lundi 8 février 2021

Terminales: Séance en distanciel du jeudi 11 février ( préparation): Le Tartuffe ou l'Imposteur, mise en scène Braunschweig

 Regardez la captation de la mise en scène de Braunschweig: Tartuffe en vous intéressant en particulier aux personnages féminins.

Mme Pernelle et Flipotte, Elmire, Mariane et Dorine. ( faites une fiche pour chacun des personnages féminins.)

Article dans Libération dans lequel vous trouverez la distribution de la pièce:

 

Critique

Un «Tartuffe» en pleine descente

par René Solis
publié le 15 mai 2008 à 3h27

Avec Tartuffe, Stéphane Braunschweig clôt les huit années passées à la tête du Théâtre national de Strasbourg (TNS). En janvier 2009, il rejoindra le théâtre national de la Colline à Paris, d'abord comme metteur en scène associé, puis comme directeur à partir de janvier 2010. Sa première mise en scène à Strasbourg avait été Prométhée enchaîné d'Eschyle. Il avait imaginé, autour de l'irréductible héros immobile, un plateau tournant où apparaissaient et disparaissaient les visiteurs, comme si Prométhée, en dérobant le feu, était bel et bien devenu soleil au centre du système.

Huit ans après Prométhée, Tartuffe vient donc clore le cycle, et la scénographie retenue par Braunschweig est tout aussi spectaculaire : cette fois, le plateau ne tourne pas, il s'affaisse. Acte après acte, la maison d'Orgon s'enfonce, jusqu'aux bas-fonds. Naissance et effondrement du système solaire : sans doute ne faut-il pas exagérer la portée métaphorique de ces deux scénographies, l'une fondatrice, l'autre destructrice. Braunschweig n'est pas enflé de lui-même au point de croire qu'il n'y a de théâtre ni avant ni après lui.

Son choix de décor pour Tartuffe traduit plutôt la volonté d'aller creuser dans les fondements : qu'est-ce qui fait que, littéralement, la maison d'Orgon s'écroule ? Comment les protagonistes, qui s'affairent normalement au salon au premier acte, se retrouvent-ils, au dernier, dans une cave aux murs rongés de salpêtre ? Une brève scène muette, donnée en prologue, offre une partie de la réponse : en l'absence du maître de maison et du dévot pique-assiette, la famille ne s'ennuie pas : on baise ou se caresse, tandis que le home cinema diffuse un film porno.

Cela ne dure que quelques secondes, presque une image subliminale - sous la religion, le boxon. Sitôt la pièce commencée, la décence impose sa loi. Claude Duparfait joue un Orgon falot en pull et costume étriqué, VRP en nouveaux testaments et objets pieux, ou évangéliste planté à la sortie du métro derrière son petit étalage.

Un type, en somme, que le désir travaille et terrorise. Le cadeau qu'il rapporte pour Tartuffe - un crucifix géant enveloppé dans du papier de soie - est presque aussi incongru qu'un godemiché XXL soigneusement choisi au sex-shop. La passion d'Orgon pour Tartuffe peut d'autant mieux s'expliquer que celui-ci ne ressemble guère au portrait qu'en fait Dorine (Annie Mercier). «Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille» : Clément Besson, jeune acteur sorti l'an dernier de l'école du TNS, ne possède aucun de ces traits.

Stéphane Braunschweig a d'ailleurs choisi, dans sa distribution, de confronter jeunes comédiens (outre Clément Besson, Sébastien Pouderoux/Damis, Julie Lesgages/Mariane, Pauline Lorillard/Elmire, Thomas Condemine/Valère et Christophe Brault/Cléante) et interprètes confirmés (Claire Wauthion/Madame Pernelle, Jean-Pierre Bagot/Monsieur Loyal). L'assemblage ne prend pas tout à fait. Sans doute en partie parce que Braunschweig rechigne à enfoncer les clous et à trop baliser la piste sexuelle. Reste une tension qui force l'écoute, et l'évidence que si le désir aveugle, sa répression rend fou.