samedi 4 mai 2019

Le personnage de Moi-Même (Travail de Louise, une ancienne élève))

 Pour préparer l'écrit et l'oral, je vous recommande de faire l'étude dramaturgique des personnages principaux d'Illusions Comiques: Moi-Même, le poète mort trop tôt, Mazev, Maman, Tante Geneviève, Girard, Balazuc etc en insistant sur les personnages que vous êtes amenés à jouer.

Le personnage de Moi-Même au début de la pièce Illusions Comiques. Attention cette étude ne concerne pas le personnage dans la totalité de la pièce.



Le personnage de Moi-même
          Illusions comiques est une pièce écrite et publié en 2006 par l’écrivain, comédien et metteur en scène Olivier Py. Cette pièce raconte l’ascension fulgurante puis la chute tragique d’un écrivain, les aléas de la vie au sein d’une troupe de théâtre, la place du théâtre, sa fonction au sein de notre société mais également, en arrière-plan une réelle lutte une guerre contre le SIDA. Puisque Moi-Même et ses camarades se souviennent du poète mort trop tôt, Jean-Luc Lagarce. On peut aisément remarquer la grande diversité et le nombre important de personnages qu’elle contient. D’autant plus qu’ils ne sont uniquement interprétés par Olivier Py et sa fidèle troupe constituée d’Olivier Balazuc, Samuel Churin, Michel Fau, Philippe Girard, Élizabeth Mazev, Bruno Sermonne, Mireille Herbstmeyer. Ces différentes personnes ayant marqué le quotidien de Py se retrouvent dans sa pièce sous les personnages de Monsieur Balazuc, Monsieur Fau, Mademoiselle Mazev ou encore Monsieur Girard… On retrouve également Olivier Py, lui-même, derrière le personnage de Moi-même qui sera au cœur de notre étude du jour suite au visionnage d’une captation du début de la pièce, la scène d’exposition.
        La pièce débute de façon bruyante et relativement désordonnée : les personnages rentrent et circulent dans tous les sens, le pianiste accorde et répète… puis  les comédiens s’attablent face aux miroirs comme s’ils étaient dans des loges. Moi-même, quant à lui circule dans le public où il va se tenir pendant un certain temps. De ce fait, il n’y a plus de quatrième mur puisqu’une interaction s’opère entre Moi-même, dans le public, et les autres personnages présents sur scène. Cette place pourrait également faire référence à la place du metteur en scène qui, installé dans public observe et dirige les acteurs sur scène. En effet, Moi-même étant le double théâtral d’Olivier Py il s’avère donc être également metteur en scène au sein d’Illusions Comiques.
Par la suite, il rejoint les autres acteurs sur plateau où il se déplace et bouge énormément : circule de jardin à cour, du lointain jusqu’à l’avant de la scène il finit par s’asseoir…
        En observant, il semblerait que chacun des personnages soit doté d’un fort caractère. Celui de Moi-même se caractérise notamment par ses nombreux grands gestes mais également par sa parole plutôt joyeuse et très puissante. Dans ce début de pièce il passe par de nombreuses émotions et états : de la joie, de l’euphorie lors de la lecture du journal  qui contient des éloges de son art à de la colère envers ses acteurs sur qui il va même hurler.
         Durant la première intervention de Tante Geneviève, jouée par Michel Fau, on comprend la complicité présente au sein de cette troupe mais également  la surprise face à chaque représentation qui peut être qualifié d’unique. Olivier Py ne peut s’empêcher de rire en essayant tant bien que mal de rester dans son rôle face au jeu complètement burlesque et hilarant de Michel Fau. Cela rappelle également la difficulté de cet art qu’est le théâtre.
        En ce qui concerne les costumes : tous les acteurs portent une tenue neutre noire à l’exception de Moi-même qui est vêtue d’une chemise blanche. Au courant de la pièce les acteurs sont amenés à ajouter des accessoires ou changer intégralement de tenue pour l’interprétation d’autres rôles. Le personnage de Moi-même, par exemple, reçoit une écharpe scintillante au couleur de la France après avoir été nommé Ministre de la Culture par le ministre de la culture lui-même…
         En effet, outre l’écharpe qui marque la puissance naissante de Moi-même on observe que son jeu et notamment sa position sur scène se transforme. L’article, lu par les acteurs, marque ce changement. Celui-ci est le départ de la suprématie de Moi-même. Initialement aux côtés et même niveau des personnages de Mademoiselle Mazev, Monsieur Balazuc et Monsieur Fau, Moi-même va se placer sur une estrade qui le surélève et montre ainsi sa supériorité son succès grandissant. On le voit même allongé comme le faisait les puissants empereurs romains dans l’Antiquité. Cet te assurance acquise semble s’effacer à l’entrée du personnage de Maman. On retrouve une certaine complicité, celle d’une mère ultra protectrice et manipulatrice et son fils comme retombé en enfance depuis son entrée.
         Il est impossible d’aborder la mise en scène d’illusions comiques sans aborder les visages blancs. Les acteurs ont leurs visages recouverts, maquillés tout de blanc. Il s’agit là d’un choix parfaitement réfléchi dont plusieurs interprétations s’offrent à nous. On peut y voir, tout d’abord, une référence au théâtre de l’Antiquité où les acteurs étaient amenés à incarner plusieurs rôles au sein d’une même pièce ou même un seul acteur prenant en charge tout une distribution. Ainsi les acteurs portaient un masque blanc à trois visages pouvant facilement exprimer plusieurs émotions : la joie, la tristesse et la colère. Cette première hypothèse peut être envisageable dans la mesure où les acteurs incarnent plusieurs personnages, ce qui permet une certaine neutralité de base autour de laquelle peuvent s’ajouter d’autres traits de caractères ou accessoires.
Ces visages blancs peuvent également symboliser un effacement de l’acteur derrière le personnage qu’il incarne. Par exemple, Olivier Py interprète le personnage de Moi-même et non Olivier Py. On peut reconnaître ses traits aisément sans pour admettre qu’il s’agit bien de lui.
Ainsi ces visages blancs peuvent donc nous rappeler à nous spectateurs que nous sommes bel et bien face à une pièce de théâtre et ses personnages et non face à un pastiche de la vérité.
On retrouve également derrière ce maquillage une référence directe au cabaret où les acteurs, chanteurs et danseurs se recouvrent intégralement le visage de blanc. Olivier Py est un adepte et pratique lui-même l’art du cabaret et notamment celui du travestissement.. En effet, Py avait créé tout un spectacle où il incarnait une chanteuse Drag-Queen « Miss Knife » qui chante au rythme du jazz ses amours, le temps qui passe, la jeunesse, la vieillesse. Le cabaret semble très important au sein de la pièce de Py puisque la question du travestissement et de la recherche identitaire semble également être au cœur de l’intrigue.

Pour finir, le personnage de Moi-même communique régulièrement avec celui du poète disparu. Ces deux personnages étant de deux mondes différents : le premier appartient au monde des vivants, le seconde à celui des morts. Afin de marquer cette distinction tout en permettant une communication entre eux Moi-même s’adresse au poète en étant dos à lui. On peut y voir ici une volonté de rappeler que le poète n’est plus visible de Moi-même tout en étant bien présent dans ses souvenirs, sa tête avec sa parole résonnante.