samedi 23 janvier 2021

Sujet de bac sur les tensions liées au problèmes des langues dans Tous des Oiseaux

 Je vous propose la copie d'Anaïs avec mes remarques pour que vous compreniez comme l'on pouvait traiter cette question:

 

Tous des oiseaux est une pièce écrite par le metteur en scène, dramaturge, comédien, directeur artistique, plasticien et cinéaste libano-québécois, Wajdi Mouawad. C’est une histoire qui traverse le temps, les langues, les origines et se questionne sur l’identité. A travers celle-ci nous faisons face à une quête d’origine.
Nous avons pour objectif d’étudier la scène 10 intitulée « Présentation et Retrouvailles », elle est issue de l’acte II « Oiseau du Hasard », de Tous des Oiseaux. Cette scène porte le nom de « présentation et retrouvaille » puisqu’elle relate la retrouvaille entre David et Leah, qui cette dernière avait rejeté son fils depuis bien longtemps. Ainsi David, présente « sa mère » à sa femme, Norah.Cette rencontre se déroule à Jérusalem au chevet d’Eitan, qui a été victime d’un attentat sur le pont Allenby en se rendant avec Wahida en Jordanie. Cependant, malgré la gravité des événements et la situation critique d’Eitan, les langues qui sont divergentes entre les deux femmes, ne semblent pas échapper à des tensions. En effet, à travers la mise en scène de Wajdi, nous pouvons voir qu’il a décidé de réellement choisir des comédiens qui savent parler les langues d’origines de leurs personnages. Il ne souhaitait pas que la pièce se joue en français, il voulait montrer la diversité de sa pièce, avec notamment les différentes langues représentées tout au long de l’histoire, qui marquent quelque fois des tensions. Cette diversité que l’auteur décide de créer pourrait se référer au mythe de la Tour de Babel.
  Nous pouvons alors nous demander dans quelles mesures la mise en scène de Wajdi Mouawad reflète les différentes tensions entre les personnages par le biais de ces langues étrangères.
Pour répondre à ce questionnement, nous allons retracer l’histoire jusqu’à cette arrivée de David et Norah à Jérusalem. Nous poursuivrons en analysantla séquence de la captation où se rencontre Léah et Norah au chevet d’Eitan pour formuler que la langue peut être la source de problèmes. Puis, pour finir, nous ferons référence à toutes les séquences où la langue marque une tension, ou un problème à partir du texte de Tous des Oiseaux

   Dans cette première partie, nous allons retracer la fable jusqu’à cette scène « retrouvailles et présentation ». 
A travers cette première partie de la pièce, nous apprenons des informations essentielles pour la suite de l’histoire. Tout d’abord nous assistons à la première rencontre entre Eitan et Wahida, ainsi qu’à leur histoire d’amour naissante, qui traverse les scènes. Ainsi au fur et à mesure, nous apprenons à les découvrir.
Mais très vite s’installe le problème de la langue, dès lors de la seconde scène, entre l’infirmière et Wahida, cependant l’élément phare de cette seconde scène, reste l’accident d’Eitan. En effet, à la suite du repas du Seder, se passant à New York, pour qu’Eitan ait l’occasion de présenter sa bien aimé à sa famille, il va être offensé et extrêmement blessé de la réaction de son père, qui rejette tout envie d’accepter Wahida dans la famille, ou même de la voir, à cause de ses origines arabes. Ainsi, Eitan décide de faire des tests ADN, à l’aide des couverts de sa famille, persuadé qu’il n’est pas le fils de David. Mais, il découvre, qu’il est bel et bien son fils, cependant David, lui, n’est pas le fils d’Etgar, le grand père d’Eitan. Ainsi, nous comprenons, à travers les premières scènes, qu’Eitan, est venue en Israël, épaulé de Wahida, pour découvrir ses réelles origines, mais aussi en quête de vérité auprès de sa grand-mère. C’est à la suite de cela, qu’il a été frappé par un attentat sur le pont d’Allenby. La majeure partie de la pièce se déroule au chevet d’Eitan, qui est alité dans un lit d’hôpital à Jérusalem.
A son chevet, Wahida s’y rend constamment. Mais, elle doit également prévenir la famille d’Eitan, c’est pour cela qu’elle se rend chez Leah, la grand-mère du jeune homme, à Jérusalem, pour l’avertir de l’accident de son petit-fils, et ainsi avertir les parents de ce dernier. C’est une mission délicate pour elle, puisque le père de son bien aimé, la rejette pour ses origines arabes, pour sa langue étrangère, et l’accuse même d’entrainer son fils dans la participation à la shoah. Néanmoins, les parents d’Eitan, se rendent tout de même à l’hôpital, et c’est au chevet d’Eitan que David retrouve sa « mère », Leah, et présente sa femme à cette dernière. C’est une rencontre qui mêle tension de par les différentes langues. En effet les protagonistes partagent des langues divergentes appartenant à des peuples qui ont été historiquement ennemis, nous retrouvons du côté de Leah l’hébreux, et celui de Norah l’allemand. David, lui, se partage entre les deux langues. Mais la rencontre est synonyme de tensions également de par l’absence de Leah dans la famille, qui a duré des années, et qui resurgit dans la vie de David. 

