samedi 14 septembre 2019

L'école Jacques Lecoq.

Lien avec le site de l'Ecole Jacques Lecoq : une école qui met en avant le corps et l'imagination. beaucoup d'exercices que nous pratiquons viennet de son expérience. voir son livre au CDI intitulé Le Corps poétique.

Film qui donne la parole à Jacuqes Lecoq Regardez le début où Jacques Lecoq parle de la recherche de son propre clown.

Article sur le clown de théâtre très complet.

« Dans la tradition du cirque le clown commençait par être acrobate, fil de fériste ou trapéziste puis, prenant de l’âge, ne pouvant plus réaliser les numéros à leur niveau de qualité, il les apprenait à un jeune qui devenait clown. Depuis les années soixante se manifeste un intérêt pour le clown. Mais le clown n’est plus lié au cirque : il a quitté la piste pour la scène et la rue.
 Beaucoup de jeunes désirent être clown ; c’est une profession de foi, une prise de position envers la société : être ce personnage à part et reconnu de tous, pour lequel on ressent un vif intérêt, dans ce qu’il ne sait pas faire, là où il est faible.
Montrer ses failles : les jambes maigres, les grosse poitrines, les petits bras et les mettre en valeur avec d’autres vêtements que ceux qui d’habitude les cachent, c’est s’accepter et se montrer tel que l’on est. De nombreux jeunes dans tous les pays parcourent les rues avec trois balles, une cabriole, un mur invisible, pour être regardés. Le phénomène dépasse la simple représentation et son spectacle.
 Ce clown « psychologique », que peut développer une pédagogie dramatique, nécessaire à la liberté du comédien, n’est pas forcément un clown de spectacle et reste le plus souvent un mode d’expression privé. Le petit nez rouge ne suffit pas à faire un clown professionnel et la représentation ne doit pas être une exhibition consolatrice. Le clown exige aussi un exploit, souvent à l’envers de la logique ; il met dans le désordre un certain ordre et permet de dénoncer ainsi l’ordre reconnu : il fait tomber son chapeau, il va pour le ramasser, mais, malencontreusement, donne un coup de pied dedans et, sans le faire exprès, marche sur une canne qui lui saute dans la main. Le clown rate là où on l’attend et réussit là où on ne l’attend pas.
Qu’il essaie de faire un saut périlleux, il tombe, mais il y parvient quand on lui donne une gifle. Ainsi le clown Grock, caché derrière un paravent, parvenait à jongler avec trois balles seules visibles du public, ce qu’il ne pouvait réussir devant lui.
 Le clown prend tout à la lettre dans son sens premier : lorsque la nuit tombe (boum !) il la cherche par terre et l’on rit de son côté idiot et naïf. Quand on lui dit de prendre l’air, il cherche à l’attraper avec la main. On lui fait des blagues. On lui dit de se baisser et de regarder ses pieds : il se baisse et reçoit un coup de pied dans les fesses ; il trouve la plaisanterie « bonne » et veut la faire à son tour à un troisième personnage ; celui ci lui demande de lui montrer ce qu’il faut faire, et le clown reçoit un autre coup de pied donné par ce dernier personnage qui connaissait la blague.
 Le petit nez rouge, « le plus petit masque du monde », en donnant au nez une forme ronde, éclaire les yeux de naïveté et agrandit le visage en le démunissant de toute défense. Il ne fait pas peur, c’est ce qui le fait aimer des enfants. La pantomime, autrefois, était descendue sur la piste du cirque et avait apporté au clown le visage blanc de Pierrot qui devint le clown blanc.
 Le clown, aujourd’hui, c’est surtout l’auguste et par suite tous les comiques de la piste. Beckett a apporté une nouvelle dimension au clown en lui faisant découvrir les grands souffles de l’existence. Le héros tragique étant devenu inabordable, le clown le remplace, « En attendant Godot »...

Clowns de théâtre et clowns de cirque se mêlent au Cirque Alfred, en Tchécoslovaquie, avec Ctibor Turba et Boleslav Polivka. Pierre Byland et Philippe Gaulier, clowns de théâtre absurde, font un spectacle, Les Assiettes. Chaque pays trouve ses clowns, le phénomène est international, sans que le cirque les fasse naître. De jeunes comédiens se reconnaissent dans ce monde clownesque qu’ils font évoluer loin de l’image typique du clown de cirque. Cette recherche de son propre clown réside dans la liberté de pouvoir être soi même et d’en faire rire les autres, d’accepter sa vérité. Un enfant est en nous qui a grandi et que la société ne permet pas de montrer ; la scène est là qui le permettra mieux que dans la vie. Cette démarche est purement pédagogique et cette expérience sert le comédien au delà même de la représentation clownesque.
Il ne suffit pas, pour un clown de théâtre, de se montrer au public en ratant ce que l’on tâche de réussir et de porter un costume typique et un nez rouge. Le clown professionnel doit savoir faire ce qu’il rate avec talent et travail. Les clowns de théâtre, eux, se fondent davantage sur le talent du comédien que sur celui de l’acrobate ; sans nez rouge, ils animent un monde souvent absurde et tragique. En compagnies, ils montent de courtes pièces prenant leurs personnages en eux mêmes, se caricaturant.
( Jacques Lecoq in Le théâtre du Geste Bordas 87 p 117