Traverser l’histoire
du théâtre
« Le théâtre est un fleuve qui remonte vers sa source »P94
Le théâtre en «
leçons
Totalité de l’espace : Versailles-Verdun, Ciel et
Terre, scène et coulisses, même ambition pour le temps
Traversée à grandes enjambées de l’histoire du T cf leçons
de Théâtre de Fau et Py : visions du monde : exposer les évolutions,
questionner les ruptures, courants dominants
Accumulation et pas soustraction
3 pensées de l’homme
et de sa parole : théâtre de boulevard, tragédie et drame lyrique cf
…nous ne passerons à la tragédie qu’à la deuxième leçon. Cette première leçon
est consacrée au théâtre de boulevard. » « dénouer le songe
bourgeois » : formule que Py emprunte à Maria Casares. Théâtre
bourgeois pour Py =un Théâtre qui se passe entre les 4 murs d’une chambre vs
théâtre dont la scène est le monde, de l’infini planétaire à l’infini du cœur
de l’homme cf didascalie initiale du Soulier de satin. De Claudel+ modèle
Shakespeare qui résiste à l’embourgeoisement ( voir la Crise du personnage
d’Abirached : tournant bourgeois = XVIIIème siècle)
Scène= lieu d’enseignement, école du spectateur. Tante Geneviève :
sympathie pour le monde bourgeois. Essentiel de la leçon consiste à mettre à
mort le personnage en tant qu’il serait assimilé à une personne. Contre
Stanislavski et toute forme de « revivre » Fau fait éclater d’un même
mouvement le personnage bourgeois et la personne elle-même
Contre ce que Brecht par commodité appelait « le
théâtre aristotélicien, » Brecht signalait déjà que la clé de voûte de
l’identification du spectateur au personnage était l’identification du comédien
lui-même à son personnage considéré comme une personne. cf Petit Organon de Brecht
En pédagogue exceptionnel Fau ne cesse d’illustrer en acte
l’idée qu’il défend par son discours : il n’y a pas de masques :
l’existence de tante Geneviève ne tient qu’à une perruque que Fau peut retirer
à volonté et déposer partout : perruque joue le rôle du masque : «
le masque est là mais doit bailler, l’acteur de boulevard est une tante
Geneviève qui sait qu’elle en est une et qui fait bailler son masque. Elle sait
que ce qu’elle dit est inepte, que sa vie est inepte et elle dénoue le songe
bourgeois en montrant qu’elle n’est pas dupe de ce qu’elle dit. » Pas
confondre théâtre de boulevard selon Py et théâtre bourgeois. Le théâtre de
boulevard tourne le dos au théâtre bourgeois par son excès même, artifices,
courses poursuites, hystérie, comme une sorte de commedia dell’arte loin de toute prétention à
l’authenticité du quotidien un théâtre bourgois éveillé de son songe ! il
ya du jeu, ça baille et ça joue ! cf « la convention est la chair du
théâtre, sans convention on tombe dans la convention la plus conventionnelle,
l’authentique. »
cf Balazuc dans le rôle de dieu qui fait son propre
éloge : acteur étonnamment doué qui amène le vaudeville au point métaphysique »
mieux vaut jouer Feydeau que Musset pour tante Geneviève !
Relation maître / élève aussi riche que relation
maître/valet !
Théâtre de la Joie= tragédie et drame lyrique P49-50
qu’est-ce qu’un poète ? C’est celui qui entend que les dieux désirent
inlassablement notre humanité. » Immense comédien pour réussir à faire
rire avec tante Geneviève sans discréditer dans la foulée les belles envolées
de Monsieur Fau ! Sublime mêlé de grotesque qui reste sublime ! Contribution
de la scéno et du son à la beauté de la scène : musique solennelle un brin
funèbre sans grandiloquence, Fau absorbé peu à peu par les ténèbres du
lointain, bras en croix avec sa perruque, parole de Py portée à
incandescence. : un grand comédien peut être tragédienne en collant rose fluo.
