Le couple Figaro-Suzanne:
Suzanne :
camériste de la Comtesse = femme de chambre. Confidente et la Comtesse la
traite presque comme une amie, malgré l’inégalité de leur condition sociale.
Complicité entre maître et valet assez traditionnelle dans la comédie. Elle est
la plupart du temps avec sa maîtresse, plus qu’avec son futur époux !
Qualités et bon sens populaire. Comme Figaro spirituelle et
gaie, « mais non de cette gaieté
presque effrontée de nos soubrettes corruptrices « comme le dit
Beaumarchais dans ses « Caractères et habillements de la pièce ».
Espiègle et jouant des tours à Figaro et aux Comte, elle a néanmoins de solides
principes moraux : refuse de céder aux propositions malhonnêtes du Comte
qui lui offre une belle dot en échange du « droit du seigneur ». de
même le cynisme de Bazile qui sert le Comte dans ses projets de séduction
amoureuse la révolte. Cf elle le traite d’ « agent de
corruption » et lui reproche ses « affreux principes »( I,9)
Tempérament taquin et moqueur : nous ne rions pas
d’elle, c’est elle qui nous fait rire des autres personnages en mettent en
évidence leurs travers et ridicules cf les pointes d’ironie contre Marceline :
« duègne » : gouvernante souvent revêche et âgée, ridiculise
les prétentions de Marceline à l’éclipser dans le cœur de Figaro. Se moque
aussi de Chérubin qui l’attendrit cependant : imite son ton de voix,
« le bon jeune homme ! avec ses longues paupières hypocrites »
(II,4)
Se moque subtilement de la Comtesse elle-même, malgré le
dévouement parfait qu’elle lui octroie. Elle est une fine psychologue :
s’aperçoit du trouble de sa maîtresse en faveur de Chérubin voir II, 3
La Comtesse s’en aperçoit et du coup vouvoie Suzanne qu’elle
tutoie d’habitude « qu’est-ce que vius dites donc,
Mademoiselle ? »
Etudier les différents noms dont on la nomme : Suzon,
Suzette pour Figaro
Elle est vive, de tempérament entier. Que Figaro l’irrite et
elle a tôt fait de lui appliquer une giffle cinglante cf V,8 où il «
pleut des soufflets »
Attraction des sexes
dans la pièce : moteur dramatique
Amour : sentiment profond entre deux personnages dont
l’aboutissement logique est le mariage
Désir : attirance physique et sensuelle, qui cherche le
plaisir passager sans engagement ; Le Comte en bon libertin dissocie
clairement les deux cf acte V alors qu’il croit parler à Suzanne mais que c’est
la Comtesse qui l’entend : »l’amour n’est que le roman du cœur :
c’est le plaisir qui en est l’histoire ». Comte : amour respectueux mais tiédi pour
sa femme, obsédé par la recherche du plaisir qui l’entraine vers Suzanne mais
aussi Fanchette.
Comtesse fidèle au Comte mais tendresse ambigüe pour
Chérubin cf passion dans la Mère Coupable
Bazile veut épouser Marceline qui se refuse. Y renoncera dès
qu’il sait qu’elle est la mère de son ennemi Figaro
L’amour de Marceline se change en amour maternel dès qu’elle
se sait sa mère ( coup de théâtre de l’acte III) mais désir de mariage et de
respectabilité sociale, la volonté aussi de prendre sa revanche qui la poussent
à vouloir épouser son ancien amant Bartholo qui cède par « attendrissement ».
Suzanne et
Figaro : l’amour populaire : seul couple dont l’amour soit
constant et heureux à travers la pièce malgré le moment de jalousie impulsive
qui les dresse l’un contre l’autre sur la foi d’une apparence trompeuse (III, 18 et V 1-7)
Conventions de la comédie : appartenant tous les deux à
la classe des domestiques, ils expriment leurs sentiments sans affectation,
d’une manière directe et populaire. Contacts physiques = éléments importants de
la communication amoureuse : duo amoureux par ex début acte IV Figaro
tient Suzanne « à bras-le-corps » vole beaucoup de baisers à sa
fiancée.
Badinage amoureux : dialogue amoureux entre mêlé de
mots d’esprits à la fois mièvres et sensuels. Jeu de la galanterie lorsque
Suzanne appelle Figaro son « serviteur » I, 1 (effet comique :
serviteur du Comte mais serviteur galant de Suzanne) comparaison par Figaro de
l’Amour a un aveugle « Pour cet aimable aveugle qu’on nomme
Amour… »
Sentiment profond « En fait d’amour, vois-tu, trop
n’est pas même assez »Iv,1
La jalousie ne fait que confirmer la sincérité de leur amour
mutuel. Cf acte V sous la grêle de giffles Figaro : Santa Barbara !
oui, c’est de l’amour O bonheur ! 5…) frappe, ma bien aimée, sans te
lasser »V,8
Franchise d’un sentiment simple qui contraste avec la
corruption du cœur que l’on trouve chez le Comte. Voix de la Nature,
« vérité dans l’univers des apparences et des artifices".