     Nous avons vu dans cette première partie, comment Eitan se retrouve dans un lit d’hôpital en Israël. Et nous avons pu introduire que la rencontre entre les parents d’Eitan, et Leah semble poser des tensions. Ainsi, à partir de la captation de Wajdi Mouawad, nous allons analyser dans la partie suivante, comment la mise en scène reflète les tensions causées par le biais des langues étrangères.

 

Dans la seconde partie, nous verrons à partir de l’extrait de la captation de Tous des oiseaux (1.21.40 à 1.26.50), que la mise en scène représente les tensions, qui ont pour source la langue.
      Nous pouvons voir une première tension qui n’est pas due aux langues, mais la mise en scène l’exprime tout de même. En effet, lorsque David et Norah entrent en scène, Leah s’éloigne du lit d’Eitan, et montre peut-être une appréhension de revoir son fils. Et lorsque ce dernier, présente sa mère à sa femme, il ne donne aucune importance à Leah, il ne daigne même la regarder dans les yeux. Ainsi tout au long de la scène Leah est plus au moins éloignée de David et Norah, la seule approche est à la fin lorsqu’elle s’assoit sur la chaise près du lit d’Eitan, et lorsque Norah vient la saluer.

A la suite de cela, s’installe une nouvelle tension entre Norah et Leah. En effet, lors de la salutation, Leah énonce qu’elle déteste tout ce qui est allemand, alors que Norah, est juive et allemande. Ainsi, une tension s’installe lorsque Norah ne rétorque pas, mais regarde son mari, par ce regard, nous voyons l’incompréhension de Norah suite aux propos de Leah, cela l’atteint et c’est alors qu’elle répond froidement par la suite, à l’aide d’un simple « Non ». C’est après que Norah, se verra jouer plus autoritaire, puisque la tension monte en elle, et elle veut absolument savoir pourquoi son fils est venue rendre visite à Leah. Le dialogue s’effectue alors en anglais, pour que tout le monde trouve une commune mesure, cependant lorsque Leah parle à David, son fils, elle lui parle en hébreux, ce qui fait monter une nouvelle fois la tension entre Leah et Norah puisque celle-ci a dit qu’elle ne parlait pas bien l’hébreu. La grand-mère, impose une distance entre elle et Norah, puisqu’elle fait en sorte que seule elle, et son fils puissent comprendre leur dialogue. Cette idée de distance, est également représentée dans la mise en scène, par le fait, comme nous l’avons dit plutôt, que Leah se soit totalement éloignée de David et Norah, à leur arrivée, et que ces individus ne se regardent que très peu pendant la scène, cela montre la tension des parents contre la grand-mère, on ressent comme un mur entre eux, c’est comme s’ils n’étaient pas ensemble, qu’ils jouaient dans des pièces différentes.
Nous voyons également de par la mise en scène, qu’au fur et à mesure de la scène, Norah, s’éloigne de plus en plus, elle marque une distance entre elle et Leah. Et, lorsque Leah parle d’une juive, et d’un palestinien, qui ont été explosés ensemble, car leur famille n’acceptait pas leur passion, une crispation se fait sentir chez Norah. A travers ses paroles, Leah fait allusion à Wahida et Eitan, et marque à nouveau une tension, puisque les parents d’Eitan, tout comme ceux de ce jeunes couples, sont contre leur relation.  Cette tension se définit par le fait que Norah, déjà éloignée de Leah, fini tpar s’asseoir, ce qui pourrait montrer son impuissance face à la situation, mais aussi aux propos de Leah, elle veut échapper à ce que dit cette dernière. Mais elle est aussi fatiguée du fait de la tension créé par la nouvelle de son fils victime d’un attentat, par le voyage pour venir rapidement à Jérusalem. Ce qui fait qu’elle est d’autant plus vulnérable à l’agressivité de Leah. Cela rajoute, une dimension froide et tendue entre ces deux dernières.
La tension entre les personnages peut également se faire ressentir par le choix de la scénographie, c’est-à-dire que les murs sont bleus, ce qui apporte un aspect d’autant plus froid, et augmente la dimension tendue de la scène. Même l’électrocardiogramme, est à l’effigie des couleurs bleus, alors qu’habituellement les couleurs sont plus chaudes, ce qui montre l’enjeu froid de cette discussion qui place Eitan au cœur de ses tensions, puisque cela se fait autour de son chevet d’hôpital, et c’est à cause de son accident, que sa famille se retrouve, et créer un déchirement.

