jeudi 19 janvier 2017

Nous les héros de jean-luc Lagarce

Ecrit en 1993 -
Lorsqu'ils sortent de scène, dans la coulisse, les acteurs de la troupe commencent leur vie, recommencent leur vie, leur vraie vie. Ils sont à nouveau eux-mêmes, c'est ce qu'ils veulent croire.
Comme chaque soir, toutes ces dernières années, cela ne s'est pas très bien passé. Ils sont fatigués, épuisés, déçus de la vie qu'ils mènent et peut-être devraient-ils renoncer ou partir vers de plus grandes villes pour tenter, à nouveau, sans les autres, une nouvelle aventure. Carrière solitaire.
Mais nous fêtons un événement important, cette soirée est une soirée particulière. La fille aînée des patrons de la troupe se fiancera, dans les coulisses, avec le jeune premier de la fin de l'acte un. Elle l'épousera, ils seront chefs du théâtre, ils joueront le répertoire de la compagnie, contre tous les aléas de l'existence, les hôtels mal chauffés, le petit personnel agressif des salles des fêtes de province et l'indifférence narquoise du public et des enfants imbéciles.
Demain, nous fuirons, mais ce soir encore, nous faisons semblant puisque nous ne savons rien faire d'autre.

Nombre de personnages

  • 6 homme(s)
  • 5 femme(s)
Cette pièce propose une description du monde du théâtre dans ses aspects forains, mais constitue aussi un hommage aux rêves et aux folies des gens de théâtre, à leur fragilité, à l’utopie qui les anime malgré eux et à leur bêtise peut-être aussi.
Mais ce n’est pas une énième pièce sur le théâtre car elle s’ouvre également à d’autres univers. Elle met en scène des comédiens, certes, mais aussi des êtres humains avec toutes leurs richesses et leurs mesquineries : des égarés, des exilés, des êtres épuisés, à bout de souffle et qui le savent, mais qui sont encore capables avec le peu de moyens dont ils disposent, de fabriquer du rêve et de la poésie, du désir, fût-il de pacotille.
Nous, les héros est aussi une pièce qui parle de mélancolie et d’humour. Jean-Luc Lagarce nous invite à poser un regard ironique et attendri sur ses personnages. Car de quels héros s’agit-il ? De grands inadaptés de la vie qui se battent, à l’instar de Don Quichotte, contre les moulins à vent de la vie et de l’art, et qui le font avec leurs armes, c’est-à-dire avec maladresse, beauté, emphase, douleur et inconscience. Une sorte de tableau épique et intimiste à la fois.

Sur le site consacré à Jean-Luc Lagarce