Pinar Selek
est une femme turque, antimilitariste, sociologue, écrivaine et militante pour
les droits de l’Homme. Elle s'inscrit dans les luttes locales et
internationales contre toutes les formes de domination en espérant contribuer à
réinventer la politique malgré la violence extrême et voir un jour un monde de paix
et de justice, pour toutes et tous.
Fin des
années 90; Pinar Selek est connue dans son pays, la Turquie, elle écrit des
livres, elle publie des articles, elle défend les minorités à qui elle donne
voix à travers ses écrits. Le 11 juillet 1998, à 27 ans, elle est arrêtée par
la police d'Istanbul et torturée pour la forcer à donner les noms des personnes
qu'elle a interviewées. Elle résiste et une nouvelle forme de torture est alors
utilisée : elle est accusée d'avoir déposée la bombe qui aurait, le 9 juillet
1998, fait sept morts et plus de cent blessés au marché aux épices d'Istanbul.
Plusieurs rapports d'experts ont beau certifier qu'il ne s'agit pas d'une bombe
mais de l'explosion accidentelle d'une bouteille de gaz, c'est le début d'un
acharnement politico-judiciaire qui est aujourd'hui dans sa dix-
septième
année.
Elle passe
deux ans et demi en prison et une grande solidarité semet en place qui réunit
de nombreux avocats, des intellectuels et beaucoup de personnes qu'elle a
croisées au cours de ses engagements et de ses recherches. En prison, Pinar
Selek écrit beaucoup, mais tous ses textes sont confisqués.
En décembre
2000, elle est finalement libérée et elle met à profit sa notoriété pour
organiser une grande «Rencontre des femmes pour la paix » à Diyarbakir. Cette
première mobilisation sera suivie d'autres rencontres qui auront lieu à
Istanbul, Batman et Konya. En 2006, elle
est
finalement acquittée après un travail énorme du collectif d'avocats pour faire
tomber une à une toutes les accusations basées sur de faux témoignages
extorqués sous la torture et la fabrication de fausses preuves. Mais la cour de
cassation s'acharne et fait appel au verdict.
Pinar Selek
continue à organiser et à participer à de nombreuses rencontres et
manifestations antimilitaristes. Elle écrit également dans divers journaux et
magazines contre le militarisme, le nationalisme, l’hétéro sexisme, le capitalisme,
et toutes les formes de domination. Elle est de nouveau acquittée en 2008, mais
un nouvel appel de la cour de cassation casse le verdict et la pousse à partir de
Turquie. Elle reçoit une bourse du Pen Club Allemand dans le cadre du programme
«écrivains en exil » et c'est à Berlin qu'elle termine son premier roman Yol
geçen hani(L'auberge des passants) publié
en Turquie en 2011 et en Allemagne la même année.
Depuis son
exil l’acharnement judiciaire continue entre condamnations et acquittements.
Ses avocats font appel et dénoncent ce déni de justice et l'illégalité des
procédures. Le 19 décembre 2014, le procès qui recommence auprès de la 15ème
cour pénale, se solde par un 4ème acquittement.
Une nouvelle victoire pour ses avocats et toutes celles et ceux qui la
soutiennent inlassablement et partagent ses luttes en Turquie et ailleurs. Mais
le procureur fait appel et la Cour Suprême devra statuer ces prochains mois. Il
s’agit d’un évident acharnement judiciaire contre une figure qui dérange le pouvoir.
La France
est devenue terre d’exil pour Pinar Selek où plusieurs politiciens et
intellectuels défendent son œuvre et ses actes. Le chef de l’État français,
François Hollande, lors de sa dernière visite officielle en Turquie, a déjà
demandé son acquittement et s’est exprimé sur les persécutions judiciaires
subies par la sociologue.
Connaître sa biographie aide à comprendre le texte de Lina Prosa qui s'en est inspirée.