mardi 18 octobre 2016

Beaumarchais et la musique ( suite 3)



Musique et caractère des personnages : La gaieté de Figaro
 Figaro diffuse autour de lui la gaieté cf in Lettre Modérée «  barbier, beau diseur, mauvais poète, hardi musicien, grand fringueneur de guitare et jadis valet de chambre du comte » gaieté reconnue principalement par les femmes de son entourage cf Suzanne dans Le Mariage : « j’aime ta joie, parce qu’elle est folle ; elle annonce que tu es heureux. »
Cf 2ème scène du Barbier où Figaro compose sa chanson : » bannissons le chagrin/ il nous consume » pourraît être sa devise et peut-être celle de son auteur . gaieté, éloge de l’ivresse, de la paresse, confection laborieuse de vers suscitent un effet de sympathie teintée de ridicule, relation de connivence.
Mais Figaro victime du temps : gaieté qui se fane cf monologue du Mariage, questionnement ontologique sur « sa  bizarre destinée ». Carrière musicale encore la mais en mineur : « musicien par occasion »
« Je l’ai jonchée d’autant de fleurs que ma gaieté me l’a permis, encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce Moi dont je m’occupe : »
Dans Mère Coupable plus d’autoportrait mais un portrait fait par le Tartuffe de la probité son ennemi : canaille « de valet, barbier, chirurgien, vous l’avez établi trésorier, secrétaire ; une espèce de factotum » cherche à le discréditer pour l’éloigner car il est honnête et sait trop d choses. Plus de musique. En temps de deuil et de culpabilité gaieté et musique ne sont plus de saison.

 Musique et comique :
Musique accompagne la gaieté cf « l’ancienne et franche gaieté » sert la bouffonnerie et le travestissement
Barbier : l’ancien valet devient le maître d’Almaviva, renversement. En lui prêtant sa guitare et en lui faisant répéter son rôle de cavalier ayant « l’ivresse du peuple » 2ème acte à dominante farcesque renversement burlesque. ( qui choqua certains nobles délicats) subterfuge qui échoue cependant. Satire des médecins cf Molière.
Ex aussi de la ritournelle grivoise de Bartolo en contraste avec le duo des amants de sensibilité galante.
Dans Mariage dimension bouffonne assurée par Bazile,  retour scène 10 du IV ème acte fait rire : il arrive «  entouré d’un village entier parce qu’il chante en marchant » comme un nouveau messie drainant les foules. Air connu du public de l’époque qui fait l’apologie de l’inconstance. Cf Cœur sensibles, cœurs fidèles/ Qui blâmez l’amour léger/ Cessez vos plaintes cruelles : est-ce un crime de changer, si l’Amour porte des ailes/ n’est ce pas pour voltiger ?
Comique qui repose sur des effets de décalages : caractère léger de Bazile détonne avec le sérieux de l’union de Figaro et Suzanne + sa propre demande en mariage de Marceline s’accorde plus avec le dessein libertin du Comte : ironie dramatique ;