dimanche 2 juin 2019

Descriptif projet Woyzeck

Je vous envoie le texte que je mets sur le descriptif. il faut me dire si c'est clair pour vous car le scorrecteurs utiliseront ce document comme base de réflexion sur ce que vous faites au plateau.


Büchner  dévoile  dans Woyzeck, dès le début du XIXème, « l’obscène », ce qui est rejeté communément hors de la scène, hors du théâtre du monde : l’exploitation de l’homme par l’homme, la folie, les pulsions meurtrières. Il y approfondit la critique sociale de ses textes précédents en prenant pour personnage principal un pauvre diable qui sert de domestique à son Capitaine, de sujet d’expérimentation médicale, qui est trompé par sa femme et humilié en public par l’amant de celle-ci et par toute la communauté.. Il finit par la tuer à coups de couteau.
Sandrine Pires a demandé aux élèves dans le traitement quasi choral de fragments de la pièce d’accentuer la dimension de marionnette des personnages, en proie chacun à une manipulation différente  et qui les mène vers une folie, toujours sous le regard du groupe qui semble exiger que chacun joue un rôle préétabli. Comme le suggère le bonimenteur, animaux de foire et êtres humains aliénés ne sont guère éloignés les uns des autres. Et finalement le plus fou n’est pas Woyzeck dont le discours hanté n’est jamais dénué d’une profonde humanité. Il ne sait pas vraiment dire mais ce qu’il ressent sonne souvent juste et plonge dans un abîme vertigineux.
Sandrine a demandé aux élèves d’entrer dans un code de jeu très physique qui sollicite le corps tout entier et de porter la voix à hauteur de l’intensité gestuelle. Rien n’est quotidien dans ce type de jeu. Elle a nourri les élèves avec des mots clé : atmosphère de cauchemar, marionnette, rupture, folie. L’adresse, comme pour le jeu de marionnette, passe par le public et c’est celui qui écoute qui peut être de profil. Cela souligne la difficulté de communication des personnages qui restent prisonniers de discours que les autres n’entendent pas vraiment. Jean-Louis Besson a montré que la critique actuelle pour expliquer l’incroyable modernité de la pièce de Büchner se fonde davantage sur les ruptures du dialogue, qui n’en est jamais vraiment un, que sur le caractère fragmentaire de la pièce, lié à son inachèvement.
Pour accentuer la folie des personnages, le jeu n’est pas psychologique mais plutôt chorégraphié, les élèves insèrent parfois dans leur scène des séquences gestuelles inventées à partir de consignes lors d’un exercice : un saut, une glissade, un passage au sol etc qui créent une incongruité et un malaise. Les transitions entre les différentes scènes dans la « petite forme » que nous avons inventée créent des ruptures également lors des mises avec chaises et pancartes pour signaler qui joue qui. Les comédiens ne quittent jamais le plateau et tout se fait à vue pour accentuer l’idée d’une surveillance de tous par tous qui empêche un véritable accès du sujet à lui-même et à sa propre parole.
Les élèves ont immédiatement adhérés aux propositions de Sandrine. Certains avaient déjà travaillé avec elles sur le Dragon d’Evgueni Schwartz l’an dernier en option facultative.