Figaro et la jalousie :
plutôt pacifique de tempérament, alors qu’il avait défini la jalousie comme
« un sot enfant de l’orgueil ou (…) la maladie d’un fou » IV, 13,
lorsqu’il la ressent : réaction brutale acte V pensant être trompé par
Suzanne, il se laisse emporter et brutalise Gripe Soleil qui le traite en
retour de « damné brutal » V,2 effet comique du contraste entre les
paroles et les actes. Sa jalousie le domine entièrement et aucun raisonnement
ne peut rien contre l’éruption de son coeur. Ayant vu ensemble le Comte et la
Comtesse qu’il prend lui aussi pour Suzanne dans le parc aux marronniers,
Figaro résume ainsi ses tourments : « Vous autres, époux
maladroits’,qui tenez des espions à gages et tournez des mois entiers autour
d’un soupçon, sans l’asseoir, que ne m’imitez vous ? dès le premier jour,
je suis ma femme, et je l’écoute ; en un tour de main on est au fait :
c’est charmant ; plus de doutes, on sait à quoi s’en tenir. » V, 8
blessure d’amour et pas seulement d’amour propre comme chez le Comte.
Suzanne et la
jalousie : Acte III, 18 lorsque Suzanne revenant avec la dot donnée
par la Comtesse pour gagner le procès et qu’elle trouve Figaro dans les bras de
Marceline, son sang ne fait qu’un tour et elle veut sortir immédiatement. Elle
ne sait pas que Marceline est la mère de Figaro. Elle donne dans le mouvement
de sa fuite un « soufflet » à Figaro qui veut la retenir, elle a la
main leste.
Acte V alors qu’elle est déguisée en Comtesse, Figaro lui
fait de grandes déclarations d’amour, elle dit en aparté : « la main
me brûle ! »
Rage contre la rivale : elle trouve Marceline «
affreuse » avant de savoir qu’elle est la mère de son fiancé. Figaro se
moque d’elle alors : « Et vive la jalousie ! elle ne vous
marchande pas » III, 18
Même attitude de Marceline en I, 5
Obstacles au mariage du couple : le désir du Comte qui
convoite Suzanne mais surtout le manque d’argent pour satisfaire Marceline sans
l’épouser, donc nécessité de trouver cet argent : intrigue. Comédie
constituée des obstacles à surmonter pour parvenir au but ici Mariage .
Figaro a autrefois imprudemment emprunté de l’argent à
Marceline, elle le poursuit en justice acte III procès burlesque :
querelle à propos de la promesse e mariage avec marceline en cas
d’impossibilité du remboursement. Cf
querelle sur ET/OU
Mais pas d’argent ce qui arrange le Comte qui pense pouvoir
aimer Suzanne si Figaro épouse Marceline. Coup de théâtre puisque Marceline
reconnaît en Figaro son fils et Suzanne apporte une dot donnée par la Comtesse.
La question de la « dot » est fondamentale : le Comte d’ailleurs
cherche à acheter les faveurs de Suzanne et use de son argent pour abuser des
servantes.( cf III, 9) et V,7 « Elle est intéressée ; tant
mieux ; », avec Fanchette aussi IV,5
Comte pense que l’argent est le principal mobile de ses
subordonnés. Appât du gain.
Action de la pièce : Mariage de Figaro et Suzanne :
point de départ de la pièce et unité d’action : toutes les intrigues
secondaires sont en fait des obstacles à ce mariage : enchaînement des 5
actes = parcours du combattant hérissé d’embûches pour Figaro et Suzanne sur la
voie de leur union finale
ActeI :le mariage de Figaro autorisé( par le Comte)
puis ajourné
Acte II :le mariage empêché par les prétentions de
marceline
Acte III :le mariage possible grâce au dénouement du
procès
Acte IV : le mariage célébré puis compromis par le
rendez-vous dans le parc aux marronniers
Acte V : le mariage certain grâce au dénouement final
Obstacles nombreux : argent pour rembourser Marceline,
obtenir la permission des maîtres dans une société féodale
Le Comte : obstacle numéro 1 désir obsessionnel de
posséder Suzanne
Marceline qui veut épouser Figaro, mais après le procès et
la reconnaissance devient un adjuvant du couple
Bartholo : assiste Marceline dans ses vues sur Figaro,
devient lui aussi adjuvant au dernier acte.
Antonio : oncle de Suzanne, tuteur légal refuse de
donner la jeune fille à Figaro s’il n’a pas de père officiel, donc s’il n’est
pas reconnu par Bartholo .