mardi 1 décembre 2020

En savoir plus sur le Liban, pays d'origine de wajdi Mouawad

 Documentaire sur Arte un pays dans la tourmente

 

Comment le Liban, la "Suisse de l’Orient", a-t-il sombré dans le chaos ? Commentée par ses acteurs et des observateurs, une plongée éclairante dans l’histoire tumultueuse du Liban, pour remonter aux sources du désastre actuel.

En 1917, la France et la Grande-Bretagne se partagent la zone arabe de l’Empire ottoman en ruine, dessinant une carte du Moyen-Orient dont les frontières ignorent la mosaïque de confessions religieuses : chrétiens, druzes, sunnites et chiites… La France, qui a hérité du Liban, transmet à son départ, en 1943, le pouvoir aux chrétiens, à l’époque majoritaires. Dans les années 1960, le Pays du Cèdre connaît une prospérité et une liberté d’expression dont sont privés ses voisins. Mais après la guerre des Six-Jours en 1967, l’afflux au Sud-Liban de réfugiés palestiniens, qui s’organisent sous la bannière de l’OLP, attise les tensions. Dès lors, l’engrenage de la violence, entre attentats, exactions des milices phalangistes et ingérence des puissances étrangères, d’Israël à la Syrie en passant par les États-Unis, l’URSS et la France, précipite en 1975 le Liban dans une guerre civile au lourd bilan : 150 000 morts et un million d’exilés. Minorités, partis politiques et grandes familles s’affrontent dans un imbroglio d’alliances, de retournements et d’enlèvements où s’engouffrent des seigneurs de guerre. Dans un Beyrouth dévasté, les clans mafieux font main basse sur l’économie. C’est un pays atomisé qu’envahit Israël, appuyé par l’armée du Sud-Liban en 1982, jusqu’au siège de Beyrouth, avant l’assassinat du président fraîchement élu Bachir Gemayel, auquel succède son frère Amine. Soutenue par l'Iran, la montée en puissance du Hezbollah, parti politique et milice chiite, renforce, après le retrait d’Israël, le contrôle du territoire par la Syrie de Bachar el-Assad. Laquelle en sera chassée, avec la "révolution du Cèdre", au lendemain du meurtre en 2005 du Premier ministre sunnite Rafiq Hariri, proche de l’Arabie saoudite, qui lui est imputé. Le Liban croit alors renouer avec l’indépendance : une embellie de courte durée.
 
Le piège de la poudrière
Comment le Liban, la "Suisse de l’Orient", a-t-il sombré dans le chaos ? Alors que la double explosion du 4 août dernier dans le port de Beyrouth a remis au jour la gabegie et la corruption de la classe politique qui gangrènent le pays, ce documentaire remonte le cours tourmenté de l’histoire de cette jeune nation à l’identité forgée par dix-huit communautés religieuses. En donnant la parole à ses acteurs, d’Amine Gemayel à des membres des services de renseignement, à des journalistes, dont Thomas Friedman du New York Times et l’ex-otage Terry Anderson, et à des artistes, il montre comment le pays, au cœur des enjeux géopolitiques depuis sa création, s’est retrouvé piégé dans la poudrière du Moyen-Orient. Un éclairant panorama du chaos libanais, entre impérialisme, terrorisme et faillite d’une oligarchie obsédée par ses seuls intérêts.