Pour l'année
scolaire 2020-2021, les deux questions retenues sont :
- Tous
des oiseaux, Wajdi Mouawad (captation du Théâtre de la Colline, 2019) ;
- Les femmes
dans trois comédies de Molière : L'École des femmes (1662), Le
Tartuffe (1664) et L'Amour médecin (1665).
Ce programme
s'appuie sur les captations de référence suivantes :
- L'École
des femmes, mise en scène de Didier Bezace, Cour d'honneur du palais des
papes, 2001 ;
- Le
Tartuffe, mise en scène de Stéphane Braunschweig, Théâtre National de
Strasbourg, 2008 ;
- L'Amour
médecin, mise en scène de Jean-Marie Villégier et Jonathan Duverger,
Comédie-Française, 2005.
Enjeux
et objectifs
Le programme
limitatif de la classe terminale a une triple visée:
-susciter
une maturation de la réflexion dramaturgique et un approfondissement de
l’expérience artistique autour des questions proposées, qui sont explorées en
classe et sur le plateau dans la durée;
-permettre
un élargissement culturel et théâtral autour de ces objets, par leur mise en
relation avec d’autres textes, théoriques ou dramatiques, avec des spectacles
vus, des captations vidéo, ou d’autres matériaux apportés par le professeur,
l’artiste, ou les élèves;
-intensifier,
sous la double conduite de l’artiste et du professeur et en concentrant le
travail en classe et au plateau, les va-et-vient entre théorie et pratique. Il
s’agit ainsi de favoriser l’autonomie des élèves au plateau et de leur donner
l’occasion de mettre en œuvre leur travail en s’appuyant sur leur compétence
dramaturgique.
·Textes
et représentation: dramaturgie et mise en scène:
Si le texte est une tradition majeure du théâtre
occidental, il ne peut être dissocié de sa représentation, qu’il s’agisse des
conditions initiales de son apparition ou de ses reprises. Le programme de
l’enseignement de spécialité de théâtre en classe terminale ouvre les élèves
aussi bien à la dramaturgie du texte qu’à l’analyse de tous les éléments non
textuels de la représentation et à leur interaction: jeu, architecture
théâtrale, scénographie, et plus récemment lumière, son, vidéo, etc. Il les
amène ainsi à une réflexion sur la dramaturgie comme construction de la
représentation des spectacles. La mise en scène, catégorie esthétique
relativement récente, est abordée dans sa diversité. Lorsqu’une œuvre
dramatique du répertoire est au programme, elle permet d’approcher le théâtre
comme un «art à deux temps»;une telle approche, qui articule le passé au
présent, se révèle particulièrement riche. Les élèves découvrent différents
processus de création et mesurent la diversité du rapport au texte et à
l’acteur sur la scène contemporaine grâce aux spectacles vus qui sont partie
intégrante de l’enseignement de spécialité en terminale et grâce à la réflexion
qu’ils suscitent en classe. Leur pratique de spectateur est donc un point
d’appui essentiel pour penser différentes modalités de dramaturgie et de mise
en scène, de même que leur culture de spectateur est indispensable à l’approche
théorique et pratique des questions au programme.
·Un
art au présent: l a dimension performative:
Contrairement à d’autres arts, le spectacle vivant
produit des œuvres éphémères, qui sont des événements collectifs et partagés.
Les questions mises au programme doivent être abordées de façon à rendre les
élèves attentifs à la singularité et à la spécificité du théâtre comme art «au
présent», art qui met toujours en jeu un contexte social, au sens large, dans
lequel il s’inscrit mais qu’il redéfinit aussi par le partage du sensible qu’il
propose. Cette attention à la dimension performative du théâtre permet de
compléter l’approche esthétique et poétique de la représentation par une
approche anthropologique et sociologique du fait théâtral, qui est
indissociable d’un lieu concret, d’un temps donné, du public auquel il
s’adresse et du sens qu’il prend dans une société.
