Leçon sur la tragédie : hommage à ce que Py a appris de
Girard : « pour moi Philippe est depuis longtemps l’acteur tragique
par excellence, non par le pathos, mais par la puissance de la parole : il
a un sens de la profération qu’on ne trouve plus ailleurs, ce qui en fait un
patrimoine national pour sa manière unique de dire la langue française. »
Double rôle du jésuite attaché à sa croix ( ambivalence du mot "bois" dans le texte: planches de théâtre et bois de la croix) adressant sa supplique à Dieu et de Rodrigue,personnage du Soulier de satin de Claudel,
ce frère « qui est de ceux-là qui ne peuvent se sauver qu’en sauvant
toute cette masse qui prend leur forme derrière eux », il semble adresser
toutes ces répliques au ciel :« rendre visible le miracle de la
Parole » cf P31-33 Epître aux
jeunes acteurs que je vous ai distribuée et qu'il faut lire.
Girard provoque le silence. Fau le rire : "terreur car
nous n’existons pas, nous ne sommes que masques." Rencontre entre le rose fluo
et le rouge dont se drape le tragédien. Force de l’émotion liée à l’accessoire.
Tissus rouge à la fois toge antique et flot de sang répandu sur le praticable en coulée terrible + calque rouge des
néons au diapason. Maquillage rouge et couronne de laurier.
Mais ravages de la société du spectacle : ce qui a été
sacrifié sur l’autel de la communication et de la consommation est la poésie: « le
poète a été égorgé dans une rue sombre de l’après-guerre, le dramaturge vient d’être
saigné dans le renouveau des formes par un vendeur de modes qui agence le
pulsionnel sur les podiums de la mondialisation. » Mort de la parole au
XXème siècle et peut être encore plus au XXième.
Redonner un sens aux mots, témoigner qu’une parole n’est pas
condamnée à l’insignifiance. P 86-87 Orphée : place dans le théâtre de Py cf
Visage d’Orphée 1997: Py joue Pan,
les autres en sont aussi sauf Balazuc cf scène 15 de la première époque Ainsi
les noms communs sont le scandale du monde. Cf Mallarmé « redonner un sens
plus pur aux mots de la tribu »,
faire briller à nouveau les mots usés : il ne devrait y avoir que des noms
propres ! Chaque chose devrait être appelée par son nom comme une personne
aimée ; cf Olivier ! Promesse cf la servante: "je voudrais pouvoir
appeler chaque arbre par son prénom », tout bâtir sur un jeu de mot. Cf
"Eglise sur cette pierre…" poids des mots.
Mots qui gagnent à être lourds : "Il y a de la parole
dans la parole"
Orphée dans tout acteur et poète qui montre un corps
traversé et transformé par une parole…L’acteur ne dit pas la parole, il
l’entend… et il la montre.
cf Novarina: les acteurs pneumatiques, faire du théâtre suppose tout
simplement de savoir qu’on n’est pas le premier à parler, que la parole se
reçoit !
D’où farcissure d’auteurs du passé dans le texte même,
bouturage.Nombreuses citations mêlées à l'écriture de Py, notamment Rimbaud. Âmes errantes du plateau qui reprennent corps. L’homme ne peut être
sauvé que par une parole incarnée, les pères… des verbes faits chairs
Artiste martyr de son art, théâtre d’insistance plus que de
résistance, continuer à évoquer Orphée et la puissance de la parole dans un
monde qui la dénigre= ultime affirmation de la liberté de l'homme.
« Pour moi un grand acteur est un acteur qui chante, un
acteur lyrique. Pas comme à l’opéra bien sûr, mais un acteur qui a un vrai
rapport avec son corps, qui joue avec son corps et peut ainsi se sentir
réconcilié avec lui-même et le monde. Le « beau » jeu doit dépasser
la vraisemblance, le réalisme, le « cogito ergo sum » des drames
bourgeois. Même l’émotion n’y suffit pas. La représentation de l’humain dans sa
totalité doit être encore au-delà. Dans le chant retrouvé de la mémoire et du
temps… »
Pas peur du ridicule, de son anachronisme, génie de Py de
faire rire de ce à quoi il croit et cependant de continuer de croire.
Tout cela est à rapprocher du travail corporel qu'exige de vous Sandrine.