Les personnages entre silence et effusion
Pour l’auteur, la question « est-ce que je parle ou est-ce que je me tais » est au cœur de sa création.
« Il est impossible pour les personnages que je crée de parler, dit-il mais il ne leur est plus possible de se taire. Ils sont écartelés entre ces deux impossibilités et, comme tout écartèlement, c’est une torture.Les pièces que je tente d’écrire montrent jusqu’où les personnages sont capables de tenir.
Le tiraillement interne est très net dans Tous des oiseaux, où chaque personnage se voit attribuer un long monologue. Un moment le personnage ne peut plus continuer à se taire et explose, déversant sa parole dans un flux ininterrompu. Ce que l’auteur écrit, c’est une déflagration langagière qui, selon lui, crée un moment de transformation ou tout à coup les choses sortent vers l’extérieur pour devenir une étoile. Sorte de combustion lyrique, le monologue est l’espace possible d’une commotion collective, génératrice d’un lien entre les êtres.
Ce propos donne des indications pour le jeu des longues tirades: les faire jaillir comme si elles avaient été longtemps retenues. faut que ça sorte!
a) Malgré les déchirures, les ruptures, la pièce affirme le lien:
Malgré les chocs, les collisions, la quête artistique de l’auteur et celle du lien. Il s’agit de faire éprouver au public, malgré tout, le plaisir d’être ensemble. Le théâtre s’efforce de recréer une communauté perdue. Si l’auteur cherche à bouleverser le spectateur, le metteur en scène tente d’estomper les ruptures du récit. Il apporte un soin particulier à l’enchaînement des scènes et aux transitions. « Un de mes grands défis dit-il et de savoir comment je vais passer d’une scène à une autre sans que le spectateur se réveille ». Fluidité et transparence telles sont les enjeux de la représentation.
Partage d'émotions, universalité du besoin de se sentir relier aux autres.