vendredi 10 juin 2016

Descriptif pour l'examen: Projet Bacchantes

L’année scolaire a commencé par le projet sur les Bacchantes d’Euripide conduit par la comédienne et metteur en scène, Sandrine Pires. Nous l’avons intitulé « Au c(h)oeur des Bacchantes » car Sandrine a voulu mettre l’accent, même si c’était une gageure car le groupe n’est composé que de six élèves, sur le chœur, ce qu’il raconte - à lui seul il permet presque de découvrir la fable- et ce qu’il montre de l’ambivalence du dieu que les Lydiennes servent, célèbrent et révèrent, Dionysos, source de bienfaits, à la fois suprême douceur et le plus terrible des dieux qui parfois les terrorise.
Travailler le chœur, c’était mettre en jeu les corps en transe, chercher la danse bachique, la possession par le dieu, la métamorphose ritualisée des Bacchantes en puissances animales en exploitant le bestiaire évoqué par le texte. C’était expérimenter les effets que la présence du dieu produit sur elles à différents moments de la pièce : fatigue et joie dans la parodos où le chant des Bacchantes contribue à créer la présence du dieu : « Façonnez par des évohés le dieu de l’évohé ».
Nous avons consacré des séances à la recherche du costume des Bacchantes, chaque élève construisant sa tenue tout en conservant un trait commun qui a été la déchirure des vêtements, à la recherche des thyrses aussi. Le groupe a finalement opté pour des cannes et des béquilles symbolisant la longue marche des Bacchantes d’Asie, leur faiblesse quand elles sont loin du dieu, un dieu qui aide à vivre, comme le vin qui sans excès soulage, donne de la douceur. La métaphore de la béquille renvoie à une certaine conception de la foi comme soutien et remède à la fragilité existentielle.
L’ambivalence de Dionysos se manifeste aussi par les effets qu’il produit sur d’autres personnages, Tirésias et Cadmos qui retrouvent une seconde jeunesse, ce que Penthée à son retour constate et désapprouve. La dimension comique de l’exaltation des vieillards rêvant de se faire bacchants permettait là aussi de laisser toute sa place à un jeu corporel.
Mais le dieu, le rugissant, peut être terrible avec ses ennemis, même sous le travestissement de son sectateur, lorsqu’il met le feu au palais de Penthée et s’évade, maître de l’illusion, en se transformant en taureau suscitant la terreur.
A chaque étape du projet, Sandrine a insisté pour que le corps soit à la hauteur du texte, engagé et présent, en proie au rythme du dieu percussionniste et à sa force. Les élèves n’utilisent pas d’autres éléments de percussion au plateau que leurs corps et les thyrses. Les bacchantes soutiennent leur dieu, prennent fait et cause pour lui, se métamorphosent elles mêmes en taureau d’où émerge la voix du dieu, deviennent toréador pour attirer Penthée.
Nous avons ainsi conservé une partie du quatrième épisode où l’on voit Penthée se laisser séduire par le dieu et conduire au supplice. Autre effet que sait produire le dieu.
Le quatrième stasimon a été travaillé avec toute la rage et la force guerrière requise pour ce chant de vengeance à l’égard du fils d’Echion qui a refusé de reconnaître le dieu, son demi-frère. Nous recommandons d’ailleurs aux correcteurs quelles que soient les parties choisies par ailleurs pour évaluer les candidats de les entendre dans ce mouvement particulièrement travaillé pour que texte et corps se répondent.
Nous avons également conservé le cinquième épisode en divisant le messager en deux voix : pendant que l’un parle, l’autre raconte gestuellement ce qui se passe, dansant sur le récit proféré, révélant les effets produit sur les Thébaines par la mania divine. Il s’agissait de rendre cette parole active, les deux messagers n’en font qu’un et en même temps proposent déjà un double point de vue, le corps prolonge les mots, et ouvre le sens de manière concrète, c’est une tentative pour rendre cette parole la plus vivante et concrète possible, c’est susciter chez le spectateur un exercice de visualisation, pour que le spectateur n’en perde pas une miette” devenant voyeur à son tour.
La forme brève inventée pour la présentation de travaux se termine sur le kommos et le retour d’Agavé après une orgie sanglante symbolisée par l’usage d’une « matière rouge » : tissus, laines, plumes…
L’ensemble de notre projet a proposé un travail sur l’ambivalence et sur les excès de l’engagement religieux (ou comment cerner la limite entre la foi qui apaise et le fanatisme qui mène à violence, entre l’aveuglement collectif et le besoin de se rassembler pour se sentir vivre intensément.)

Découpage des Bacchantes proposé par Sandrine Pires
- Parodos jusqu’à « façonnez par des évohés le dieu de l’évohé » (tous)
-Premier épisode Tirésias (Pierre-Marie) et Cadmos ( Clément) jusqu’à l’entrée de Penthée (Kadir) avec coupure des vers 199 à 209, Penthée reprend à « Je vois Tirésias ( vers 248) jusqu’à « Je dis que le culte est totalement pourri » coupure du Coryphée, reprise Tiresias jusqu’à vers 271.
- Troisième épisode : Kommos (tous) à partir de “Allume la torche éclatante de la foudre”
Dionysos (Pierre-Marie) jusqu’à « Il a allumé le feu » (vers 624)
-Quatrième épisode : Dionysos (Laura )Penthée (Clément) depuis vers 918 jusqu’à 971
-Quatrième Stasimon (tous)
-Cinquième épisode deux messagers (Elodie et Kadir) + chœur (tous)
-Exodos (tous) Agavé (Lise) jusqu’à l’entrée de Cadmos
Reprendre pour finir (en vue d’une présentation)
Glorieux combat: embrasser son enfant d’une main dégoulinante de sang »