dimanche 24 septembre 2017

Illusions Comiques et le baroque



Illusions Comiques et le baroque
 Intertextes cornéliens ( illusion Comique : lire la pièce de Corneille, au moins en connaître la fable) : -Idée du triomphe du théâtre dans la société
-Réconciliation d’un père et d’un fils séparés par la vocation théâtrale du fils. Fin de la pièce de Corneille : éloge du théâtre qui suspecté d’une forme d’indignité sociale par le père gagne ses lettres de noblesses dans la bouche du magicien Alcandre qui fait le constat de sa place dans la société, regard nouveau sur un divertissement en pleine expansion. 

Alcandre est  aussi le nom du vieux maître et poète homosexuel dans le premier roman de Py intitulé Paradis de tristesse.

Alcandre : Cessez de vous plaindre, à présent le théâtre/ est en un point si haut que chacun l’idolâtre,/ Et ce que votre temps voyait avec mépris/ Est aujourd’hui l’amour de tous les beaux esprits,/L’entretien de Paris, le souhait des Provinces,/ Le divertissement le plus doux de nos Princes,/Les délices du peuple, et le plaisir des grands ;/Parmi les passe-temps il tient les premiers rangs,/Et ceux dont nous voyons la sagesse profonde/Par ses illustres soins conserver tout le monde/ Trouvent dans les douceurs d’un spectacle si beau/De quoi se délasser d’un si pesant fardeau./Même notre grand Roi, ce foudre de la guerre,/Dont le nom se fait craindre au deux bouts de la terre,/Le front ceint de lauriers daigne bien quelque fois/Prêter l’œil et l’oreille au théâtre françois./C’est là que le Parnasse étale ses merveilles ;/Les plus rares esprits lui consacrent leurs veilles ;/Et tous ceux qu’Apollon voit d’un meilleur regard/De leurs doctes travaux lui donnent quelque part./S’il faut par la richesse estimer les personnes,/Le théâtre est un fief dont les rentes sont bonnes,/Et votre fils rencontre en un métier si doux/ Plus de biens et d’honneur qu’il n’eût trouvé chez vous./Défaites-vous enfin de cette erreur commune/ et ne vous plaignez plus de sa bonne fortune. » ( Acte V scène 6  vers 1781-1806)

La pièce de Py commence là où s’achevait celle de Corneille : engouement pour le théâtre qui s’amorçait au 17ème siècle devenu absolu : « Les journalistes, les politiques, les prélats, les marchands de mode sont soudainement pris d’une épidémie d’amour du théâtre »(préface) « cauchemar en forme de farce »

Chez Corneille, si Alcandre fait l’éloge du théâtre, il n’est qu’un divertissement, le repos du Roi guerrier, une nouvelle manière de bien gagner sa vie, chez Py s’il ne néglige pas les biens et l’honneur que le théâtre apporte au poète, il place son importance au niveau politique.

Illusions au pluriel plus proche de illusions perdues de Balzac : Py:  « ce sont mes illusions politiques,celles qui me faisaient croire que le théâtre pouvait changer le monde »
//entre le poète et Lucien de Rubempré : réussite mondaine comme écrivain coïncide avec la fin de toute activité artistique ! cf inquiétude de la troupe sur le temps qui restera au poète pour se consacrer au théâtre pratiquement.

Intertexte cornélien = fausse piste : peu de jeu sur la magie théâtrale au sens de la manipulation joyeuse de la crédulité du spectateur. 

Désillusions politiques, l’engouement des puissants pour le théâtre n’est pas forcément une bonne nouvelle.

« comiques » = théâtral et farcesque : comédie des comédiens, dont les personnages principaux ont le théâtre pour profession.

Monde baroque cependant : en perpétuel mouvement, qui préfère « les délices de l’imagination » au « plaisir de la raison »( Claudel), monde foisonnant qui accumule et métamorphose au lieu d’épurer et de fixer, monde qui joue sans cesse des apparences et des masques provisoires cf Fau «  il n’y a pas de vérité, de sincérité, pas d’identité, il n’y a que du jeu ! »

Accumulation des images scéniques : «(…) Je lutte contre l’image par la multiplication, par la pluralité des images.)
Vanité baroque : pour dire la vacuité des plaisirs et des honneurs, elle ne présente pas un tableau blanc, image possible du néant des fausses gloires, elle accumule au contraire les objets, mais ajoute un crâne comme une image de plus qui contredit les autres ; cf danses macabres personnages de squelettes au milieu de vivants chamarrés ; cf crâne posé sur le bureau du metteur en scène (générique du DVD) valse des ego médiatiques= fuite de la Mort, divertissement pascalien. Cf aussi titre de la pièce que la troupe va jouer «  le poète et la Mort ». cf aussi le crâne dans Hamlet pauvre Yorrik

Tout passe donc tout se transforme, accumulation=  meilleur remède contre l’idolâtrie au sens de vénération de l’image unique.

Mouvement du monde lié à l’utilisation des praticables à roulettes : aucun élément n’est fait pour rester fixe : piano et escalier naturellement fait pour le mouvement des mains et des pieds sont en plus déplacés à vue, chorégraphie des objets cf Craig »toutes choses naissent du mouvement » décor qui n’évolue pas renvoie à la peinture ou à l’architecture mais pas au théâtre qui nécessite le mouvement.