dimanche 2 juin 2019

Descriptif projet Britannicus


Même si la tragédie est toujours un peu intimidante pour un acteur, on peut considérer que le choix de mettre au programme Britannicus de Racine est un choix tout à fait adapté aux élèves de Terminales car Britannicus, Néron et Junie ont l‘âge de leurs jeunes interprètes. Ils sont sommés d’entrer dans la vie adulte dans un contexte politique particulier de rivalités pour l’Empire Romain, ils connaissent les affres du désir et de la jalousie, ils cherchent à s’émanciper de l’influence de leurs maîtres et parents ou réclament des soutiens. 
Avec Serge Lipszyc, l’accent a été mis sur la difficile diction de l’alexandrin. Comment faire pour respecter la virtuosité racinienne sans tomber dans l’écueil d’une diction scolaire, peu théâtrale, et qui ne rendrait pas justice aux situations très intenses que la pièce propose et aux émotions qu’elles suscitent ? Les élèves ont fait un immense travail sur le souffle, sur le découpage de l’alexandrin afin que la syntaxe soit respectée et permette la compréhension de ce qui se joue, les enjeux de chaque scène. Serge a mis les élèves en confiance en cherchant avec eux d’abord la justesse de  l’adresse, la conscience de la situation à jouer, l’alexandrin comme une parole presque naturelle, une fois que l’on a fait un travail rigoureux de découpage du vers et d’entrainement sur le souffle. 
Après le travail très physique sur Woyzeck, les élèves ont parfois eu du mal à s’adapter au travail apparemment plus aride que requiert la compréhension du texte de Racine et la diction du vers. Mais petit à petit en passant aussi par une transposition des scènes à jouer dans leur propre langage pour mieux comprendre la situation, ils se sont approprié cette « matière » un peu rebelle. 
Avant la présentation de travaux, ils étaient inquiets de l’absence apparente de « mise en scène » puisque rien n’avait été travaillé en ce sens mise à part l’idée de créer une certaine tension dans le début de la pièce en peuplant le « palais » de Néron de « statues », présences fantomatiques mi-figées mi animées par moments, qui changent de postures entre les scènes et finissent par disparaitre. Ce dispositif permettait aussi de faire prendre conscience de l’importance du regard qui espionne et trahit dans la tragédie de Racine. Pour soutenir le travail de diction et de jeu des élèves lors de la présentation de travaux, un cyclo encadré de deux rideaux a été installé sur le plateau représentant la porte des appartements de Néron et permettant un jeu d’ombre pour faire ressentir la présence inquiétante de Néron. Une musique pleine de dissonances contribuait à la tension tragique de l’ensemble. Lors de l’examen, les élèves ne bénéficieront pas de ces soutiens, mais les vers raciniens bien compris portés par un corps tenu suffisent pour nous à transmettre l’intensité de la tragédie