Bande annonce
A apprendre.
Film de Werner Herzog, Woyzeck (1979)
Tourné en 1978 à Telc
en Tchécoslovaquie , ville avec un plan d’eau, style ancien, Renaissance,
vieilles maisons, château, église : cadre historique pratiquement intact,
décor naturel.
Tournage commencé après Nosferatu, fantôme de la nuit dans
lequel Klaus Kinski joue le rôle principal
Deux semaines de
tournage, montage en 4 jours, pas de précipitation, le réalisateur Werner
Herzog connaît parfaitement l’œuvre de Büchner ( cf le personnage perdu de L’Enigme
de Kaspar Hauser aux traits proches de Woyzeck, au départ il pensait confier le
rôle au même acteur) Mais épuisement de Klaus Kinski après le tournage de Nosferatu
a été considéré comme un atout pour jouer Woyzeck.
Le décor naturel fait aussi gagner du temps.
Reprend le découpage de Franzos , celui qui existe aussi
dans l’opéra de Berg.
Première scène parlée , celle entre le Capitaine et
Woyzeck (rasage), puis celle où W ; a des visions alors qu’il ramasse des
baguettes avec Andres, puis celle où Marie et la voisine regardent passer les
soldats….a la fin W s’éloigne dans l’eau et disparaît, ce qui donne à penser qu’il
se noie, comme l’avait imaginé Franzos.
Projet de mettre l’accent sur le personnage de W et sur les
brimades qu’il subit.
Ajout aux scènes dialoguées de quelques scènes muettes,
notamment au début et à la fin : film commence par un long panoramique qui
montre la petite ville depuis la rive opposée du plan d’eau : on voit
défiler maisons, clochers, puis une vue aérienne permet de percevoir le plan
général de la ville, grand place et des arcades qui forment comme l’amorce d’un
cloître. Tout semble calme, paisible, surcout le plan d’eau au bord duquel se
déroulera pourtant un meurtre.
2ème séquence muette qui suit :
W à l’exercice, courant dans la ville puis se mettant au garde à vous, rampant
et faisant des pompes, épuisé alors que
la botte d’un supérieur appuie sur son dos quand il s’écroule de fatigue. :
deux aspects essentiels du film : le cadre de la petite ville et la vie
militaire ;
Fin du film : plan éloigné deux croque-morts et deux
officiers de justice autour du cadavre de marie. Un cercueil est déjà prêt-
même la mort est bien organisée ; Les officiers de justice font des
relevés et les croque morts vont chercher le corps.
Le film donne moins l’impression d’une narration fragmentée
que la pièce, mais le procédé utilisé par Büchner peut déjà annoncer le montage
cinématographique.
Cadre réaliste : grand place sert à la parade militaire
et à la foire. Séquence du Bonimenteur = scène de genre : personnages dans
les costumes de l’époque de Büchner, échoppes, manège, musicien qui joue de l’orgue
de Barbarie, moutons, poulets, chèvres. Ambiance festive reconstituée, au
milieu des passants Marie, Woyzeck avec l’enfant dans ses bras. Scène du
Bonimenteur réaliste : un petit singe vivant est déguisé en soldat et le
spectacle du cheval capable de faire du calcul mental est un vrai numéro de
cirque.
Auberge a toutes les
caractéristiques d’un estaminet local : tables ous les arcades, buveurs de
bière, danseurs, orchestre de quatre musiciens.
Mais pas attachement au folklore local : univers bien
ordonné, structuré qui a des valeurs et les respecte. Ici chacun tient à sa place
et ne s’écarte pas du droit chemin : sous le calme il ya quelque chose d’oppressant :
W ne peut se sentir qu’exclu, rejeté.
W= un fou clairvoyant : le W du fait divers à l’origine
était un miséreux, Büchner en fait un soldat auquel on ne confiait que des
tâches subalternes, secondaires, dans le film d’Herzog militaire affecté à part
entière dans un régiment de garnison. Exercices physiques pénibles et
difficiles. W vit au rythme de la caserne, il est tenu d’obéir à tous car toute
la ville est régentée militairement. Même devant le docteur qui n’est pas en uniforme
il se tient au garde à vous. W n’est libre de prendre aucune initiative. Sa journée est une
longue suite de tâches et de corvées qu’il exécute frénétiquement, comme
mécaniquement.
Dans le film, accent mis
sur l’inhumanité et la débilité de l’organisation militaire en accord en cela
avec Buchner qui dans la scène di Bonimenteur présente le singe-soldat comme « le
degré le plus bas du genre humain. Dès la scène de l’entrainement, la
sauvagerie militaire apparaît comme l’un des facteurs de folie de W. Son visage
exprime sa souffrance et en même temps l’impossibilité d’échapper à son sort.
Les mauvais traitements du capitaine et du Docteur apparaissent alors comme des
manifestations secondaires de cette organisation militaire et pas exclusivement
comme des brimades de personnages désaxés.
Dans ce contexte Marie + personnage à part :
interprétée par Eva Mattes ( prix du meilleur second rôle féminin à cannes en
1979 pour son rôle dans le film) : jeune fille simple mais pas démunie ;
elle a un logement que l’on voit deux fois dans le film : intérieur sobre
et ordonné, lit en bois pour l’enfant, vaisselier bien rempli, fait partie des
petites gens de la vile comme sa voisine avec qui elle parle des soldats. Consciente
d’elle-même, sait ce qu’ell e veut : intérêt pour le Tambour-major,
le laisse la prendre dans ses bras, le
reçoit chez elle et se jette dans ses bras. Ne donne pas pour autant le
sentiment d’être une femme facile. Femme qui assume ses désirs (même si elle
doit par la suite chercher du réconfort dans la Bible. Ne correspond pas au
stéréotype de la jeune femme de province dans la première moitié du XIXème donc
originalité dans le film.
Trahi par Marie, brimé, exploité et battu par la gent
militaire W peut se sentir rejeté de tous. Mailss le film montre qu’end épit de
sa folie W voit plus loin que tous les autres. Il subit leurs sarcasmes mais n’entre
pas dans leur jeu, semble absent, tourmenté par des voix intérieures. Herzog
renverse les valeurs : ce sont les autres qui sont fous d’accepter le
monde tel qu’il est alors que w a com^ris que ce monde est insensé ( C’est
pourquoi on lui dit qu’ »il pense trop ».) et qu’il n’y a point de
salut ;
La seule valeur que w trouvait à son existence c’était
marie. Une fois qu’elle lui a été enlevée, il ne peut plus continuer la farce
grotesque de sa vie, il lui faut la tuer et disparaître, Herzog le fait alors
mourir à la fin du film.
Au moment du meurtre passé au ralenti, le temps semble
suspendu. Les coups de W tombent sur marie lentement, elle pousse des cris
inaudibles. Puis on voit la tête de marie ensanglantée sur l’herbe ; W la
relève doucement, la regarde : il a l’air désespéré ; Tout est vide,
il l’avait perçu et maintenant il le sait !
Film n’a pas grand succès à sa sortie.
Histoire racontée sobrement, sans pathos, sans effet de
caméra. Images simples et belles ; interprétation de Klaus Kinski
tellement forte, il extériorise la souffrance du personnage à tel point que l’on
a tendance à confondre W et l’acteur . Extraordinaire numéro d’acteur.