mardi 1 décembre 2020

Le personnage d'Eitan par Hanna

 

Eitan.

 

Eitan est l’un des personnages phare de la pièce. Il apparait dans la première scène et on connait alors son attrait pour les sciences. La recherche rythme sa vie, comme nous pouvons le voir dans la troisième scène, où il drague la belle Wahida avec des phrases lourdes de références scientifiques. Cela montre aussi un caractère particulier, qui lui est propre car charmer de cette manière peut sembler complexe. Mais il est dans son élément. Nous retrouvons cet aspect scientifique dans la scène du Seder, moment de la pièce où Eitan veut présenter sa tendre Wahida, arabe, à sa famille juive. Il se querelle avec son père qui refuse que son fils puisse entretenir une relation avec ce qu’il considère comme « l’ennemi ».Ce jeune garçon ne semble pas accorder autant d’importance à sa religion que son père David. Il s’en fiche de perpétuerla tradition et d’avoir des enfants juifs, il aime Wahida, point à la ligne, il serait anéanti s’il la perdait. Son père le prend très mal et Eitan se questionne alors sur le fait qu’un homme aussi fermé d’esprit puisse être son père et il décide de faire des analyses ADN pour élucider la question. Après le diner, il garde les couverts de la tablée et découvre avec stupeur, non pas que son père n’est pas son père biologique, mais que Etgar, son grand père, n’est pas le père biologique de David. Nous avons ici, le cœur du problème qu’expose cette pièce, un problème d’identité. Ce geste va mettre en branle toutes les vies autours d’Eitan et va s’en suivre une quête de la vérité, accompagnée par la famille et les amours. Cette quête va le mener en Israël, aux côtés de Wahida, à la recherche de sa grand-mère Leah, ex-compagne de Etgar. Mais lors de ce voyage, un attentat explose sur le pont Allenby et plonge le jeune scientifique dans le coma. Les personnages se succèdent alors à son chevet, les disputes éclatent, les déclarations d’amour aussi. La chambre d’Eitan devient le théâtre de la vie de cette famille explosée par les origines et la vérité éclate alors que le jeune homme sommeille toujours, dans la scène 15, quand Leah et Edgar lui parlent. On ne sait pas, en tant que spectateur, ce qui se dit lors de cette révélation mais cela va déclencher son réveil et changer jusqu’à sa personnalité pour le reste de la pièce.

Lors de son réveil, 4 jours après l’attentat et seulement 2 jours après cette vérité, la nuit est tombée. Eden, la femme porte-parole et soldate que Wahida a rencontrée lors d’une fouille au corps le jour de l’attentat, passe à ce moment-là et le jeune homme décide de lui parler de cette nouvelle et violente vérité. Il remet alors en cause l’idée que « quarante-six chromosomes » puissent être la clef de toutes les existences possibles. Il remet sa vie, sa passion pour la science en cause. Il sent que tout a changé, rien n’est pareil qu’avant. La génétique ne correspond plus à rien pour lui. Son personnage se transforme à ce point crucial.

Eitan, scène 18, sort de l’hôpital pour se rendre chez Leah, auprès de sa famille. Il laisse sous-entendre que sa mémoire connait la vérité de ses grands parents et qu’il doit en parler, le dire à son père. Il considère qu’il est en droit de le savoir et qu’il ne peut pas rester impassible face à ce secret. Leah, Edgar et Eitan sont alors en désaccord profond. Mais Eitan est face a un dilemme. Il ne sait que faire avec cette information. Il prononce cette phrase « Je fais comment quand je sais ce que je sais et que lui ne le sait pas ? », ce qui montre son désarroi face à cette situation. Il est coupé dans sa réflexion par Eden, venu le chercher pour l’escorter auprès de Wahida, en bord de mer. C’est alors une scène de rupture dans laquelle Eitan est pris, scène 19. Wahida le quitte, lui annonçant que tout a changé, qu’elle assume maintenant ses origines et qu’eux ne sont plus les mêmes. Eitan comprend, il ne lui en veut pas, il lui promet de la revoir et il se séparent, partant dans deux directions opposées.

Scène 20, Eitan est dans un café, avec son père et son grand père. Un conflit éclate alors entre Etgar et son petit fils et ce dernier quitte le café en criant sur son ainé. Pour donner suite à son départ, Edgar annonce la vérité à son fils adoptif. Il lui dit l’avoir recueilli lorsqu’il était soldat et élevé comme son fils. Mais il lui apprend aussi qu’il n’est pas juif, il est palestinien. David se voit alors devenir ce qu’il déteste, un arabe. Il n’est pas juif. Eitan revient après cette annonce violente pour David.

Puis la scène 21 s’en suit. Tous les protagonistes se retrouvent chez Leah et les paroles sont échangées à cœur ouvert. Etgar énonce que pour lui, s’il devait y avoir un sens à l’adoption de David, c’est Eitan, ce sens. Sans cette adoption, Eitan n’aurait existé. Mais Eitan repousse cette idée, il la trouve ridicule et menace de se tuer. Il dit que si sa vie devait dépendre de son aïeul, il ne voulait plus vivre. Ce geste sort David de son état de choc lié à l’annonce. Il parle pour la première fois depuis le café puis s’évanouit brusquement.

Scène 22, la nouvelle tombe, David ne se réveillera jamais. Eitan accuse le coup comme il peut et refuse de parler à son père mort, considérant que les esprits n’existent pas, petit rappel de son esprit scientifique. Il quitte l’hôpital quand Leah demande que David entende de l’arabe, étant en désaccord avec sa grand-mère. Il pense que toute la vie de son défunt père a été volée.

Eitan apparait une dernière fois dans la scène de l’enterrement, et il clôt la pièce. Il y est seul au cimetière, devant la tombe de son père, une pierre a la main. Cette pierre provient du village natal de David et Eitan la dépose sur sa tombe tout en lui parlant de ses propres origines et de celles du mort.

C’est ici que nous voyons l’évolution de ce personnage. En effet, au début de la pièce, Etgar et Eitan étaient plutôt proches et le jeune homme était en opposition à son père mais avec cette fin, nous pouvons constater qu’à présent, Eitan en veut à son grand père d’avoir tuer David et il ne lui adresse plus la parole pour cette raison.

Sa dernière parole est répétée 5 fois et montre la profonde tristesse du jeune homme. Il dit « Je ne me consolerai pas », montrant que la mort de son père ainsi que ce changement radical au long de la pièce l’atteignent fortement et de manière indélébile. Il laisse une grande tristesse planer sur cette fin de pièce, qui resonne presque comme une explosion, semblable à toutes celles des scènes passées.