vendredi 19 février 2021

Molière et l'éducation des femmes: conférence de Georges Forestier

 Il est intéressant d'écouter cette conférence pour vous familiariser avec le discours universitaire et sortir d'une vision mythique de Molière.

Molière et L'éducation des femmes

A partir de 1H09, Forestier parle de L'Ecole des Femmes dont le thème de la peur du cocuage commence à partir du Cocu Imaginaire, ancêtre d'Arnolphe.

Il montre que dans les salons on traite de la peur du cocuage et de la jalousie dans un contexte de mariage forcé, arrangé qui fait naître l'amour en dehors du contexte conjugal. Le meilleur garant de la fidélité de la femme était sa vertu, son honnêteté. Comment doit se comporter une femme en proie à l'amour? Un homme jaloux de la galanterie même si sa femme est honnête? L'homme trompé doit-il s'indigner?Voilà des questions dont on parlai mais la délicatesse galante voulait que l'on fasse comme si de rien n'était et surtout pas comme un bourgeois à la Sganarelle qui tempête.Molière a voulu mettre sur scène un sujet qui travaillait son public.

Invention du vers burlesque: mélange de grandiloquence et de trivialité.

Anne-Françoise Benhamou analyse l'Arnolphe de Claude Duparfait dans la mise en scène de Braunschweig comme un Arnolphe BCBG.

Forestier fait le parallèle avec l'Ecole des Maris qui montre qu'une femme que l'on séquestre ne peut rester honnête et souligne l'influence de la pièce espagnole La Précaution Inutile sur L'Ecole des femmes. Ecoutez comment Forestier raconte les emprunts par Molière à cette pièce.(1h27) Puis un peu plus tard la deuxième nouvelle dont il s'inspire, ce qui fait qu'Agnès est aussi complexe, sotte au début et maline lorsqu'elle découvre l'amour: cf"L'amour est un grand maître"comme le dit Horace.

Arnolphe pas un barbon de farce mais un bourgeois rétrograde, très misogyne alors que dans les salons on prône l'émancipation des femmes. Dans les milieux galants, parenthèse féministe.(1H37): on ne recevait pas les pédants, les militaires parlant de guerre, ce sont les femmes qui mènent le salon. Pourquoi les femmes ne peuvent elles apprendre le latin? Pourquoi pas la même éducation que les hommes? donc interrogation sur le pouvoir de la religion qui soumet les femmes aux hommes, père et maris. Dans les salons, on déteste le prosélytisme religieux, la dévotion qui s'oppose à l'égalité homme/femmes. Or Molière écrit pour ce milieu galant, mondain , d'où le premier Tartuffe.Les dévots sont aux antipodes de la civilité galante, par leur hostilité au monde.Dans les salons, modération en tout, pas d'excès, même dans la piété. Elément clé de la civilité de salon: la complaisance, plaire à tous, ce que refusera le Misanthrope, Alceste.(...)