Ecoute d'une émission de radio:La nudité: danser nu, jouer nu 58mn
Découpage de l'article Nudité au théâtre pour en faciliter la lecture:
L’être
humain est le seul à pouvoir être dénudé, différence avec l’animal
vêtement =signe la
sortie de l’état de nature. Souci de la parure, pudeur, jeu de
voilement/dévoilement, scandale au croisement de l’esthétique et de la morale,
normes, codes
Pour l’acteur et l’actrice, la nudité en scène est une
condition de jeu toujours possible, très sollicitée par les metteurs en scène
depuis les années 1990. Quand elle est gratuite et galvaudée, elle agace. Quand
elle est justifiée par un propos de mise en scène, elle bénéficie d’une bonne
réputation: générosité, disponibilité totale à son art, maîtrise du regard sur
soi et lâcher-prise. La nudité devient garante d’authenticité et de vérité.
Pas costume comme un autre Le dévoilement de son intimité
devant un public n’est jamais banal et on constate qu’un certain coût
psychique, voire social, doit souvent être acquitté tôt ou tard par l’acteur
nu.
De quels outils se doter pour s’y préparer? L’acteur
reste celui qui peut décider in fine de la pertinence de son dénudement. Il lui
faut penser sa nudité pour l’endosser ou s’y soustraire. En comprenant ce
qu’elle recouvre ̶ses codes, sa polysémie, ses enjeux ̶l’acteur augmente son
potentiel expressif, ses moyens de
contrôle et donc de lâcher-prise.
Plusieurs questions méritent d’être approfondies par un
acteur-créateur pleinement engagé dans son art et soucieux du sens de ses
actes. Ainsi que signifie la nudité en scène? D’autres scènes que celle du
théâtre peuvent-elles nous instruire sur le potentiel esthétique de la nudité?
Quelles conventions sous-tendent la mise à nu du comédien? La nudité scénique
peut-elle être vécue par l’acteur et reçue par le spectateur sans référence à
la nudité réelle de l’espace privé et public, sans être influencée parla nudité
médiée et représentée? La nudité est-elle un risque pour l’acteur et sur
quel(s)plan(s)? Le coût psychique et social de la nudité pour l’acteur peut-il
être sublimé?
La nudité frontale, intégrale, s’est installée
régulièrement sur les scènes du théâtre public dès la fin des années 1990,
atteignant un pic, et provoquant quelques scandales publics quand elle était
accompagnée de gestuelle sexuelle et/ou scatologique, dans les années 2000. Un
processus de normalisation s’est opéré dans les années 2010, faisant émerger des
conventions tacites, une sorte de bienséance de la nudité à la française. En
fait, le scandale arrivait d’ailleurs, inspiré par des artistes venus de la
performance, de scènes du nord de l’Europe moins attachées que la France à une
culture du haut du corps (Belgique, Allemagne) et par une nouvelle danse
contemporaine dégagée de la sacralité du corps. Ces nudités subversives,
prosaïques ou conceptuelles, parfois charnelles, ont été perçues comme des
œuvres provocatrices par le grand public et la critique, et reçues avec
scepticisme par une grande partie de la profession théâtrale en France. Leur
esthétique n’a pas perduré. A contrario, la nudité réaliste et érotique de
l’écran ne fonctionne pas davantage comme référence pour la scène. Que sont ces
nudités radicales que le théâtre évite, et pourquoi?