Tu as bien montré que la tension entre les personnages n’était pas seulement liée au fait qu’ils parlent des langues différentes, mais que cela y contribue grandement.

 

   Nous avons pu voir dans cette seconde partie, comment et pourquoi la différence de langue pose un problème, et nous avons appuyé et relié la dimension tendue de la scène, à la mise en scène. Nous allons voir dans la partie suivante les différentes tensions par le biais des langues étrangères, à travers le texte de Mouawad.

Nous pouvons voir que la scène 7, celle du Seder, est une scène forte en tension, pour plusieurs aspects, d’abord celui de la vérité, Eitan annonce l’origine de Wahida qui n’est pas celle attendue par ses parents. Mais aussi par celle de la langue, effectivement les langues sont très représentées, et nous en découvrons plusieurs. Tel que l’allemand, l’hébreux, mais aussi puisqu’il y a une collision temporelle dans cette scène, entre Leah Et Wahida, qui regarde cet épisode du Seder, et se parlent en anglais.
A travers les répliques suivantes nous retrouvons une tension qui se créée : P41 David : « Et tu oses me dire ça dans la langue des bourreaux ! », à cela Norah répond « Norah :  C’est la langue de sa mère, ça n’a rien à voir avec les bourreaux, arrête aussi de le provoquer ! Arrêtez ! ». Eitan échange dans cette pièce des répliques dans la langue de sa mère, l’allemand, ce qui semble déranger son père, et ce dernier va même jusqu’à dire que c’est la langue des bourreaux. David agit peut-être ainsi, car il a été forcé de venir vivre en Allemagne avec son père Etgar, à cause de l’abandon de sa mère Leah qui vit elle en Israël. Il est attaché à l’hébreux, et par le fait qu’il a été obligé de changer de pays, et de s’adapter à une nouvelle langue, son intégration au pays est minime il le rejette, puisqu’il le relie à l’abandon qu’il a subi. C’est pour cela qu’il qualifie l’allemand d’une langue de bourreaux, car il a été blessé, et n’est pas dans l’acceptation, mais dans le déni. ( Ce n’est pas la raison principale : l’allemand est la langue des bourreaux du peuple juif, les nazis qui ont organisé la Shoah et dons la destruction du peuple juif ! Eitan est ainsi doublement accusé par son père de prolongé la Shoah, parce qu’il parle allemand et parce qu’il veut épouser une Arabe et pas une Juive.)
Nous voyons ici l’ampleur que prend la langue, car dans une situation déjà bien tendue, les personnages sont à bout de nerf et relâchent ce qu’ils pensent intérieurement, cela montre que David critique réellement la langue de Norah, l’allemand. C’est pour cela que cette dernière n’hésite pas à répondre à son mari, à se défendre, mais cette scène montre que la langue est réellement un pouvoir pour chacun, les personnages se cachent derrière elle, et chacun se concentre seulement sur leur langue.
Toujours dans la scène du Seder, Eitan avec sa réplique : « Tu entends ce que je te dis ! Je te le dis en hébreu : l’expérience d’un humain sa vie durant n’affecte aucun de ses chromosomes quelle que soit la brutalité de l’expérience ! ». Ici, le jeune homme insiste sur le fait que la langue est importante, puisqu’il précise qu’il le dit en hébreux, dans la langue maternelle de David et d’Etgar, pour que le message soit plus clair, sinon le père, aurait été moins affecté par les paroles de son fils.
La tension est réellement représentée, dans cette scène, car chacun est attaché à sa langue, et a du mal à en découvrir et accepter une nouvelle. Cette acceptation d’autres langues est également représentée dans la scène 11, lorsque le médecin demande : « Parlez-lui un peu dans sa langue maternelle », et que David répond que c’est l’hébreu, alors que la réelle langue maternelle d’Eitan est celle de Norah, l’allemand. Il y a comme une rivalité entre les deux époux, surtout du côté de David, qui prône l’hébreux et « dénigre » l’allemand, cela peut également être signe de tension. Le fait que chacun soit attaché à leur langue, c’est aussi puisque c’est leur langue de naissance, ce sont leurs origines, leurs personnalités, c’est pour cela que chacun souhaite la défendre, et cela amène à des conflits. ( Bien)
David est d’autant plus attaché à l’hébreux, puisque Leah lui a enlevé la langue, en le laissant à Etgar, elle le renie, c’est pour cela qu’elle évoque à la page 93 « Tu apprendras l’allemand. Tu trouveras ta place ». C’est également une scène source de tension car Leah abandonne son fils, elle le rejette et le prive des ses origines et de sa langue maternelle. Cependant, la réelle langue maternelle de David, est celle qu’il rejette depuis le début, qu’il n’accepte en aucun cas. En effet celle-ci est l’arabe :« La langue de sa mère est l’arabe ». Cela prouve que toute sa vie il a été volé de ses origines, et encore une fois cette vérité a causé d’énorme tensions entre la famille, notamment celle de protéger David, en lui cachant la vérité.
Mais c’est aussi la question de la langue et de l’origine, qui a forcé Wahida et Eitan, à se séparer. En effet, Wahida dit que sa place est près de ses sœurs et mères de l’autre côté du mur. Cela ne montre pas une tension, car l’amour entre ces deux personnages est plus fort que tout, et il est encore présent, cela laisse penser à une retrouvaille, cependant la quête de vérité des langues et de l’origine ont tout de même causé une déchirure. 
Nous pouvons voir que les tensions causées par les langues sont réelles et impactent énormément la pièce. En effet elles sont nombreuses, et rythment la pièce, cependant cette dernière n’est pas que source de tension. Bien souvent différentes langues, ou références à des langues sont représentés, sans pour autant créer une tension. Nous pouvons prendre pour exemple la scène 2, Wahida précise qu’elle ne comprend pas la langue mais cela ne crée pas un conflit. De même lors de la scène 15, Wahida explique à Etgar qu’elle ne comprend pas l’allemand, ce dernier reste compréhensif et ne donne pas lieu à une froideur ou une tension, puisqu’il sait que son fils lui aussi est un arabe comme Wahida.
Lors de la scène de l’oiseau amphibie Wazzan parle à David en arabe, lui qui reniait cette langue. Cependant dans cette scène nous retrouvons une bienveillance, puisque Wazzan, cherche uniquement à aider David à s’accepter, avant qu’il ne parte pour de bon, il doit découvrir sa réelle langue maternelle. C’est pour cela que David répond à Wazzan « J’entends dans ta voix la langue de cette mère que je n’ai pas connue. Ta voix comme filet jeté à la mer pour me redonner des fragments anciens. »

