Séance du vendredi 6 octobre 2017
La
séance de vendredi a débuté par un tour d’impressions concernant la captation
de la mise en scène d’Illusions Comiques
vue et étudiée en théorie. De façon générale, l’ensemble du groupe était du
même avis, très positif, et certains points revenaient régulièrement : l’incroyable
prestation de Michel Fau, le changement de personnages et le rythme rapide de
la pièce. Mme Huckel nous a dit être étonnée de ne pas avoir entendu de
remarques concernant les changements/déplacements de décors. En effet, ceux-ci
marquent encore plus le rythme de la pièce et apparaissent presque comme une
chorégraphie aux yeux du spectateur.Le scénographe Piere André Weits préfère d’ailleurs
lle terme « chorégraphe d’espaces » plutôt que scénographe.
Pour
l’échauffement Sandrine nous a fait faire un « training d’acteur » ou
plus simplement échauffement d’acteur en français. Cela consiste à imaginer et
imiter, dans une improvisation collective d’une quinzaine de minutes, ce que
ferait un groupe d’acteurs pour s’échauffer en attendant l’arrivée du metteur
en scène. La consigne, tellement vaste, me paraissait complètement floue ; j’ai
donc suivi, au début de l’échauffement, le mouvement général du groupe
jusqu’à-ce que je comprenne de quoi il s’agissait exactement. Les uns après les
autres nous lancions des exercices que nous connaissions comme :
·
Exercice
du clap : en cercle se faire passer le « clap » en frappant dans
les mains de plus en plus rapidement. Cet exercice est devenu, au bout de trois
années, un classique. Il travaille notamment la concentration : il faut
réussir à garder le rythme global du groupe, mais aussi le dynamisme qu’il faut
avant d’entamer la pratique.
·
Chasser
un chat : en cercle faire comme si l’on voulait chasser un chat par un son
les uns apprès les autres puis de même en y apportant un mot. A chaque tour
nous étions de plus en plus violents dans nos interprétations, mots et gestes.
Le personnage interprété, celui d’un homme ou d’une femme qui chasse un chat,
était poussé à l’extrême. Il s’agit là de ce que veulent nos professeur et
intervenante pour le travail des personnages de la pièce de Py
·
La
marche neutre : tête droite, le regard droit devant soi il faut marcher
dans l’ensemble de l’espace scénique ce qui permet de travailler l’occupation
de l’espace tout en se concentrant pour ne pas percuter les autres.
·
Marche
neutre (variation) : marcher dans l’espace en comptant. Il faut compter en
disant chacun un chiffre : si deux personnes parlent en même il faut
recommencer à zéro et ainsi de suite. Cette variation travaille, encore une
fois, la concentration et la cohésion de groupe qui passe notamment par
l’écoute des uns avec les autres. J’ai toujours trouvé cet exercice difficile à
réaliser et particulièrement stressant ou nerveux quand il faut notamment
recommencer de compter à zéro…
·
La
machine : faire une machine à partir de nos corps en mouvements et d’un
son que nous produisons individuellement. La difficulté de cet exercice est
qu’il faut réussir à tous imbriqués : personne ne doit être à l’écart de
la machine.
Sandrine
a, par la suite, imité l’entrée du metteur en scène qui ordonne à ses acteurs
de travailler par petits groupes le texte étudié. J’ai travaillé un passage en
commun avec Adèle. Tels des acteurs nous avons décidés de faire une lecture
commune de nos textes. Le metteur en scène, Sandrine, nous a ensuite demandé de
nous lever et de jouer notre texte en faisant un maximum de gestes et
mouvements probables ou improbables… Cette consigne nous demande et permet de
nous détacher de nos textes même sans connaître nos textes. En effet, notre
professeur de théâtre nous a déjà souvent répété que même si l’on ne connaît
pas un texte par cœur ou qu’on le découvre il faut obligatoirement réussir à
se détacher de ce que l’on lit. Je me souviens m’être perdu à plusieurs
reprises dans ma lecture puisque j’essayais de me détacher un maximum en
faisant des grands gestes de bras, en me couchant au sol etc.
Tout
d’un coup nous avons reçu l’ordre de courir dans la salle à la façon de la
marche neutre (occuper tout l’espace, ne pas heurter les autres…). Sandrine
nous apportait des consignes lors de notre course. A « mouvements »
il fallait s’arrêter de courir pour bouger et remuer dans tous les sens, a
« au sol » remuer et bouger par terre et a « suspension »
garder la position du geste fait précédemment et si nous étions désignés il
fallait dire une réplique de notre personnage de la façon la plus puissante
possible.
