vendredi 20 novembre 2020

Documents complémentaires pour l'analyse d'Après la Fin de Dennis Kelly


Après la fin Dossier artistique et pédagogique

Vous y trouverez des renseignements sur la scénographie, sur les personnages, sur le processus de création du spectacle que vous avez vu. 


Il est intéressant aussi de jeter un oeil sur d'autres mises en scènes de la même pièce:

 

Petite bio de Dennis Kelly:

Né en 1970 à New Barnet au nord de Londres, il commence à écrire à vingt ans. Son œuvre dramatique affirme le choix de formes en rupture avec le théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony Neilson, Sarah Kane ou Caryl Churchill. Conjuguant le caractère provocateur du théâtre In-Yer-Face et l’expérimentation de styles dramatiques diversifiés, ses textes abordent les questions contemporaines les plus aiguës. Ils sont régulièrement traduits et créés en Allemagne ; en 2009, il est élu Meilleur auteur dramatique par la revue Theater Heute. En France, Débris, paru aux éditions Théâtrales, est lu à plusieurs reprises, notamment au Festival d’Avignon 2008, et créé à la Comédie de Saint-Étienne en 2010. Il est aussi l’auteur du livret de la comédie musicale Matilda, d’après Roald Dahl, et co-auteur des séries télévisées Pulling et Utopia. Ses pièces, L'Abattage rituel de Gorge Mastromas, Love & Money suivie de ADN, Mon prof est un troll, Occupe-toi du bébé, Orphelins suivie de Oussama, ce héros, Débris suivie de Après la fin, sont parues à L’Arche Éditeur.


Qu'est-ce que le "théâtre In-Yer-face"?

C’est le nom donné au théâtre anglais des années 1990, un théâtre d’auteurs, un théâtre de textes violents, crus, vulgaires destinés à mettre le spectateur dans une situation d’inconfort.

EXTRAIT DE LA PREFACE POUR L’EDITION FRANÇAISE DU LIVRE D’ALEKS SIERZ sur cette forme de théâtre:

Alors que les auteurs redevenaient une fois de plus un atout culturel reconnu, c’est pourtant un type bien particulier d’auteurs qui s’est mis à jouir d’une forte influence. Les nouveaux auteurs les plus importants, ceux qui ont changé l’esthétique théâtrale britannique des années quatre-vingt-dix, étaient un petit groupe de contestataires in-yer-face et provocateurs. Ils constituaient une avant-garde qui explorait les frontières du possible au théâtre, et ils ont posé les jalons d’une nouvelle esthétique, plus directe, plus agressive, et plus frontale ; ils ont ouvert toute une série de possibilités pour le théâtre britannique. Ce faisant, ils ont revivifié l’écriture théâtrale, en explorant de nouveaux modes d’expression, et en proposant des expériences osées. Sans eux, l’écriture théâtrale aurait peut-être stagné, et serait devenue stérile.

Dans les années quatre-vingt-dix, le théâtre britannique n’allait pas bien ; ce sont ces auteurs in-yer-face qui l’ont sauvé. Les auteurs les plus provocateurs de la décennie, Anthony Neilson, Sarah Kane et Mark Ravenhill, ont eu une influence qui dépasse largement le nombre de pièces qu’ils ont écrites à ce moment-là, et qui est demeurée forte, en dépit de la qualité parfois inégale de leurs productions. Ils ont transformé le langage du théâtre, en le rendant plus direct, cru et explicite. Ils ne se sont pas contentés d’apporter tout un vocabulaire dramatique nouveau, ils ont également obligé le théâtre à être un théâtre de l’expérience,qui soit plus offensif, afin de faire ressentir les choses aux spectateurs et à les pousser à réagir. Bien sûr, tout théâtre se définit par son lien avec ce que ressentent les spectateurs, mais ce qui caractérisait ce théâtre in-yer-face, c’était son intensité, son caractère délibérément implacable et son attachement impitoyable aux éléments extrêmes.



Les auteurs du théâtre in-yer-face influencés par Antonin Artaud:
Artaud est une référence des auteurs britanniques de la génération in-yer-face.

"Avoué ou non, conscient ou inconscient, l’état poétique, un état transcendant de vie, est au fond ce que le public recherche à travers l’amour, le crime, les drogues, la guerre ou l’insurrection. Le Théâtre de la Cruauté a été créé pour ramener au théâtre la notion d’une vie passionnée et convulsive ; et c’est dans ce sens de rigueur violente, de condensation extrême des éléments scéniques qu’il faut entendre la cruauté sur laquelle il vient s’appuyer. Cette cruauté, qui sera, quand il le faut, sanglante, mais qui ne le sera pas systématiquement, se confond donc avec la notion d’une sorte d’aride pureté morale qui ne craint pas de payer la vie le prix qu’il faut la payer."

Antonin Artaud, Le théâtre de la cruauté, Second manifeste, 1933