vendredi 12 juin 2020

Moment de liberté: proposition de Myriam Mita


Ceci est mon moment de liberté

J’ai essayé d’écrire sur le moment où je me sentais le plus libre. Réellement. Plusieurs fois. J’ai cherché au fond de moi même, je me suis rappelée de moments doux, joyeux, et cela m’a fait du bien, vraiment. Mais c’est à ce moment là que j’ai compris que j’aurais beau chercher, tenter de rédiger en me pliant aux consignes, je n’y arriverais pas. Parce que chacun a une vision personnelle de ce qu’est la liberté et que la mienne n’est pas celles des autres, tout comme celles des autres n’est pas la mienne. J’ai beau essayer de choisir la facilité, de me faire violence, je ne peux pas me mentir à moi-même en connaissance de cause, pas alors que mon opinion est tellement à l'opposé. Alors tant pis, je prends le risque, d’aucun dirait la liberté, de dire ce que je pense et si ça dérange, tant mieux, j’écris pour ça.
On a peur qu'on nous prive de notre sainte liberté, on a peur d'être espionné, mais il faut se rendre à l'évidence, arrêter de se croire unique important, l'hypocrisie a assez duré, nous avons tous été formés dans le même moule, on nous a donné les mêmes tares, les mêmes défauts. Les mêmes objectifs. On pourra dire ce qu'on veut, que le cadre change, que l'éducation n'est pas la même; que la religion diffère, je répondrais que l'être humain reste un être humain.
On nous a donné comme unique but, seul objectif le bonheur. Où est le droit au choix, la liberté ? On estime que c'est ce qu'il y a de mieux mais personne n'arrive à définir le bonheur, il est indétectable qui y a t-il de bien de courir après un objectif inatteignable ?
Selon moi, la liberté n'est pas un moment, ce n'est pas une émotion, c'est un pouvoir, un choix. Il implique des sacrifices. On a beau nous dire qu'on est libre, quelle que soit la prison, elle existe, elle revêt différents noms, prend différentes formes, mais elle est toujours là, oppressante, elle va de paire avec notre humanité. La plus connue de ces prisons, la plus puissante, se nomme Société. Même seul, allongé en forêt, en rêvant : nous ne sommes pas libres. Nos pensées, nos doutes nous en empêchent. La liberté n'est pas humaine, pas rationnelle, elle n'est pas accessible à tout le monde. On pourra dire ce que l'on veut, la liberté, c'est un risque dont il faut savoir assumer les conséquences. C'est un pouvoir dont le prix est lourd et peu de gens peuvent se vanter de pouvoir le payer.
J'ai voulu parler de moments où je me sentais bien en confondant le bien-être avec la liberté mais ce n'est pas la même chose, le bien-être ne prend pas de risque, ne demande pas de sacrifice, la liberté, ce n'est pas ça, la liberté c'est d'avoir le pouvoir de choisir, entre la vie et la mort, la peine et la joie. Ce n'est pas quelque chose de définissable, pas quelque chose de stable, c'est personnel, c'est commun. Je pourrais écrire une thèse dessus et je suis sûre que des gens beaucoup plus qualifiés que moi l'ont déjà fait. Je ne peux pas décrire un moment où j'étais le plus libre, je peux décrire le moment où j'ai pris le droit de faire des choix, non pas entre trois possibilités comme pour les spécialités de cette année mais entre toutes les possibilités que l'univers nous offre et que nous refusons de voir.
Le seul moment où je peux pleinement prendre ces choix, m’échapper de cette prison, c'est lorsque les mots s'échappent de la pression des règles du monde, quand l'imaginaire prend ses droits, quand tout redevient possible. Quand aux frontières entre le rêve fou et le monde réel, on choisit le rêve fou. On va peut être me prendre pour une folle mais je n'en ai cure. La folie est un choix que je fais, un choix qui me rend libre quand j'accepte de prendre le risque et de faire les sacrifices qu’il requiert