Un blog pour les élèves des options théâtre du Lycée Camille Sée à Colmar
mardi 10 novembre 2020
Notes sur un entretien avec Michel Maurer, le concepteur son de Tous des Oiseaux
Concepteur son : Michel Maurer
Fabrique le son pour le spectacle : comment évolue le son depuis le début jusqu’à la fin de l’histoire, quand du silence .
Dynamiser, donner de l 'énergie, focaliser l’écoute pour développer l’imaginaire du public.
Contrepoint, résonance, contradiction : beaucoup d’effets possibles du son au plateau, relations très intimes avec l’histoire racontée, différence avec la lumière qui souvent expose, affiche, le son travaille par en-dessous, ne se remarque pas toujours.
Partition que le régisseur son va reproduire : mais adaptation, mixage en direct en fonction du jeu des acteurs.
Au théâtre tout est mouvance, pas son fixé définitivement comme au cinéma.
Son dans Tous des Oiseaux fait aussi traverser des espaces de guerre mais de façon très économe : moment des avions: controverse dans l’équipe, jugé trop fort par certains, faire peur plus que faire mal à l’oreille : peur =sensation du niveau exacerbé du son, symbole de la violence plus que réalité du passage d’un avion cf stukas de la 2ème guerre mondiale: passages pour faire peur. Enregistrement d’un mirage fait à la base de Strasbourg, retravaillé pour en faire sortir les composantes angoissantes. Guerre juste rappelée à certains moments. Latente avec la situation.
Arrive en répétition avec des sons à proposer à partir de la lecture du texte ( partie 1 et 2): prémix et sons sélectionnés. Travail en collaboration avec Wajdi au plateau. Regard sur la proposition de mise en scène pour y insérer du son ou non. Bouts à bouts de scène et élagage. Même encore à la générale. Variations possibles en fonction de l’intensité de la concentration du public.
Donner quelques signes suffit car les autres composantes du spectacle font aussi leur travail.
Faire exister les choses pour se rendre compte de ce qu’il est important de raconter : difficile de faire simple, fondamental, riche d’une recherche antérieure ( dit la même chose que Clolus beaucoup de matériaux pour arriver enfin à la simplicité.)
Ecriture polyphonique dans laquelle le texte a une part formidable mais les autres éléments s’écrivent en même temps que Wajdi élabore la mise en scène, réécrit le texte etc
Acteurs pas amplifiés, mais dans scène de la fouille au corps de Wahida: micro suspendu à six-huit mètres pour mélanger à une autre acoustique qui donne un effet un peu plus froid, irréel, angoissant. Très très léger.
Changement de lieu suggéré par un changement d’acoustique, mais voix naturelle de l’acteur reste prédominante, seule sa couleur et son timbre sont affectés.
Essais sur d’autres scènes mais pas retenus :sur la scène entre Eitan et David à l’hôpital : cassait la proximité entre le père et le fils ; décalage d’échelle entre voix grossie et émotions ressenties, ne fonctionnait pas. Micro nous éloignait de leur intimité.
Texte déjà très dense, pas la peine de trop d’artifices au plateau, textes écrits pour aller droit et toucher.
Archives pour Sabra et Chatila : travail de montage, éclaircir les archives, garder juste le son et pas l’image. Capacité du son à faire imaginer ce que l’on ne voit pas.
Rôle de contrepoint ? dans 4ème partie petits pianos qui rentrent avec chaque personnage, rythment leur entrée, lorsque David est dans le coma : pianos d’enfants jouent en contrepoint dans une espèce de profondeur mais qui ne rentrent pas directement dans l’histoire : endroit improbable, imaginaire, simplicité de l’enfance. David est comme un enfant qui vient de naître. Repart à zéro, on lui apprend l’alphabet Quand David vient voir le fils à l’hôpital « pardonne-moi », se lève et fait un tour avant de revenir : son qui nous montre qu’on n’est plus tout à fait dans le réel, profondeur,résonance particulière.