Cet
exercice m’a paru tellement long je n’avais qu’une hâte : qu’il se termine
le plus vite possible. C’était la première fois que nous réalisions un exercice
de ce type. Il s’agit là d’un des plus difficiles et de loin… On recherche dans
un exercice comme celui une énergie immense, presque indescriptible. Sandrine
attend un réel lâché prise de notre part que ce soit dans nos gestes que dans
nos paroles. Et lorsque l’on a le sentiment d’être à fond on comprend
rapidement que ce n’est pas assez, loin d’être assez même… Je pense que nous
allons (ou du moins dans mon cas), cet année devoir réellement travailler sur
cela. Le lâché prise est nécessaire pour le travail d’Illusions Comiques et, il sera davantage plus important pour le
travail de la tragédie et notre projet suivant c'est-à-dire Britannicus. C’est
à ce moment bien précis que la phrase de Mme Huckel fait écho et prend un réel
sens « cette année il va, on va vous sortir de votre zone de
confort ».
Dans la
continuité du « lâché prise » nous somme passés les uns après les
autres au plateau pour interpréter notre personnage. La consigne était
« simple » : entrer sur scène seul et répéter, en s’adressant au
public, « je suis (nom du personnage), dans mon cas « je suis la
maman ». Il fallait être le plus convaincant possible dans ses paroles,
affirmer comme si nous étions ce personnage en réalité. Cet exercice offrait
également la possibilité d’explorer toutes les façons ou une en particulier
d’incarner son personnage. Côté de cela
Sandrine, pour nous aider et nous pousser à avancer dans notre travail, nous
provoquait depuis sa place en disant des phrases « t’es sûre que c’est
bien toi la maman ? », « La maman ? La maman ? ».
Ces phrases ont, dans la vie de tous les jours, le don de m’agacer et de m’énerver
à un point inimaginable… Sandrine agissait volontairement de la sorte pour nous
permettre de nous lâcher et de nous faire sortir de nos gonds, ce fut mission
accomplie pour la plupart d’entre nous. Je me suis ainsi retrouvé à jouer une
maman ultra possessive, protectrice et manipulatrice à l’égard de son
fils : une maman araignée. Cela me paraissait sur le coup relativement
paradoxal d’associer les termes « araignée » et « maman »
ensembles, pour moi l’araignée symbolisant avant tout une angoisse, une peur. Mais
au fur et à mesure du travail et de ma réflexion j’ai réalisé que l’araignée,
avec sa toile et ses huit longues pâtes, est protectrice, contre toute attente
c’est un animal qui peut parfaitement symboliser une maman .Protectrice…et
dévoratrice ! A la fin de mon éprouvante et fatigante prestation nous
avons évoqué la sculpture de Louise Bourgeois qui se prénomme
« Maman ».
On m’a
répété à plusieurs reprises, à la fin de ma prestation, que l’on ne m’avait
presque pas reconnue lorsque j’étais sur scène. Je me dois de prendre cela
comme un compliment et continuer d’explorer cette version de la maman dans mon
travail de recherche.
A la fin
de l’exercice Sandrine nous a rappelé les règles fondamentales pour réussir un
exercice de la sorte qui sont encore une fois : sortir de sa zone de
confort et oublier son propre jugement. En effet, on s’empêche de se lâcher en
se disant que l’on a peur du jugement d’autrui. Cependant, c’est nous-mêmes qui
nous jugeons avant les autres.
Après
une bonne pause et aération de l’esprit nous nous sommes remis au travail.
Cette fois-ci nous avons fait une improvisation collective : le groupe
était divisé en deux.
Groupe
1 : Adèle, Anaïs, Marjolaine, Tess, Louise
Groupe
2 : Emma, Emilie, Célestine, Lukas, Snorri, Elisa, Madeline
Cette
improvisation consistait à incarner une troupe de théâtre qui, après avoir
attendu pendant des heures l’arrivée du metteur en scène, fini par se
questionner sur son avenir. De très bonnes idées ressortaient de
chacune des prestations mais elles n’étaient pas assez exploitées comme par
exemple l’idée du couple des personnages de Célestine et Lukas.
Pour la
semaine prochaine il faudrait ramener des cartons et pancartes sur lesquels
nous pourrons écrire les noms des personnages. Sandrine avait en effet évoqué
le projet de travailler sur ces matériaux pour la représentation d’Illusions
Comiques.
La
séance du jour s’est terminée par le début du travail de l’acte II de la pièce.
Ce fut à Tess, Célestine et Marjolaine de commencer. Malheureusement cette
bonne et enrichissante séance de travail s’est soldée sur une mauvaise note. En
effet, Sandrine attendait de notre part, à nous qui étions assis, de voir,
regarder et observer le travail des filles au plateau. Elle semblait déçue et
nous a même avouer que lorsqu’elle était lycéenne en théâtre de spécialité elle
était comme « suspendue face à la prestation des autres » et que ce
sentiment « d’admiration pour les autres » lui manque pour l’instant
dans notre groupe. Nous avons bien évidemment pris note de cela et je pense que
nous allons tous faire un effort les séances suivantes pour ne pas la décevoir
et avancer dans le travail.