Apprentissage progressif du comédien cf les leçons comme un
instrument de musique ça s’apprend « Il faut des années pour jouer assez
mal du violon, l’homme qui entre en scène dès la première minute connaît la
grandeur et l’effroi et la beauté et l’exigence et la joie de l’art
dramatique. »
Les intentions : « même les dieux ne peuvent
défaire ce qui a été » différent dans la captation : « Et la
mort est pour nous la dernière créance » : numéro de cabaret applaudi,
hommage à tous les cours de théâtre, complicité de deux comédiens si différents
dans leur jeu et si heureux d’être ensemble.
Leçon sur la tragédie : hommage à ce que Py a appris de
Girard : « pour moi Philippe est depuis longtemps l’acteur tragique
par excellence, non par le pathos, mais par la puissance de la parole : il
a un sens de la profération qu’on ne trouve plus ailleurs, ce qui en fait un
patrimoine national pour sa manière unique de dire la langue française. »
double rôle du jésuite attaché à sa croix adressant sa supplique à dieu et de Rodrigue
ce frère « qui est de ceux-là qui ne peuvent se sauver qu’en sauvant
toute cette masse qui prend leur forme derrière eux » il semble adresser
toutes ces répliques au ciel « rendre visible le miracle de la
Parole » cf P31-33 Epître aux
jeunes acteurs
Girard provoque le silence. Fau le rire : terreur car
nous n’existons pas, nous ne sommes que masques. Rencontre entre le rose fluo
et le rouge dont se drape le tragédien. Force de l’émotion liée à l’accessoire.
Tissus rouge à la fois toge antique et flot de sang répandu + calque rouge des
néons au diapason
Mais ravages de la société du spectacle : ce qui a été
sacrifié sur l’autel de la communication et de la consommation « le
poète a été égorgé dans une rue sombre de l’après-guerre, le dramaturge vient d’être
saigné dans le renouveau des formes par un vendeur de modes qui agence le
pulsionnel sur les podiums de la mondialisation. » Mort de la parole au
XXème siècle
Redonner un sens aux mots, témoigner qu’une parole n’est pas
condamnée à l’insignifiance. P 86-87 Orphée : place dans le théâtre de Py cf
Visage d’Orphée 1997 Py joue Pan,
les autres en sont aussi sauf Balazuc cf scène 15 de la première époque Ainsi
les noms communs sont le scandale du monde. Cf Mallarmé « redonner un sens
plus pur aux mots de la tribu »,
faire briller à nouveau les mots usés : il ne devrait y avoir que des noms
propres ! Chaque chose devrait être appelée par son nom comme une personne
aimée ; cf Olivier ! Promesse cf la servante je voudrais pouvoir
appeler chaque arbre par son prénom », tout bâtir sur un jeu de mot. Cf
Eglise sur cette pierre… poids des mots.
Mots qui gagnent à être lourds : Il y a de la parole
dans la parole
Orphée dans tout acteur et poète qui montre un corps
traversé et transformé par une parole…L’acteur ne dit pas la parole, il
l’entend… cf Novarina les acteurs pneumatiques, faire du théâtre suppose tout
simplement de savoir qu’on n’est pas le premier à parler, que la parole se
reçoit !
D’où farcissure d’auteurs du passé dans le texte même,
bouturage. Ames errantes du plateau qui reprennent corps L’homme ne peut être
sauvé que par une parole incarnée, les pères… des verbes faits chairs
Artiste martyr de son art, théâtre d’insistance plus que de
résistance, continuer à évoquer Orphée et la puissance de la parole dans un
monde qui la dénigre.
« pour moi un grand acteur est un acteur qui chante, un
acteur lyrique. Pas comme à l’opéra bien sûr, mais un acteur qui a un vrai
rapport avec son corps, qui joue avec son corps et peut ainsi se sentir
réconcilié avec lui-même et le monde. Le « beau » jeu doit dépasser
la vraisemblance, le réalisme, le « cogito ergo sum » des drames
bourgeois. Même l’émotion n’y suffit pas. La représentation de l’humain dans sa
totalité doit être encore au-delà. Dans le chant retrouvé de la mémoire et du
temps… »
Pas peur du ridicule, de son anachronisme, génie de Py de
faire rire de ce à quoi il croit et cependant de continuer de croire.