a) Livre et Ecriture.
Le livre occupe une place importante dans le spectacle. La première rencontre se fait à la bibliothèque, autour d’un livre. Les livres sont au centre des préoccupations de la doctorante. À la fin, David ne parle plus qu'en chantant. Il cite la Torah.
Son histoire, l’adoption par l’ennemi d’un jeune enfant menacé de destruction rappelle celle de Moïse, racontée dans la Bible.
Les diverses allusions intertextuelles du récit sont autant de signes révélant l’amour des œuvres de Mouawad. Wahida est comme une beauté fatale des 1000 et une nuits, et par son impossible liaison avec Eitan, elle est aussi le souvenir de Roméo et Juliette.
Si on remonte aux sources du livre, il y a l’écriture, l’alphabet. La pièce elle-même opère ce retour aux origines. Lorsque Wahida s’adresse à David, au seuil de la mort, elle énumère les lettres qui composent sa langue maternelle (page 125).
C’est attention portée à l’alphabet et à l’écriture est une trace de l’histoire personnelle de l’auteur qui rejoint le destin de nombreux libanais : « Me sparents appartenaient tous deux à la première génération alphabétisées de leur famille. Mais grands-parents ne savaient ni lire ni écrire, et ce sont leurs parents qui les ont forcés à scolariser leurs enfants. »
Cette importance accordée aux livres et à l’écriture se retrouve dans la représentation, à travers le sur titrage projeté sur les éléments mobiles de la scénographie. Le texte fait partie intégrante du décor.