N'oubliez pas le spectacle de mardi 7 février à 20 h salle Europe: Ubu Roi d'Alfred Jarry par la compagnie les Dramticules.
C'est la pièce que les Terminales actuelles ont travaillée et présentée l'an dernier lorsqu'ils étaient en première. J'ai eu la chance de la voir au festival d'Avignon il y a deux ans et je vous assure qu'elle vaut le déplacement.
Interview du metteur en scène Jérémie Le louet
Dossier
Si l’on juge la pièce d’un point de vue strictement littéraire – ce que l’on aurait tort de faire -, Ubu roi
est une œuvre bien pauvre. Peu d’esprit, peu de poésie, peu de
philosophie… Mais on ne peut séparer la pièce de son histoire, celle
d’un jeune homme de 23 ans qui a décidé d’opérer une rénovation du
théâtre par le théâtre. Jarry orchestre la destruction de toutes les
scléroses, de tous les académismes, de la mauvaise tradition qui empêche
le théâtre (et le reste !) de s’affranchir des conventions dont la
jeunesse est saturée.
Les destructeurs, les transgresseurs, les affreux imposteurs ont
toujours animé mes spectacles. Ce sont les meilleurs personnages. Ceux
qui, éternellement, nous permettent de mesurer nos pulsions, nos
fantasmes et nos frustrations, ceux qui interrogent la théâtralité par
leur seule présence sur la scène. Et puis, la question de la théâtralité
est pour moi hautement politique puisqu’elle détermine l’ambition et le
degré d’engagement des artistes sur le plateau.
Dans notre Ubu, les tableaux ne se suivent pas, ils se
percutent et se contestent sur le mode emphatique, ironique et critique.
La pièce parle d’abus de pouvoir, d’abus d’arbitraire, d’abus de
violence… Sur scène, les abus prennent leur source dans le rapport
délétère entre des acteurs travaillant la pièce ; l’histoire d’une
troupe jouant Ubu roi et se déchirant en jouant Ubu roi. C’est
une mise en crise obstinée de la représentation à laquelle nous avons à
faire. Et dans cette entreprise de démolition, Jarry ne demande qu’à
être brutalisé.Jérémie Le Louet