lundi 30 mars 2020

La Cerisaie: Le personnage de Varia selon Myriam


Personnage de Varia :

Varia est la fille adoptive de Lioubov Andreevna qui est la propriétaire de la maison, dans la pièce elle est âgée de vingt-quatre ans.( Cite le texte à l’appui de tes analyses.) Elle a une soeur adoptive, la fille biologique de Lioubov, Ania, un oncle adoptif, le frère de Lioubov, Gaev Leonid Andreevitch. Varia est la personne qui a tenu la maison de Lioubov pendant son absence à Paris, on peut donc supposer qu’elle est considérée comme responsable par sa mère, et comme étant une personne de confiance.

En utilisant les paroles des autres personnages mais aussi les siennes on peut comprendre un peu mieux le personnage de Varia. “ Et Varia, elle n’a pas changé, elle est comme avant, elle ressemble à une nonne” dans cette citation, Lioubov parle de Varia comme de quelqu'un d’innocent et inchangé malgré les cinq ans passés loin l’une de l’autre elle confirme cela plus loin dans la pièce : “Tu ne changeras jamais, Varia”. On peut surtout voir le désir de Lioubov que justement rien ne change, que sa maison reste la même, que sa fille reste la même… Mais le fait que Varia ne fasse rien pour la détromper montre qu’elle ne souhaite pas brusquer sa mère et souhaite la préserver. Cette impression est d’autant accentuée par la réplique “Douniacha, du café, vite… Maman demande du café”, Varia s’empresse de répondre à toutes les demandes de sa mère. Varia cherche à protéger ceux qu’elle aime : “tu ne pouvais quand même pas y aller toute seule, mon petit coeur. A dix-sept ans !”, “Il est temps de se coucher, mon petit coeur”.Par ailleurs, elle garde toujours un oeil sur sa petite soeur : “toujours à faire du zèle, à s’occuper de ce qui ne la regarde pas. Elle ne nous a pas laissés tranquilles de tout l’été, Ania et moi, elle avait peur que nous n’ayons un roman”
Varia possède une véritable autorité sur les servantes puisque Douniacha s’exécute à chaque fois qu’elle lui donne un ordre et que tout le monde dans la maison semble l’écouter et les respecter. On voit donc qu’elle a bien pris le rôle de maîtresse de maison, elle le prouve en formulant la phrase “J’ai donné ordre qu’on le laisse dormir”. Par la suite, elle prend d’autant plus son rôle de maîtresse de maison qu’elle parle de marier Ania, “Je te marierais à un homme riche” comme si c’était elle qui était sa mère, comme si c’était à elle qu’il incombe le rôle de trouver un mari pour sa soeur.
On constate par la suite que Varia semble très pieuse, le fait que sa mère la compare à une “nonne” au début mais aussi qu’elle dise vouloir partir en “hermitage” et marcher “de lieu saint en lieu saint” montre qu’elle croit énormément et souhaite vivre une vie totalement différente de la sienne, pouvoir s’échapper. Elle conclut sa tirade par “La sainte vie!” ce qui montre que pour elle c’est l’objectif ultime, la panacée. Par ailleurs tout au long de la pièce elle en appelle de nombreuses fois à “Dieu”, au “Seigneur”… Dans le troisième acte, Varia parle d’entrer même d’entrer “au couvent”.
Côté vie sentimentale, Varia a du mal à s’engager et à prendre des risques : “Varia, il a demandé ta main ? Il t’aime pourtant… Pourquoi ne vous expliquez-vous pas, qu’est-ce que vous attendez ?/ J’ai l’impression que ça ne donnera rien lui et moi…” Elle fait tout pour mettre de la distance entre elle et Lopakhine, “il faut absolument la mettre dehors cette canaille.” Tout le monde la pense fiancée à Lopakhine, mais ce n’est pas le cas, même si elle n’ose pas l’avouer à tout le monde. Trofimov l’appelle même “Madame Lopakhine”.
Varia est quelqu’un de très émotif, à plusieurs reprise dans la pièce elle se met à pleurer. Son oncle lui demande même à un moment “Ne pleurniche pas.” Mais elle se met aussi très rapidement en colère et va jusqu’à tenter de frapper Epikhodov dans le troisième acte, même si elle fini par taper Lopakhine. Elle donne constamment des ordres à tout le monde et se dispute avec Petia car il se moque d’elle. C’est une femme très fière qui rêve de renouveau et de pouvoir être elle-même tout en étant bloquée dans ses desseins par sa famille et sa mère qui veut que rien ne change. Cependant à la fin lorsque la situation change et que la Cerisaie est vendue, elle ne peut s’empêcher de s’accrocher à ce qu’elle a toujours connu et décide de s’occuper de la maison des “Ragouline”. Elle cherche toujours sa place et veut se rendre utile, c’est pour cela qu’elle ne suit pas sa mère et sa soeur.

Tout au long de la pièce l’évolution de Varia n’est pas très visible, elle reste dans le même schéma même lorsque la vie lui offre la possibilité de changer, elle persiste dans un cycle éternel et ne sait pas prendre de risques, tout son comportement montre qu’elle a besoin des autres pour exister car elle n’arrive pas à s’épanouir dans sa propre vie et a peur d’être elle-même. Selon moi, de la même manière que Lioubov, Varia représente la société qui a peur d’évoluer mais aussi la femme dépendante de sa maison et de son lieu de vie comme exutoire et moyen de se rendre utile, d’exister.

Très bon travail efficace et synthétique