Lisez l'article qui vous montre la complexité de cette notion qui a cependant prévalu dans le recrutement des acteurs au sein des troupes jusqu'au XIXème siècle.
Un emploi au théâtre est « l'ensemble des rôles d'une même catégorie requérant, du point de vue de l'apparence physique, de la voix, du tempérament, de la sensibilité, des caractéristiques analogues et donc susceptibles d'être joués par un même acteur1 ». Patrice Pavis voit l'emploi, « synthèse de traits physiques, moraux, intellectuels et sociaux », comme une « notion intermédiaire et bâtarde entre le personnage et le comédien qui l'incarne2 ».
De même qu'un vieillard ne saurait jouer les amoureuses et qu'une jeune fille ne saurait jouer les pères nobles, de même certains acteurs, nés pour le registre comique, seraient dans l'impossibilité de remplir un rôle sérieux, et vice versa. Il a donc bien fallu, pour établir la part de chacun avec autant de précision qu'il est possible de le faire en pareille matière, former des séries de rôles analogues et constituer ce qu'on appelle des emplois.
Barbon
Rôle de vieillard ridicule ou odieux, qui oublie son âge ou le redoute et qui désire, légitimement ou pas, une jeune fille malgré les avis contraires. Cet emploi entre dans la catégorie des rôles à manteau, qui comprend aussi les grimes et les financiers. Chez Molière, cet emploi fréquent requiert en général un premier rôle, vu l'importance centrale du personnage. Arnolphe dans L'École des femmes, Sganarelle dans Le Mariage forcé et Harpagon dans L'Avare ne sont pas des barbons, mais des premiers rôles.Duègne
Rôle de vieille femme. Le rôle, comme le nom, vient du théâtre espagnol, de dueña (propriétaire). Il s'agissait à l'origine de gouvernantes de bonne maison, dont les auteurs exagéraient le côté comique. Dans le répertoire français, il s'agit de vieilles femmes ou de vieilles filles ridicules. À la période classique, jusqu'à la mort de Molière, cet emploi était tenu par des hommes. Les duègnes comiques sont appelées parfois des « caricatures » ou des « thierrets », du nom de Félicia Thierret.Jeune premier et jeune première
À l'origine, « jeune premier » et « jeune première » désignaient les jeunes « premiers amoureux » et jeunes « premières amoureuses », l'adjectif « jeune » s'appliquant bien sûr à l'âge du personnage, et non à celui de l'acteur ou de l'actrice. « On n'aurait pas vu Mlle Mars jouer autre chose qu'une jeune première, emploi dont elle a, d'ailleurs, la prérogative par contrat. Aussi Hugo lui confie-t-il naturellement le rôle de Doña Sol malgré ses 50 ans. »12En raison de leur caractère, de leur âge ou de leur importance, qui les fait confiner aux premiers rôles, on a donné à quelques-uns de ces rôles la qualification de « forts jeunes premiers ». C'est le cas notamment de don Juan dans Don Juan d'Autriche de Casimir Delavigne. Quand le rôle est encore plus important, sans atteindre le « premier rôle », on le qualifie alors de « jeune premier rôle ». C'est le cas en particulier de Roger, vicomte de Saint-Hérem, dans Les Demoiselles de Saint-Cyr d'Alexandre Dumas. Il y avait donc une graduation presque continue entre l'emploi d'amoureux et celui de premier rôle par la succession : « premier amoureux », « jeune premier », « fort jeune premier », « jeune premier rôle », et « premier rôle ». Les auteurs connaissaient ces multiples nuances, tel Alexandre Dumas père distinguant amoureux et jeune premier : « À mon avis, Laroche est destiné à jouer, non les amoureux et les jeunes premiers, mais les troisièmes rôles. »13 Tout ce qui vient d'être dit au sujet des jeunes premiers s'applique bien sûr aussi aux jeunes premières.
L'emploi de « jeune premier » est l'un des rares emplois qui subsistent de nos jours. Ce terme désigne maintenant plutôt un « jeune premier rôle » qu'un jeune « premier amoureux ».
Rôle à livrée
Cette dénomination vient autant du costume porté par l'acteur que du caractère des personnages représentés. Dans cette catégorie, on rangeait toute une classe de rôles appartenant à l'emploi des comiques. Elle se divisait en « petite livrée » et « grande livrée ».Dans le répertoire classique, la « grande livrée » formait la partie la plus importante de l'emploi des premiers comiques. Aussi brillant que difficile, cet emploi était le but de toutes les ambitions des artistes doués sous ce rapport. « Revêtir la grande livrée », c'était prendre possession des premiers grands rôles comiques. Il exigeait de l'intelligence, une grande souplesse de jeu et de physionomie, du mordant, de la vivacité, et, parfois même, de la profondeur.
La « petite livrée » entrait dans l'emploi des seconds comiques.
Casaque rouge : HABILL. Vêtement
masculin de dessus, à larges manches. P. méton., THÉÂTRE.
La grande casaque. Rôle de premier ordre parmi les rôles de valets.