Illusions Comiques et le baroque
Intertextes cornéliens
( illusion Comique : lire la pièce de Corneille, au moins en connaître la fable) : -Idée du
triomphe du théâtre dans la société
-Réconciliation d’un père et d’un fils séparés par la
vocation théâtrale du fils. Fin de la pièce de Corneille : éloge du
théâtre qui suspecté d’une forme d’indignité sociale par le père gagne ses
lettres de noblesses dans la bouche du magicien Alcandre qui fait le constat de
sa place dans la société, regard nouveau sur un divertissement en pleine
expansion.
Alcandre est aussi le
nom du vieux maître et poète homosexuel dans le premier roman de Py intitulé Paradis de tristesse.
Alcandre : Cessez de vous plaindre, à présent le
théâtre/ est en un point si haut que chacun l’idolâtre,/ Et ce que votre temps
voyait avec mépris/ Est aujourd’hui l’amour de tous les beaux esprits,/L’entretien
de Paris, le souhait des Provinces,/ Le divertissement le plus doux de nos
Princes,/Les délices du peuple, et le plaisir des grands ;/Parmi les
passe-temps il tient les premiers rangs,/Et ceux dont nous voyons la sagesse
profonde/Par ses illustres soins conserver tout le monde/ Trouvent dans les
douceurs d’un spectacle si beau/De quoi se délasser d’un si pesant
fardeau./Même notre grand Roi, ce foudre de la guerre,/Dont le nom se fait
craindre au deux bouts de la terre,/Le front ceint de lauriers daigne bien
quelque fois/Prêter l’œil et l’oreille au théâtre françois./C’est là que le
Parnasse étale ses merveilles ;/Les plus rares esprits lui consacrent
leurs veilles ;/Et tous ceux qu’Apollon voit d’un meilleur regard/De leurs
doctes travaux lui donnent quelque part./S’il faut par la richesse estimer les
personnes,/Le théâtre est un fief dont les rentes sont bonnes,/Et votre fils rencontre
en un métier si doux/ Plus de biens et d’honneur qu’il n’eût trouvé chez
vous./Défaites-vous enfin de cette erreur commune/ et ne vous plaignez plus de
sa bonne fortune. » ( Acte V scène 6 vers 1781-1806)
La pièce de Py commence là où s’achevait celle de Corneille :
engouement pour le théâtre qui s’amorçait au 17ème siècle devenu
absolu : « Les journalistes, les politiques, les prélats, les
marchands de mode sont soudainement pris d’une épidémie d’amour du théâtre »(préface)
« cauchemar en forme de farce »
Chez Corneille, si Alcandre fait l’éloge du théâtre, il n’est
qu’un divertissement, le repos du Roi guerrier, une nouvelle manière de bien
gagner sa vie, chez Py s’il ne néglige pas les biens et l’honneur que le
théâtre apporte au poète, il place son importance au niveau politique.
Illusions au pluriel plus proche de illusions perdues de Balzac : Py:
« ce sont mes illusions politiques,celles qui me faisaient croire que le
théâtre pouvait changer le monde »
//entre le poète et Lucien de Rubempré : réussite
mondaine comme écrivain coïncide avec la fin de toute activité artistique !
cf inquiétude de la troupe sur le temps qui restera au poète pour se consacrer
au théâtre pratiquement.
Intertexte cornélien = fausse piste : peu de jeu sur la
magie théâtrale au sens de la manipulation joyeuse de la crédulité du
spectateur.
Désillusions politiques, l’engouement des puissants pour le
théâtre n’est pas forcément une bonne nouvelle.
« comiques » = théâtral et farcesque :
comédie des comédiens, dont les personnages principaux ont le théâtre pour
profession.
Monde baroque cependant : en perpétuel mouvement, qui
préfère « les délices de l’imagination » au « plaisir de la
raison »( Claudel), monde foisonnant qui accumule et métamorphose au lieu
d’épurer et de fixer, monde qui joue sans cesse des apparences et des masques
provisoires cf Fau « il n’y a pas de vérité, de sincérité, pas d’identité,
il n’y a que du jeu ! »
Accumulation des images scéniques : «(…) Je lutte
contre l’image par la multiplication, par la pluralité des images.)
Vanité baroque : pour dire la vacuité des plaisirs et
des honneurs, elle ne présente pas un tableau blanc, image possible du néant
des fausses gloires, elle accumule au contraire les objets, mais ajoute un
crâne comme une image de plus qui contredit les autres ; cf danses
macabres personnages de squelettes au milieu de vivants chamarrés ; cf
crâne posé sur le bureau du metteur en scène (générique du DVD) valse des ego
médiatiques= fuite de la Mort, divertissement pascalien. Cf aussi titre de la
pièce que la troupe va jouer « le poète et la Mort ». cf aussi le
crâne dans Hamlet pauvre Yorrik
Tout passe donc tout se transforme, accumulation= meilleur remède contre l’idolâtrie au sens de
vénération de l’image unique.
Mouvement du monde lié à l’utilisation des praticables à
roulettes : aucun élément n’est fait pour rester fixe : piano et
escalier naturellement fait pour le mouvement des mains et des pieds sont en
plus déplacés à vue, chorégraphie des objets cf Craig »toutes choses
naissent du mouvement » décor qui n’évolue pas renvoie à la peinture ou à
l’architecture mais pas au théâtre qui nécessite le mouvement.