Selon les questions au programme, la compréhension de cet
aspect performatif permet aux élèves:
-de
mieux analyser les formes théâtrales du passé en les saisissant dans la
globalité de leurs enjeux sociaux, variables selon les époques;
-d’analyser
les spectacles vus sous leurs différents aspects, notamment dans leur relation
au public, de réfléchir à ce qu’ils mettent en jeu dans le monde où ils
apparaissent;
-d’articuler
ainsi passé et présent, en mettant en relation leur expérience vivante de
spectateurs et leurs connaissances d’histoire du théâtre;
-de
relativiser l’apport d’une captation vidéo d’un spectacle en prenant la mesure
de ce qui ne peut y être contenu, notamment la relation d’une représentation à
son contexte et à son public
-de
s’ouvrir, par le théâtre envisagé comme performance, à des enjeux de l’art
contemporain
.·Le
théâtre et les autres arts:
Lié par son histoire à d’autres arts –musique, danse,
peinture, littérature, et aujourd’hui cinéma, vidéo, arts plastiques, arts
numériques...–, aujourd’hui ouvert à toutes les formes d’interdisciplinarité et
d’hybridité, le théâtre offre de multiples passerelles vers d’autres domaines
artistiques. Il a également souvent été, et est encore aujourd’hui, un lieu
particulièrement riche d’échanges entre culture savante et culture populaire. Les
questions au programme permettent aux élèves d’analyser concrètement ces liens,
ces échanges, ces transferts d’un art à l’autre, et d’accéder, à partir de leur
réflexion sur le théâtre, à la compréhension d’autres démarches artistiques, en
pensant leur différence ou leur proximité avec l’art qu’ils étudient.
Dans leur production sur le plateau, les élèves peuvent
également mettre en relation des œuvres ou questions du programme avec d’autres
matériaux artistiques.
·L’archive
théâtrale :
L’iconographie, les témoignages, les recensions
critiques, la photographie, les enregistrements radiophoniques, les écrits des
artistes ont longtemps été les principales sources de documentation pour
accéder à un spectacle du passé: l es questions au programme les sollicitent
nécessairement et encouragent les élèves à les mobiliser.
La vidéo et l’archive
numérique constituent une ressource précieuse pour l’étude du théâtre et le
professeur peut s’appuyer notamment sur les différentes plates-formes
éducatives disponibles. Comme toute archive, cette ressource doit être utilisée
de façon réfléchie: il est essentiel de faire comprendre aux élèves qu’une
captation n’est pas le théâtre –même si elle semble permettre une analyse plus
aisée qu’une représentation réellement vue. L’usage de la captation
s’accompagne donc d’une réflexion sur ce qui ne peut y figurer –par exemple le
sens d’une mise en scène ou d’un spectacle dans son époque –, sur ce dont elle
modifie la perception (jeu de l’acteur, rapport à l’espace, rythme du spectacle,
son, lumière, etc.), ou sur ce qui est exclu ou privilégié par certains choix
vidéographiques. Il est également important que les élèves identifient, pour
les utiliser à bon escient, les différents types d’archives vidéo, produites à
différentes époques et à différents usages (diffusion à la télévision,
captation témoin, teaser, etc.). Sans pour autant devenir spécialistes de
cinéma, ils apprennent à distinguer, dans les grandes lignes, ce en quoi une
réalisation, par ses choix, son montage, ses cadrages, infléchit la perception
d’une représentation .Ainsi introduite et contextualisée, l’archive relative au
spectacle vivant constitue un approfondissement, et pas seulement une
facilitation. Elle initie aussi une réflexion sur la lecture historique d’un
document audiovisuel, sur ce qui y figure et ce qui y manque, sur ce qu’on doit
restituer par d’autres moyens pour comprendre l’événement, sur ce qu’on peut ou
non conjecturer à partir de cette archive. L’attention portée à la façon dont
l’événement théâtral peut être documenté, aussi bien pour le passé récent que
pour les périodes les plus anciennes, fait ainsi plus que jamais partie de la
formation théâtrale.