tension du corps soit palpable parce que, dans une certaine mesure, c'est par elle que passe les émotions. Pommerat explique lui même que son théâtre s'adresse aux sens avant de s'adresser à l'intellect. L'idée demandée par le metteur en scène était simple : jouer de manière « primaire » (ou première) le texte sans forcer la lecture psychologique dans le but, paradoxal, que la psychologie des personnages apparaisse.