Notes d'un entretien avec Emmanuel Clolus, scénographe :
Ecriture du texte avant répétitions car il faut traduire le texte pour les acteurs étrangers, fait pour les 2 premières parties mais pas pour les 2 autres, modifications liées au plateau par exemple la fin : d’abord David devait rencontrer un chien de l’autre côté de la petite porte : chien noir, chien de l’angoisse, du cauchemar. Le chien sortait et parlait à David. Possibilité de l’interpréter comme une figure de Dieu, problématique car le chien n’a pas été incorporé dans le reste de l’histoire. Ça ne marchait pas. Le plateau dicte ses règles.
Pb de la multiplicité des langues et de la nécessité de traduire :pas de langue française donc il fallait trouver le moyen de projeter le texte mais éviter le surtitreur en haut ou en bac, car demande au public de choisir entre regarder le jeu et lire. Donc insérer les mots au niveau des acteurs, un peu comme une case de BD : on voit l’image et on lit en même temps. Comment donner un support vertical sans qu’il soit énorme. Il faut aussi rester fluide. Aider le spectateur qui doit lire pendant 4 heures. Véritable challenge. Tests avec des dessins pendant 2 semaines sur l'équipe elle-même, « tennis » : texte côté jardin/ texte côté cour pour un dialogue. Ecarter le texte mais ça rend fou. Interrogation sur la grosseur des caractères, le nombre de phrases, la distance. Enorme travail jusqu’à l’idée conservée du mur par pièces et fragments mobiles.
Au départ se sont interdit de travailler sur l’idée du mur trop évidente : mur entre Israélien et Palestinien., mais idée trouvée par Mouawad en jouant aux kaplas avec son fils. ( très intéressant sur le processus de recherche en création : contraintes, rejet a priori d’une piste, puis retour) c’était le moment où Trump parlait du mur avec le Mexique. Influence de l’actualité. + Mur de Berlin tous les murs que certains essaient de construire d’autres de détruire. Travailler sur le mur en évitant le réalisme donc pas béton mais bois brut. Poétiser le mur quand on lui projette du texte ; cf Graffiti, slogans sur les murs, mais modules de bois peints qui servent à la fois pour l’intérieur et l’extérieur : texte sur les murs= poésie de l’histoire. D’où l’idée de la projection aussi de dessin : graphisme, participer à la narration et emmener à la mer, dans un café, à l’hôpital. A dessiné avec une table traçante, puis dessin scanné et retravaillé. Fait au fur et à mesure des répétitions avec les acteurs. Pas du tout une idée qui existait au départ.
Sur le retour des murs et des frontières :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/les-murs-frontieres-dans-le-monde-present-passe
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Mur-de-separation.html
Maquettes ? beaucoup, plus que le dessin penser en 3 dimensions, en volume. Maquette ne ment pas, respecte les échelles. Plus claires pour le metteur en scène. mais ne rend pas la maquette six mois avant les répéts , souplesse pour pouvoir modifier pendant le travail de création , espace primaire modifiable, transformable.
Espace primaire de Tous des Oiseaux ? un sol. Tout petits murs, toutes petites cloisons à deux mètres du sol. Support et projection lors du 1er labo. Pour les intérieurs scène de repas : cloisons de bois brut qui roulent afin de construire les espaces facilement. Pas la bonne échelle, donc a continué à proposer jusqu’à créer deux murs en bois brut : question de la couleur : un bleu pour éviter le gris du faux béton ?pb d’être toujours confronté au bleu pendant tout le spectacle donc mur neutre plutôt gris pouvait se modifier avec la projection des dessins.
Neutralité qui permet plus de variations : plus classique mais coloré par la narration, rajout de fenêtres avec nuages qui passaient. Sobriété qui permet la poésie. Murs qui deviennent toiles, écriture =geste artistique ( présence de la peinture, des arts plastiques dans l’eouvre de Mouawad) idée de rester au service de l’histoire, pas de porter sa marque de scénographe. Le spectacle est beau quand il est harmonieux et équilibré entre ses participants. Ecriture polyphonique.
Scéno qui participe au rythme de la narration ?: plus ou moins rapide, plus ou moins fluide rapport au temps qui rejoint le rapport aux époques, différents pays aussi. costumes, sons aident également à passer d’un endroit à l’autre sans faire de rideau. Grand défi de se passer de rideau. Gagner en fluidité pour passer d’un lieu à un autre. Mais comment ? importance de l’imaginaire. Distinction entre décorateur et scénographe : changements de décor par acte pris en charge par un décorateur, le scénographe plutôt du côté du glissement poétique auquel le spectateur participe par son imagination. Parfois faire des ruptures pour laver le regard. Besoin de beaucoup de choses au départ pour arriver à pas grand choses à la fin. Plus de dépouillement avec NOrdey ( directeur du TNS) qu’avec Mouawad. Wajdi a besoin d’accessoirisassions alors que Nordey peut s’en passer.( plus centré sur la profération du texte) travail du scénographe= travail de caméléon : glisser d’un univers artistique à un autre.
Nourri pour Tous des Oiseaux par le travail du peintre allemand : Gerhardt Richter : bouquin trouve par Wajdi : simplicité du trait pour un intérieur, mettre une photo de nuage à l’intérieur d’un dessin de mur : piste inspirée par Richter. : mêler les arts.
https://www.gerhard-richter.com/fr/art/paintings/photo-paintings/clouds-8/clouds-window-4914
Sur le peintre Gerhardt Richter : http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Richter/index.html
Beaucoup de nutriments dans l’actualité : NY, Berlin aujourd’hui dessins avec NY et encore les tours. Boites de nuit, beaucoup de dessins qui au final sont devenus la bibliothèque alors qu »au début du travail elle était filmée.
Démarrage du spectacle très inspiré par le début du film de Wenders Les Ailes du désir avec les anges dans la bibliothèque. https://www.youtube.com/watch?v=rnbIZ2o3gWM&feature=emb_title
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Ailes_du_d%C3%A9sir
dessin video mais encore trop réaliste, trop proche du film finalement dessin fixe qu’on a agrandi, après est venue l’idée de l’avancement du mur, donc du décalage du dessin, on mêlait deux dessins. Il ya deux dessins de bibliothèques différents qui se mêlent en fondu enchaîné sur l’avancement du mur. On part de loin pour rapprocher la bibliothèque. On fait comme un zoom.
Murs recto verso et sur roulettes. Première et 2ème partie sur rails dans III et Iv, le mur est libre pour construire d’autres espaces. Avec des angles, des triangles, des emboitements. A chaque fois inventer un autre dispositif où le texte pouvait se projeter, essais de couleur ( vert, rouge, bleu) beaucoup de recherches avant de trouver le positionnement idéal.