 

Pour conclure, nous avons pu voir que les langues qui sont multiple dans cette pièce, peuvent causer des tensions entre les personnages, car chacun a du mal à adopter une nouvelle langue, puisque chaque protagoniste se cache derrières leurs langues, qui se réfèrent à leur origine, et s’attache à cette dernière. C’est pour cela, que Wajdi Mouawad, a décidé de sélectionner des comédiens qui savent pratiquer la langue de leurs personnages. Il voulait montrer cette diversité, mais aussi puisque ce sont les langues et l’origine qui rythment la pièce, cela était donc important que le spectateur découvre plusieurs langues dans ce spectacle. Cela, à poser réflexion à l’auteur, puisque si différentes langues sont représentées et que le spectacle ne se joue pas en français, il faut tout de même que les spectateurs puissent comprendre. C’est pour cela que Wajdi, à décidé de mettre en place des sur-titrages en français. En effet, il décide de projeter la traduction en français, dans le décor, sur un mur placé en fond de scène. Cela permet aux spectateurs, de ne pas sortir du spectacle, et d’être tenue en haleine, il perçoit la traduction, mais il peut également entendre les vraies paroles des comédiens.
Ainsi, pour jouer cette pièce, comme nous avons pu le faire. Nous n’avions pas d’autres choix que de le jouer en français, ce qui marque une énorme différence entre la mise en scène de l’auteur. Cependant je pense que l’écriture de Wajdi, permet de faire cette version, puisque les répliques précisent souvent la langue des personnages, ainsi que de leurs origines, ainsi cela ne gêne pas forcément à la compréhension du spectateur.


Ton amélioration est probante sauf pour l’explication donnée à la périphrase de David « langue des bourreaux « pour désigner l’allemand comme je te l’explique plus haut.