Ceci est mon moment de liberté
J’ai essayé d’écrire
sur le moment où je me sentais le plus libre. Réellement. Plusieurs fois. J’ai
cherché au fond de moi même, je me suis rappelée de moments doux, joyeux, et
cela m’a fait du bien, vraiment. Mais c’est à ce moment là que j’ai compris que
j’aurais beau chercher, tenter de rédiger en me pliant aux consignes, je n’y
arriverais pas. Parce que chacun a une vision personnelle de ce qu’est la
liberté et que la mienne n’est pas celles des autres, tout comme celles des
autres n’est pas la mienne. J’ai beau essayer de choisir la facilité, de me
faire violence, je ne peux pas me mentir à moi-même en connaissance de cause,
pas alors que mon opinion est tellement à l'opposé. Alors tant pis, je prends
le risque, d’aucun dirait la liberté, de dire ce que je pense et si ça dérange,
tant mieux, j’écris pour ça.
On a peur qu'on nous
prive de notre sainte liberté, on a peur d'être espionné, mais il faut se
rendre à l'évidence, arrêter de se croire unique important, l'hypocrisie a
assez duré, nous avons tous été formés dans le même moule, on nous a donné les
mêmes tares, les mêmes défauts. Les mêmes objectifs. On pourra dire ce qu'on
veut, que le cadre change, que l'éducation n'est pas la même; que la religion
diffère, je répondrais que l'être humain reste un être humain.
On nous a donné
comme unique but, seul objectif le bonheur. Où est le droit au choix, la
liberté ? On estime que c'est ce qu'il y a de mieux mais personne n'arrive à
définir le bonheur, il est indétectable qui y a t-il de bien de courir après un
objectif inatteignable ?
Selon moi, la
liberté n'est pas un moment, ce n'est pas une émotion, c'est un pouvoir, un
choix. Il implique des sacrifices. On a beau nous dire qu'on est libre, quelle
que soit la prison, elle existe, elle revêt différents noms, prend différentes
formes, mais elle est toujours là, oppressante, elle va de paire avec notre
humanité. La plus connue de ces prisons, la plus puissante, se nomme Société.
Même seul, allongé en forêt, en rêvant : nous ne sommes pas libres. Nos
pensées, nos doutes nous en empêchent. La liberté n'est pas humaine, pas
rationnelle, elle n'est pas accessible à tout le monde. On pourra dire ce que
l'on veut, la liberté, c'est un risque dont il faut savoir assumer les
conséquences. C'est un pouvoir dont le prix est lourd et peu de gens peuvent se
vanter de pouvoir le payer.
J'ai voulu parler de
moments où je me sentais bien en confondant le bien-être avec la liberté mais
ce n'est pas la même chose, le bien-être ne prend pas de risque, ne demande pas
de sacrifice, la liberté, ce n'est pas ça, la liberté c'est d'avoir le pouvoir
de choisir, entre la vie et la mort, la peine et la joie. Ce n'est pas quelque
chose de définissable, pas quelque chose de stable, c'est personnel, c'est commun.
Je pourrais écrire une thèse dessus et je suis sûre que des gens beaucoup plus
qualifiés que moi l'ont déjà fait. Je ne peux pas décrire un moment où j'étais
le plus libre, je peux décrire le moment où j'ai pris le droit de faire des
choix, non pas entre trois possibilités comme pour les spécialités de cette
année mais entre toutes les possibilités que l'univers nous offre et que nous
refusons de voir.
Le
seul moment où je peux pleinement prendre ces choix, m’échapper de cette
prison, c'est lorsque les mots s'échappent de la pression des règles du monde,
quand l'imaginaire prend ses droits, quand tout redevient possible. Quand aux
frontières entre le rêve fou et le monde réel, on choisit le rêve fou. On va
peut être me prendre pour une folle mais je n'en ai cure. La folie est un choix
que je fais, un choix qui me rend libre quand j'accepte de prendre le risque et
de faire les sacrifices qu’il requiert